22 mai 2014 - 00:00
Papilles de fantaisie
Par: Martin Bourassa

Nous sommes à exactement quatre mois de la prochaine édition du Rendez-vous des papilles, la grande célébration du terroir maskoutain.

L’organisme fait beaucoup parler de lui par les temps qui courent et pas nécessairement pour les bonnes raisons. Dans un monde idéal, la préparation de la onzième édition ne devrait être qu’une simple formalité, tout comme le recrutement des exposants et des commanditaires et partenaires. On devrait marcher sur des sentiers battus et profiter de l’expertise acquise depuis dix ans. La machine devrait être rôdée au quart de tour et fonctionner avec un minimum d’encadrement. Mais il n’en est rien.À quatre mois des festivités, on peine encore à mettre en place une équipe de direction et à donner une certaine stabilité à cette structure chambranlante, maintenant placée entre les mains de la Chambre de commerce et de l’industrie.Le problème avec cette foire agroalimentaire, ce sont les attentes que l’on a placées en elle au fil des ans, le fameux toujours plus haut, toujours plus loin. Principalement, il s’agit d’une activité locale et régionale comme il y en a des dizaines au Québec. On devrait donc voir la réalité en face et s’en contenter.Penser qu’elle peut attirer des dizaines de milliers de visiteurs sur une seule fin de semaine est irréaliste. Une bonne dizaine est plus sensée, dans la mesure où l’activité phare de Saint-Hyacinthe l’été restera toujours l’Exposition agricole, puis dans un autre créneau les Beaux mardis de Casimir qui ont acquis une certaine notoriété régionale.Pour donner du coffre et de l’envergure au Rendez-vous des papilles, les organisateurs se sont un peu excités et emballés. Se faisant, ils se sont écartés. Ils ont voulu lui greffer une activité culturelle d’envergure et ont mis à contribution l’expertise et la démesure du Théâtre de la Dame de coeur à Upton. L’idée de doter la Ville de Saint-Hyacinthe d’une activité culturelle de grande envergure à l’image de ce qui existe à Trois-Rivières, Saguenay ou Shawinigan était certes intéressante.Mais le concept des Fantaisies du marché, une méga production de 1,7 M$, ne tenait tout simplement pas la route. J’ai du mal à croire qu’il ait fallu investir 80 000 $ dans une étude de faisabilité pour se convaincre que l’idée était vouée à l’échec.C’était pourtant l’évidence même et je l’aurais démontré pour 0 $.Présumer que l’on pourrait convaincre une majorité de marchands de bloquer tout le centre-ville et de ceinturer le Marché public trois soirs par semaine pendant huit semaines l’été tenait de la fabulation pure et simple, du délire. Et je ne parle même pas du défi titanesque de réunir 1,7 M$ pour donner vie au concept qui consistait à projeter des images sur des toiles blanches dressées tout autour du marché.Déjà qu’on passe le chapeau pour une campagne de promotion municipale, imaginez un peu la réaction des gens d’affaires du milieu si on les sollicitait en plus pour faire danser des échassiers habillés en cuisiniers au centre-ville!!!Au lieu de pelleter des nuages, les responsables du Rendez-vous des papilles devraient vite revenir sur le plancher des vaches et se concentrer sur l’essentiel : la mise en valeur de nos produits du terroir par le biais d’une activité festive, conviviale, rassembleuse à dimension humaine et essentiellement régionale.

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