1 août 2013 - 00:00
Mise à jour
Par: Martin Bourassa

Ce n’est décidément pas l’été des trains.

Les incidents impliquant des convois ferroviaires semblent se multiplier au cours des dernières semaines. Difficile de dire si le constat est réel ou seulement une impression, mais j’ai la nette certitude que nous y sommes plus sensibles.Nous le public. Nous gens des médias.L’été 2013 a bien mal débuté sur les rails avec la tragédie de Lac-Mégantic et ses 47 victimes. Pour les amateurs d’histoire et de statistiques, c’est une victime de plus que l’incendie du Collège Sacré-Coeur de Saint-Hyacinthe en janvier 1938.Jusqu’au 6 juillet, les historiens parlaient encore du drame maskoutain comme étant le second plus meurtrier de l’histoire du Québec moderne, après l’incendie survenu à la salle communautaire de Chapais en janvier 1980 et ses 48 morts. L’accident d’autobus dans la région de Charlevoix en octobre 1997 a fait 44 victimes.Voici faite la triste et macabre mise à jour du palmarès québécois des catastrophes.Pendant que le Québec tout entier peinait encore à se remettre de ses émotions à l’égard de Mégantic, l’écho de drames ferroviaires en France faisant six morts le 12 juillet et surtout de cet autre encore plus récent en provenance d’Espagne ont fait leur chemin jusqu’à nous. Un train circulant à trop grande vitesse a entraîné dans la mort quelque 79 passagers près de Saint-Jacques-de-Compostelle.Puis, en début de semaine, on a encore retenu notre souffle en apprenant les premières bribes d’information relatives à une collision frontale entre deux trains régionaux en Suisse romande. On a fait état d’un mort confirmé et de 35 blessés.La série noire des incidents ferroviaires n’en finit plus. Les experts prétendent même qu’il faudra s’y faire, voire s’y résigner, vu la popularité grandissante du train de passagers en Europe et du train de marchandises au Québec.Au Québec, on nous confirme que les convois n’ont jamais été si nombreux et si longs sur nos rails. Et si dangereux. Surtout lorsque l’on s’attarde au contenu des citernes et des wagons qui serpentent autour de nos villes et campagnes et qui circulent dans nos centres-villes. Compte tenu de ce que nous savons maintenant, il est permis de se demander si le récent débat sur le prolongement du boulevard Casavant à Saint-Hyacinthe et la valse-hésitation entourant le choix d’un tunnel ou d’un passage à niveau susciteraient autant de controverse si la décision avait dû se prendre en 2013.J’espère que malgré l’investissement majeur qu’il commande, plus personne n’osera remettre en doute la pertinence de l’option retenue, à savoir la construction d’un tunnel à quatre voies, du moins en ce qui concerne l’aspect sécuritaire de la chose.Si l’idée de limiter les entraves et les traverses était déjà bonne l’an dernier, elle l’est encore bien davantage depuis que l’on a pris la mesure du degré de dangerosité des trains. Bon, un tunnel n’élimine en rien les convois dangereux et les risques de catastrophe à la Mégantic, mais il réduit cependant le potentiel d’accident propre aux passages à niveau. D’un même souffle, les autorités maskoutaines devraient profiter de la sensibilité accrue des politiciens en regard des préoccupations de sécurité dans les transports pour remettre sous les projecteurs le passage à niveau de l’autoroute 20 à la hauteur de Saint-Hyacinthe. Ce n’est pas d’hier que le caractère inédit et dangereux de ce passage à niveau fait sourciller et craindre le pire.Et vous savez quoi? Le pire arrive parfois.À la lumière de cette évidence, ne devrait-on pas chercher par tous les moyens à corriger cette situation? La tragédie de Mégantic aura été comme un éveil populaire.Reste à savoir si le réveil politique suivra. Si les réflexions et révisions promises depuis quelques semaines auront des suites rapides, logiques et pertinentes.J’ai dans l’idée que nos politiciens suivront seulement si la pression populaire reste bien présente. Si nous, le public et les médias, ne passons pas à autre chose.

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