10 août 2017 - 00:00
Affaires municipales
Ovation de boue
Par: Martin Bourassa

Je rentre à peine de vacances, frais et dispo à l’approche d’une saison automnale qui s’annonce chaude et mouvementée à Saint-Hyacinthe, élections municipales du 5 novembre obligent. Déjà, une certaine frénésie est palpable en ville.
Ce niveau d’excitation autour de l’hôtel de ville maskoutain est cependant propice à certains dérapages et débordements. À ce stade-ci, il serait bon d’inviter les candidats potentiels et les activistes politiques du centre-ville à bien mesurer la portée de leurs propos et interventions. Il y a une différence énorme entre la critique virulente dans une tribune libre sur des décisions controversées et le colportage d’allégations ou d’insinuations gratuites et sans fondement.
Une citoyenne s’est ainsi présentée lundi soir devant le conseil de ville de Saint-Hyacinthe pour informer le maire Claude Corbeil qu’elle avait formulé une demande d’enquête sur l’administration municipale de Saint-Hyacinthe au cours des quatre dernières années auprès de la Commission municipale du Québec. Rien de moins!
Cette dame suggère à la Commission de se pencher sur nombre de décisions prises par les élus, que ce soit dans le dossier du centre de congrès municipal, du projet Réseau Sélection, des horodateurs, de la refonte du site Internet, de l’achat du terrain pour l’OMH, de l’image de marque, etc. Elle se demande si l’intérêt personnel du maire ou de certains conseillers (qui ne sont pas nommés) n’aurait pas pu influencer leur indépendance de jugement et s’ils n’auraient pas pu faire preuve de favoritisme, de malversation, d’abus de confiance ou d’autres inconduites. « La gestion des fonds publics du maire Corbeil, son manque d’écoute et son attitude méprisante (!) envers les citoyens nous amènent à douter de sa compétence, voire même de son intégrité et à craindre pour l’avenir de notre ville », écrit cette citoyenne.
Voilà des allégations graves et sérieuses. Ces allégations, puisque c’est de cela qu’il s’agit, sont de nature à ternir la réputation de gens et d’une administration municipale qui ne le méritent pas. L’extrême prudence est de mise quand on s’aventure sur un terrain aussi vaseux et glissant que celui-là.
Pour l’ensemble des faits énumérés dans cette demande d’enquête, je n’ai vu aucune décision administrative ou politique qui ne se défendait pas. Et certainement rien d’illégal ou de contraire à l’éthique ou à la déontologie en matière municipale. J’y ai vu par contre tous les éléments d’un programme électoral et de quoi animer d’intéressants débats entre candidats à la mairie lors de la campagne. Mais pour l’essentiel, ce n’est pas à la Commission municipale de revoir et de sanctionner tout ce qui s’est fait à Saint-Hyacinthe depuis quatre ans.
Cet examen appartient d’abord et avant tout aux Maskoutains et Maskoutaines qui auront à choisir un maire et onze conseillers le 5 novembre.
Le bilan du conseil en place depuis 2013 n’est pas parfait, c’est vrai. Celui du maire Claude Corbeil non plus et il n’a jamais prétendu le contraire. On ne peut nier qu’il a dû apprendre son travail à la dure et qu’il n’est pas le plus habile communicateur qui soit, mais on ne peutpas remettre en cause sa compétence, son engagement à servir le bien commun et son intégrité. Libre aux gens d’apprécier ou non son style et ses façons de faire. Tout comme sa volonté de mener de front et rapidement un paquet de dossiers complexes. Trop rapidement peut-être puisque des citoyens peinent à suivre. Dans le dossier Réseau Sélection, qui accentue également le niveau d’excitation de bien du monde en ville, il faut également modérer certaines ardeurs.
Les opposants à la construction d’une tour de 15 étages en plein centre-ville ont raison d’être fiers du dépôt d’une pétition de 2500 noms réclamant un moratoire et une véritable consultation publique. Cette récolte est significative, mais elle n’ébranlera en rien les convictions des élus. Si l’idée de ralentir le tempo n’est pas mauvaise, on voit mal ce qu’une consultation publique donnerait de plus pour l’instant. On connaît les irritants au projet et il faut laisser à la Ville le soin de les régler. Une fois les solutions connues, nous serons en mesure de les évaluer.
Le flou artistique actuel entourant la mise en application de la Loi 122 risque aussi de retarder le début des travaux prévus d’ici la fin de l’année. Le moratoire souhaité risque donc de s’imposer de lui-même et de s’étirer au-delà de l’actuelle campagne électorale. En passant, elle est bel et bien commencée!

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