13 février 2014 - 00:00
Recyclage d'huiles usées
Odeurs incommodantes à l’usine normande de Total Veolia
Par: Jean-Luc Lorry

Spécialisée dans le recyclage d'huiles usées, l'usine Veolia de Saint-Hyacinthe n'est pas la seule installation du genre à générer des odeurs incommodantes. Une usine comparable en France appartenant conjointement à Veolia Propreté et à Total Lubrifiants a connu elle aussi à son démarrage des ratés similaires à celle située dans le parc industriel Théo-Phénix, a appris LE COURRIER.

Inaugurée en avril 2013 et construite dans la zone industrielle du Havre à proximité de la raffinerie de Normandie, l’usine Osilub a la capacité de traiter jusqu’à 120 000 tonnes d’huiles usées par année (la moitié des huiles de moteur récoltées en France).

« Des odeurs désagréables et importantes avaient été perçues aux alentours de cette usine de recyclage pendant trois ou quatre mois après son démarrage. Heureusement, la direction de l’usine avait réussi à corriger le tir », indique Jean-Paul Lecoq, maire de Gonfreville l’Orcher, la municipalité où sont situées les installations d’Osilub.L’usine française de Veolia produit une huile de base recyclée, le Vacuum Gas Oil (VGO) ainsi qu’une pâte bitumineuse destinée aux toitures. La majeure partie de la production de l’usine Osilub est ensuite traitée par la raffinerie Total située à proximité.En plus du problème d’odeurs, M. Lecoq mentionne aussi que le système informatique d’origine avait fait défaut et avait dû être entièrement remplacé.« Récupérer des huiles usagées est important, mais il faut demeurer intransigeant sur les questions environnementales », soutient M. Lecoq. Celui-ci explique qu’avant que cette usine de recyclage s’implante dans sa municipalité, il y avait eu une enquête environnementale. Une mesure qui semble incontournable en France lors de l’implantation d’usines.« Comme maire, j’avais proposé des réunions publiques pour informer la population. Cela n’était pas obligatoire, mais c’est une question de culture pour moi. Les citoyens ont ainsi pu poser les questions avant que cette usine soit implantée dans la zone industrielle », précise M. Lecoq.Rappelons que le projet de construire à Saint-Hyacinthe une usine de recyclage d’huiles de moteurs, qui s’est avérée être une petite raffinerie, n’a pas été soumis à la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement. Ce projet piloté localement par l’équipe du CLD Les Maskoutains fut uniquement présenté aux élus lors d’un comité plénier sans faire l’objet de la moindre séance publique d’informations.Ainsi, après obtention de plusieurs permis délivrés par le ministère de l’Environnement, Veolia avait pu se lancer librement dans la construction de son usine sans que ce projet à caractère pétrochimique fasse l’objet d’un examen par le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE).Interpellé depuis presque un mois sur le sujet, le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet n’a toujours pas rappelé LE COURRIER pour nous expliquer comment Veolia a réussi à construire une raffinerie sans aucune étude d’impact environnemental.

Odeurs perceptibles

À l’usine Veolia de Saint-Hyacinthe, les odeurs incommodantes provenaient des évents de réservoirs de produits asphaltiques. À la suite de plaintes déposées à la Ville, le Ministère a exigé que des correctifs soient apportés par l’industriel.

« Certains matins, des odeurs sont encore perceptibles, mais c’est bien moins important qu’avant », constate Luc Longpré, contrôleur chez les Emballages Maska, une entreprise voisine de Veolia sur l’avenue Pion.« Nous avons bon espoir que les solutions mises en place aux endroits prévus répondent à nos exigences. Des tests seront effectués selon l’échéancier pour en mesurer l’efficacité », assure le porte-parole de Veolia Canada, Pierre Trudel.

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