9 juillet 2015 - 00:00
Parlons déchets
Par: Martin Bourassa

Les temps changent.

Il y a quelques années à peine, l’octroi des contrats de collecte de matières résiduelles tous les cinq ans suscitait les passions chez nous. Bon peut-être pas de grandes passions, disons plutôt un intérêt certain. Il faut dire que la question des déchets a toujours fait couler beaucoup d’encre à Saint-Hyacinthe.

Si notre ville est aujourd’hui une pionnière de la biométhanisation, elle a longtemps été dans le peloton de queue en matière de collectes de déchets. Ce n’est qu’en 1997 qu’elle a finalement « municipalisé » la collecte, au terme de débats épiques autour de la table du conseil municipal. Bernard Barré, un des plus ardents promoteurs de la municipalisation, en aurait certes long à dire sur les jeux de coulisses qui ont marqué le milieu des années 1990 à l’hôtel de ville. L’octroi du premier contrat de collecte « municipale » à un seul entrepreneur, en l’occurrence la firme Camille Fontaine, avait été surveillé de près et même salué dans la mesure où il tombait entre des mains dites locales. C’était il y a un peu moins de 20 ans. Beaucoup de déchets ont été ramassés dans nos rues depuis, et l’Industrie des déchets a changé de visage. Les firmes locales ont été avalées par de plus gros joueurs. La firme Camille Fontaine est passée dans le giron de Enviro-Viridis (Novacap) en 2012. Puis, Services environnementaux Richelieu (SER) de Vincent Boulay, qui avait supplanté Camille Fontaine pour le contrat de collecte de la MRC des Maskoutains de 2011 à 2015, a elle aussi perdu sa saveur locale lorsqu’elle a été achetée par BFI Canada, un géant nord-américain.

Cette perte d’identité locale explique peut-être la relative indifférence qui a marqué l’octroi du contrat 2016-2020. Sachez que seulement trois joueurs ont répondu au récent appel d’offres de la Régie intermunicipale d’Acton et des Maskoutains. Ce sont les sociétés Matrec, Camille Fontaine et Entreprise sanitaire F.A, filiale de BFI. Et c’est F.A, qui a obtenu le contrat par une infime marge de 200 000 $ par année sur le second soumissionnaire, soit Camille Fontaine. On comprend donc que le prochain contrat se fera dans la continuité du contrat actuel, car il reste dans la même famille (BFI).

La bonne nouvelle, c’est que dans l’ensemble, le jeu de la concurrence permet une fois de plus à la Régie de s’en tirer à bon compte. Le contrat de 30 M$ sur cinq ans est un peu plus cher que le précédent, mais il demeure moins élevé que celui qui a eu cours sur le territoire entre 2006 et 2010. Pas de choc tarifaire en vue.

C’est donc l’esprit en paix et le coeur léger que le directeur général de la Régie, Réjean Pion, pourra se consacrer à d’autres dossiers en développement.

Au niveau de la collecte de déchets, il y a certainement moyen pour la Régie d’être un peu plus proactive qu’elle donne l’impression de l’être présentement, elle pour qui le quotidien semble être un long fleuve tranquille. Nous sommes heureux d’apprendre qu’elle envisage enfin d’étendre l’offre de services pour les multilogements.

En matière de récupération et de recyclage, il y aurait peut-être des pistes à explorer au niveau commercial ou industriel où les pratiques environnementales ne sont pas toujours exemplaires. C’est aussi avec satisfaction que nous apprenons qu’elle compte accélérer le processus de transfert de l’écocentre de Saint-Hyacinthe, un dossier qui est dans ses cartons depuis trop longtemps.

Espérons qu’elle trouvera enfin le moyen d’offrir un service plus adéquat en ce qui concerne les horaires d’ouverture et les contraintes imposées qui limitent les visites à une seule par jour, pour domper 3 mètres cubes de détritus. Encore heureux que les préposés aient à l’occasion le loisir d’user de leur bon jugement. Nous les saluons.

Car Saint-Hyacinthe est peut-être une référence au niveau de la valorisation des matières organiques, mais pour ce qui est de rendre ses écocentres accessibles en semaine ou à longueur d’année par exemple elle a encore des croûtes à manger et supporte très mal la comparaison avec des villes de taille comparable.

Il y a sans doute matière à réflexion en vue du déménagement.

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