25 janvier 2018 - 00:00
entre les lignes
Mauvaise herbe
Par: Le Courrier

Si on m’avait dit il y a six mois à peine qu’une nouvelle industrie florissante, souterraine et qui a mauvaise presse prendrait racine à Saint-Hyacinthe, j’aurais parié sur le pot. Avec la légalisation prochaine du cannabis, je voyais déjà nos verts pâturages changer de couleur, nos producteurs de serres tourner le dos aux tomates, aux fleurs et aux cactus et l’odeur de chocolat de la Barry Callebaut être remplacée par les effluves particuliers des petits joints. Et j’aurais perdu mon pari.


La nouvelle industrie qui pousse en terre maskoutaine au point de faire de nous une capitale québécoise de quelque chose d’autre que des mangeux de Big Mac est celle des monnaies virtuelles, mieux connues sous le nom de cryptomonnaies, de style bitcoins et autres. Ce n’est pas une blague.
Une mine de bitcoins de l’entreprise Bitfarms prolifère chez nous dans une certaine clandestinité. Nous n’avons pu la visiter encore, mais la demande a été placée auprès des responsables. À voir les rares images qui circulent des lieux, elle se trouve dans un vaste entrepôt d’un parc industriel local où des rangées d’étagères qui portent encore des étiquettes de Rona ont été alignées.
Sur ces étagères, on retrouve des dizaines de petits ordinateurs qui minent des bitcoins, stockent des transactions et exécutent de complexes calculs.
Savoir que Saint-Hyacinthe est une destination prisée des cryptoentrepreneurs n’est pas nécessairement une bonne chose. Cela signifie que nous avons de grandes surfaces de plancher disponibles dans nos parcs industriels. Et comme ces entreprises sont d’abord technologiques et autonomes, elles n’embauchent pratiquement personne. Et comme la valeur de ces monnaies est hautement volatile, il en est de même pour ces entreprises qui profitent de l’électricité abondante et bon marché pour s’installer au Québec.
Faut-il s’inquiéter de la situation? Disons qu’il faudra peut-être avant longtemps resserrer les usages et certains règlements d’urbanisme afin d’éviter que prolifère comme de la mauvaise herbe dans nos parcs industriels bondés ce type d’entreprise à faible valeur ajoutée.

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