15 juillet 2021 - 07:00
Pensionnats autochtones : réflexion personnelle
Par: Le Courrier

Comme êtres humains, nous sommes tous partie prenante de l’humanité. Notre histoire est marquée de beaucoup de souffrance, dont les causes sont multiples. Comme bon nombre de Québécois et de Canadiens, je suis issu d’une famille métissée, soit de sang amérindien et européen.

Comme fils de colon, du nord du Québec en Abitibi, la vie n’a pas été de tout repos. Né dans une famille pauvre de douze enfants, au nord du 49e parallèle, chacun devait contribuer à la survie de la famille. Sans eau courante, le chauffage au bois, du matin au soir… Beau temps mauvais temps, il faut lutter, ne pas lâcher si nous voulons contribuer à la progression et à l’évolution de notre société.

Je ne vous cache pas que je n’oublierai jamais les cinq mois que j’ai passés avec mon père dans un camp de fortune à Miquelon, sur le chemin de Santerre- Chibougameau. Il m’est alors arrivé d’envier le sort des Amérindiens à cet endroit. Ces Amérindiens ont vécu la vie des pensionnats. Mes deux petits frères et moi avons vécu dans un orphelinat de Lauzon, chez les sœurs du Bon Conseil, en 1950-1951. Eux ont gardé des séquelles, nous aussi.

Dans la vie, si nous voulons progresser, il faut faire la paix avec son passé : autant que faire se peut, il faut en arriver à développer un sentiment de reconnaissance envers l’État, envers les communautés religieuses dont certains membres ont parfois fait des erreurs, mais surtout envers l’ensemble des membres qui ont bénévolement consacré leur vie pour les malades, l’éducation des enfants et la prise en charge des orphelins et des personnes âgées. Voilà ce qui a forgé notre passé. Peut-on en être fiers? Pour moi, c’est oui, pour d’autres, c’est non. De toute manière, il faut l’assumer.

En ce qui concerne les excuses demandées, je laisse aux personnes concernées d’évaluer leur pertinence ou pas, d’une part. D’autre part, à mon avis, un sentiment de reconnaissance envers ses parents et les autres nous apporte une plus grande sérénité que la haine et la vengeance. La vie m’a appris qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Comme catholiques, notre modèle est Jésus de Nazareth, celui que l’Église catholique est venue nous faire connaître… aux Premières Nations, au nouveau monde…

À l’époque où les pensionnats existaient encore, j’y ai donné huit ans de ma vie chez les Oblats de Marie Immaculée, dont la mission est de servir les plus pauvres. En ces temps, toutes les communautés étaient pauvres et toutes leurs énergies étaient mises à soutenir toutes les missions. Le temps est venu de se serrer les coudes, de se donner la main pour bâtir le monde nouveau…

Qui que tu sois, où que tu sois, quel que soit ton nom, ton âge, ta race, ta langue, ta religion, ton pays, souviens-toi que dans toute vie, il y a un temps pour recevoir, puis un temps pour donner; un temps pour être blessé et un temps pour guérir et s’engager.

Je lance un appel pressant aux gens : du nord au sud, de l’est à l’ouest. On aime parler de « communauté », mais n’oublions pas que nous sommes tous, avant tout, des citoyens du monde et devenons, pour 2025, DES NATIONS UNIES.

Louis-Georges Desgagné, prêtre, diocèse de Saint-Hyacinthe

image