17 octobre 2013 - 00:00
Marie-Claude Morin lève le voile sur sa bipolarité
Par: Jean-Luc Lorry

Absente de la scène politique depuis mi-avril, la députée néo-démocrate Marie-Claude Morin a accepté de se confier au COURRIER en dévoilant sa bipolarité. Une révélation qui explique ces longs mois de silence nécessaires au rétablissement de celle qui représente les intérêts de Saint-Hyacinthe-Bagot à Ottawa depuis mai 2011.

« Je suis atteinte de bipolarité de type 2 et j’ai eu une crise importante ce printemps. J’étais affectée par ce problème de santé mentale depuis longtemps, mais il n’avait jamais été diagnostiqué », annonce avec sérénité, Marie-Claude Morin.

Le trouble bipolaire de type 2, également appelé maniaco-dépression, se caractérise par la combinaison d’une phase dépressive majeure avec une phase d’hypomanie procurant une sensation d’euphorie.« Il y a quelques semaines, j’ai pris la décision de reprendre mes fonctions. Mon état de santé est stable depuis trois mois. Il fallait trouver le bon dosage de médicaments », précise Mme Morin. « Pendant cette période qui fut l’une des plus difficiles de ma vie, j’ai eu la chance de recevoir un bon support de ma famille et de mon équipe de travail », poursuit-elle.Ces derniers jours, la députée fédérale a assisté à quelques activités locales. Elle a fait son retour sur les bancs de la Chambre des communes en assistant, hier mercredi, au discours du Trône.Durant son absence, le député de la circonscription de Drummond, François Choquette avait assuré l’intérim au Parlement et lors de représentations officielles dans le comté de Saint-Hyacinthe. Pour continuer à percevoir son salaire annuel fixé à 160 000 $ Marie-Claude Morin avait dû fournir un certificat médical à la Chambre des communes.

Décision saluée

La décision de Marie-Claude Morin d’annoncer publiquement sa bipolarité est saluée par les organismes de la région oeuvrant en santé mentale.

« Ce geste est très positif. Notre organisme essaye de combattre les préjugés sur les problèmes de santé mentale. Mme Morin assume sa maladie et fait preuve d’un grand courage. Le fait de le dire publiquement apporte une belle contribution à notre société », considère Louis Lemay, directeur général de Contact Richelieu-Yamaska, un centre d’intervention de crise en santé mentale situé à Saint-Hyacinthe. À l’organisme maskoutain Le Phare, qui accompagne l’entourage d’une personne vivant un problème de santé mentale, on applaudit haut et fort cette annonce.« Je trouve cela admirable. Parler ouvertement de santé mentale est malheureusement encore tabou. L’entourage d’une personne atteinte hésite souvent à nous consulter en raison de la honte et du sentiment de culpabilité », mentionne Angelika Brullemans, directrice générale du Phare. Au Québec, 4 % de la population est atteinte de trouble bipolaire. Plusieurs artistes ont annoncé publiquement vivre avec cette maladie comme les humoristes Michel Courtemanche et François Massicotte ainsi que l’auteure-compositrice-interprète Mara Tremblay. L’animatrice culturelle Varda Étienne a même écrit le livre Maudite folle où elle décrit sa maladie.

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