« Je suis au bord de la ruine. En raison d’une nouvelle norme HACCP (système de gestion pour garantir l’hygiène des aliments), je dois fermer mon usine et nourrir 100 000 cailles sans être capable de les vendre », déplore Eduardo Estrela, propriétaire de Nutri-Cailles.
Fondée en 2003, cette entreprise se spécialise dans l’abattage et la transformation de cailles et de poulets de Cornouailles.
Eduardo Estrela est propriétaire d’un abattoir à Sainte-Hélène-de-Bagot et d’une usine d’emballage et de transformation de volaille à Acton Vale.
Selon M. Estrela, cette fermeture qu’il espère temporaire a provoqué la mise à pied de 45 employés. Curieusement, l’édition 2014 de notre Guide des 200 plus grandes entreprises de la MRC des Maskoutains indiquait que Nutri-Cailles ne comptait plus que quatre employés sur les 55 recensés en 2013.
« L’agrément a été suspendu parce que l’exploitant (Nutri-Cailles) n’a pas été en mesure d’élaborer, maintenir et appliquer son système HACCP tel qu’exigé au Règlement sur l’inspection des viandes, d’assurer la qualité de l’eau, d’effectuer une ventilation efficace et de contrôler la vermine », peut-on lire dans un communiqué publié à la mi-septembre par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).
Cette suspension n’est accompagnée d’aucun rappel d’aliments. Selon l’ACIA, l’établissement ne pourra reprendre ses activités avant d’avoir mis en oeuvre toutes les mesures correctives requises et qu’un inspecteur de l’Agence en soit satisfait.
Cette entreprise n’est pas la seule oeuvrant dans le secteur de l’abattage de cailles à ne pas être conforme. La Ferme de gibier El Rancho située à Saint-Edouard a aussi vu son agrément être suspendu. L’ACIA a écrit dans un communiqué diffusé début juin que cette entreprise ne répondait pas aux exigences du Règlement sur l’inspection des viandes notamment en ce qui concerne l’assainissement des équipements, le refroidissement, l’entreposage, la formation du personnel, la tenue des registres et l’hygiène générale.
Conflit avec l’assureur
Les ennuis de Nutri-Cailles ont commencé en mai 2009 lorsque l’usine de transformation d’Acton Vale a été la proie des flammes.
Selon le propriétaire, cet incendie était dû à un filage électrique défectueux reliant l’un des trois fours utilisés par l’entreprise.
Après expertise du sinistre, la compagnie Intact Assurance avait dédommagé l’entrepreneur. Jusqu’à ce jour, la compagnie a versé à ce dernier un montant de 937 000 $.
Selon la compagnie d’assurance, l’indemnité versée à l’assuré correspondait au dommage que le feu avait causé au bâtiment et à son contenu ainsi qu’aux frais supplémentaires engagés par le propriétaire à la suite de l’incendie.
Comme cette indemnité avait été jugée dérisoire par Eduardo Estrela, celui-ci avait déposé une poursuite de 8,1 M$ en Cour supérieure.
Dans un jugement rendu le 3 septembre 2014 et dont LE COURRIER a obtenu copie, la cour avait forcé Intact Assurance à lui remettre une somme supplémentaire de 10 000 $.
Deux jours plus tard, la compagnie d’asssurance avait adressé une lettre au Tribunal pour demander une rectification du jugement. Cette demande fût reçue positivement et a provoqué l’annulation du versement de 10 000 $ au propriétaire de Nutri-Cailles.
Insatisfait de cette décision, M. Estrela a décidé de porter son dossier devant la Cour d’appel du Québec.