10 octobre 2013 - 00:00
Héros du jeudi
Mélody Roy
Par: Maxime Prévost Durand

Pour écrire l'histoire de son club sportif à seulement 15 ans, on se doit d'être un athlète hors pair, avec ce petit quelque chose qui nous rend unique. En participant au camp de sélection de l'équipe canadienne de nage synchronisée 13-15 ans, Mélody Roy a réalisé un exploit qu'aucun membre des Vestales n'avait réalisé en plus de 25 ans d'existence.

Tes performances de la dernière saison t’ont menée jusqu’au camp de sélection de l’équipe nationale. Avec le recul, quel bilan fais-tu de cette saison?

Je vois cette saison comme le point fort de ma carrière jusqu’à maintenant. En nage synchro, comme dans n’importe quel sport, il y a un moment où on se développe très rapidement et l’an dernier, j’étais exactement dans cette période. Lorsque je suis arrivée dans les niveaux élites, je devais constamment me battre contre des filles toujours plus fortes et plus vieilles que moi, tandis que cette saison, j’ai été dans la bonne catégorie au bon moment.

Comment as-tu vécu ce camp de sélection?

Ce fut un gros stress. Je partais là-bas sans mes parents, j’habitais chez des gens anglophones, donc je devais toujours parler anglais. Ce n’était pas toujours évident! C’était une expérience complètement différente de ce que j’avais vécu jusqu’à maintenant. Les entraîneurs sont tous très expérimentés, c’est la crème de la crème qui est là. Encore là, ils ne parlent qu’en anglais, donc j’ai dû apprendre plein de nouveaux termes rapidement. Nous étions seize filles, les meilleures du pays, et chaque jour on se poussait pour aller encore plus loin. Je suis un peu déçue de ne pas avoir fait l’équipe, mais je vois cela comme une expérience très enrichissante qui va m’être bénéfique cette année, surtout que je change de catégorie d’âge en montant chez les juniors.

Dans quel état d’esprit entames-tu la nouvelle saison?

Mon objectif d’ici la fin de la saison est de faire partie d’Équipe Québec à nouveau, mais je suis consciente que j’arrive dans une catégorie où je suis la plus jeune, contre des filles beaucoup plus expérimentées. Je devrai mettre les bouchées doubles, surtout que les figures (nos éléments techniques) ont changé, comme c’est le cas tous les quatre ans. C’est un nouveau défi technique pour la prochaine saison.

Tu es appelée autant à nager en solo, en duo et en équipe. Quelle formule te plait davantage?

J’adore faire des duos. Cette année, j’en ferai avec Abigaëlle Dalpé-Castilloux et on a tellement une belle chimie. C’est ce que j’aime des duos, la chimie et la complicité entre les deux nageuses. Ça prend encore une plus grande complicité qu’en équipe. Dès qu’une fille se trompe, ça parait automatiquement, il n’y a pas place à l’erreur.

La plus grande force d’une nageuse?

L’autonomie. Par exemple en sport-études, on n’a pas beaucoup de temps avec l’entraîneur. Ce sont des minutes très précieuses. À l’extérieur de cela, on s’entraîne seuls avec nos plans. Il faut être capable de se motiver, ne pas paresser. Si on voit que notre routine n’est pas à point, on la travaille à la maison avec des landrills (l’équivalent de la routine hors de l’eau). Il faut être capable de cibler nos points faibles et les travailler par soi-même.

Le côté artistique est très important dans cette discipline. Comment l’exploites-tu dans la vie?

L’an dernier, j’ai fait un peu de cirque aérien, avec le cerceau, le trapèze et le ruban. J’ai arrêté durant la période de compétition de nage synchronisée pour éviter les risques de blessures. On voit souvent le cirque comme un art, mais c’est également tout un sport. J’ai trouvé ça tellement exigeant physiquement, mais à la fois très artistique. Outre ça, je ne fais pas d’autres activités artistiques.

Tu es inscrite en sport-études à l’école Fadette. Comment le programme t’aide-t-il dans ton cheminement?

Avec les Vestales, nous n’avons pas énormément d’heures de pratique chaque semaine. Le fait d’avoir le sport-études aide beaucoup, ça ajoute près de dix heures d’entraînement par semaine. De plus, nos enseignants sont compréhensifs lorsque nous devons partir en compétition. Ils nous fournissent nos devoirs et la matière à voir pendant notre absence. Le fait d’être dans un programme sport-études permet cette compréhension des enseignants que l’on n’aurait pas nécessairement en étant au régulier.

Comment as-tu commencé à pratiquer la nage synchronisée?

J’ai essayé plusieurs sports aquatiques. Pour ma mère, c’était extrêmement important que j’apprenne à nager tôt. Elle avait appris sur le tard et elle avait eu très peur. J’ai donc essayé la natation en premier, mais faire des longueurs, ça ne m’allumait pas trop. Après j’ai pratiqué un peu le water-polo, mais je jouais avec des plus vieux, donc ce n’est pas ce que j’ai préféré. Au même moment où j’avais mes cours de water-polo, il y avait les cours de nage synchronisée et ça m’a donné le goût d’essayer. Voilà maintenant 10 ans que je pratique ce sport.

Ton modèle / idole?

Mon entraîneuse, Valérie Welsch. Tout ce qu’elle a fait m’inspire. Elle me raconte des anecdotes des fois et je me demande comment elle a fait pour passer au travers de tout ce qu’elle a traversé. De plus, elle étudie en médecine vétérinaire et c’est aussi ma vocation. Je souhaite étudier dans ce domaine aussi, donc je me sens encore plus près d’elle. Je ne dis pas nécessairement que je veux me rendre jusqu’au centre national olympique comme elle l’a fait, mais j’ai la volonté de me pousser constamment pour aller plus loin comme elle l’a fait.

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