6 avril 2017 - 00:00
« On n’a plus de murs, mais le Collège existe toujours »
Par: Maxime Prévost Durand
Les Sœurs Thérèse Doyon et Édith Lavoie se souviennent de la grande solidarité au sein de toute la communauté à la suite de l’incendie. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les Sœurs Thérèse Doyon et Édith Lavoie se souviennent de la grande solidarité au sein de toute la communauté à la suite de l’incendie. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les Sœurs Thérèse Doyon et Édith Lavoie se souviennent de la grande solidarité au sein de toute la communauté à la suite de l’incendie. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Les Sœurs Thérèse Doyon et Édith Lavoie se souviennent de la grande solidarité au sein de toute la communauté à la suite de l’incendie. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Malgré la douleur qui les a habités le 7 avril 1992, les sœurs et les employés du Collège Saint-Maurice rencontrés par LE COURRIER gardent surtout les souvenirs positifs de cette épreuve à laquelle ils ont été confrontés.


Certes, il y a eu des sentiments de tristesse et d’impuissance alors que le triste spectacle se déroulait sous leurs yeux. « On était à l’avant du Collège et on essayait d’éteindre le feu avec nos larmes », image, encore le cœur gros, Sœur Édith Lavoie, directrice des services pédagogiques à l’époque.

L’élan de solidarité qui en est ressorti a toutefois mis du baume sur la plaie de toutes ces personnes touchées par l’incendie. « Les sœurs nous ont tout de suite rassurés et dit que le Collège allait renaître, se souvient Hélène Leblanc, enseignante en 1992 et aujourd’hui directrice des services pédagogiques. On nous a dit : “On n’a plus de murs, mais le Collège existe toujours”. Et c’était vrai. Les gens ne comptaient pas leur temps, tout le monde voulait participer au renouveau. »

Daniel Paradis, responsable des finances au CSM à ce moment et aujourd’hui directeur des services financiers, abonde dans le même sens. « Tout le monde a été touché. Des éditeurs nous téléphonaient pour savoir si on avait besoin de manuels. Entre le feu et la reprise des classes, il y a eu un travail colossal qui a été réalisé. »

Les responsabilités étaient réparties à travers tous les membres du personnel afin de revenir en classe le plus tôt possible. « Une équipe cherchait du mobilier, une autre cherchait des livres », raconte Sr Lavoie. Mme Leblanc se revoit quant à elle encore en train de dérouler des tapis au Pavillon des Pionniers, où des locaux temporaires avaient été aménagés, afin que les élèves ne soient pas directement sur le plancher de ciment.

« C’est le beau côté d’un sinistre, poursuit Sr Lavoie. S’engager autant, c’est incroyable. On n’a pas eu le temps de s’apitoyer. C’était important de se relever et de continuer. » Tous les efforts ont porté leurs fruits alors que les quelque 700 jeunes filles qui fréquentaient le Collège Saint-Maurice ont pu poursuivre leurs études comme prévu, en conservant les mêmes classes et les mêmes professeurs, jusqu’à la réouverture du nouvel établissement en septembre 1993.

Ce jour-là reste un souvenir tout aussi émotif que la journée de l’incendie pour Mme Leblanc. « Même si plus rien ne ressemblait à l’ancien collège, on se disait qu’on rentrait chez nous. On revenait à quelque chose de solide et qui allait rester », se remémore-t-elle, ne pouvant retenir quelques larmes.

« Quand on est revenu au Collège, on ne sentait pas qu’on était dans un “après-épreuve”. On avait le sentiment que c’était déjà reparti », ajoute M. Paradis.

La générosité de la communauté a également porté les sœurs qui habitaient la Maison-mère. Des personnes se sont même rendues dans des commerces de la rue des Cascades pour leur trouver des produits essentiels comme une brosse à dents, une jaquette et des bas de nylon.

Devant le drame qu’elles venaient de vivre, où elles ont tout perdu, les autres communautés religieuses de Saint-Hyacinthe leur ont aussi tendu la main. « J’ai vécu un an et demi dans un immeuble des Sœurs de Saint-Joseph, raconte Sr Lavoie. Je me souviens que lorsque je suis arrivée, une soupe chaude m’attendait. »

Pour les quelque 150 religieuses sinistrées de la Maison-mère des Sœurs de la Présentation de Marie, il aura fallu attendre jusqu’en février 1994 pour rentrer au bercail, dans un édifice complètement nouveau.

« Ça a été une adaptation, souligne Sœur Thérèse Doyon, qui était à l’époque directrice des pensionnaires du CSM. Au début, on cherchait un peu ce qu’on avait perdu. » Malgré la grande perte au niveau patrimonial, elle voit presque une part de chance dans cet incendie avec le recul. « Nous sommes revenues dans des chambres plus grandes, plus adaptées, plus confortables et avec plus de services », se réjouit-elle.

Aujourd’hui, près de 140 sœurs habitent à la Maison-mère des Sœurs de la Présentation de Marie, tandis que 580 élèves fréquentent le Collège Saint-Maurice.

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