20 mai 2021 - 14:14
Olivier Martineau : faire oublier le quotidien…par le quotidien
Par: Maxime Prévost Durand
Olivier Martineau a enfin pu reprendre la tournée de son spectacle Parfa, qui avait été lancé à peine quelques semaines avant le début de la pandémie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Olivier Martineau a enfin pu reprendre la tournée de son spectacle Parfa, qui avait été lancé à peine quelques semaines avant le début de la pandémie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’humoriste Olivier Martineau venait tout juste de lancer son nouveau spectacle, Parfa, lorsque la pandémie a frappé. Un an plus tard, il le retrouve avec plaisir et surtout avec un seul but en tête : ne plus penser, le temps d’une soirée, à la situation difficile des derniers mois.

« La grande force de ce show-là, c’est que je fais oublier le quotidien en parlant des petites choses et des petits malheurs du quotidien. Je pense que c’est l’adage de quand on se compare, on se console. Il y a toujours pire. Dans le spectacle, j’évoque quand même qu’on vit une période anormale, mais on réussit somme toute à en rire », confie-t-il dans une entrevue accordée au COURRIER la semaine dernière lors de son passage au Centre des arts Juliette-Lassonde.

Celui qu’on peut entendre le matin à la radio d’Énergie remontera d’ailleurs sur la scène de la salle Desjardins la semaine prochaine, le 26 mai, puis à deux reprises en septembre, signe que la machine est enfin repartie.

« C’est drôle parce que c’était un show prémonitoire. Quand j’ai sorti ce show-là il y a un an – je pense que j’ai fait 10 shows avant que ça pète -, je disais que la fin du monde arrivait et que les bactéries allaient nous envahir. Je parlais déjà de quarantaine. Je faisais le lien entre moi qui vais avoir 40 ans et être en quarantaine. C’était drôle quand ça surprenait, mais maintenant que ça fait partie de notre vie, il n’y a plus personne de surpris, donc on passe vite. »

Même s’il s’agit d’un nouveau spectacle pour Olivier Martineau, la pause forcée par la dernière année l’a amené à « réajuster le tir » parce que son regard envers son propre spectacle a changé.

« Il y a des morceaux qui ont été enlevés, d’autres qui ont été ajoutés. Il y a des sujets desquels je parlais il y a un an qui, rendus dans le contexte dans lequel on est, ne sont plus d’actualité ou ne nous sortaient pas de ce qu’on vit. Je cherche à divertir d’abord, donc j’ai enlevé des bouts. »

Bien que le titre du spectacle soit Parfa, ce sont plutôt les imperfections qui alimentent Olivier Martineau. Le trentenaire évoque beaucoup son vieillissement et le changement de décennie qui le guette, un passage qui ne l’enthousiasme pas particulièrement. Cela l’amène à jeter un regard sur les autres générations, plus jeunes et plus vieilles, qu’il n’hésite pas à critiquer à sa façon, avec un humour grivois.

« Tout le monde passe au cash et moi aussi. Je suis le dindon de ma propre farce, dit-il. Au final, on se rend compte que mon analyse de la société, je la fais avec un regard complètement déconnecté. »

Disant « pourfendre les blagues salaces et salées », Olivier Martineau ne se censure pas dans ce spectacle et n’a pas peur de choquer, y allant même d’un avertissement aux oreilles plus sensibles en début de spectacle.

« Si tu fais humoriste pour plaire à tout le monde, ça veut dire que tu es beige. Et beige, en humour, c’est la pire couleur que tu peux avoir. Je préfère polariser, soutient-il. Je sais que j’ai des fans et des détracteurs. Je ne fais pas ce métier pour être aimé de tous, même si je veux faire rire le plus de monde possible. Je suis acide dans ce que je fais et je l’assume. »

Selon lui, il devrait encore être possible de rire de tout. « Dans les dernières années, on s’est rendu compte qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait plus dire. Il y a des gens, des groupes et des sujets desquels on ne peut plus parler et, tranquillement, on a ouvert une boîte de Pandore. Il y a un moment où il faut dire que c’est assez. »

image