16 février 2012 - 00:00
Petite histoire de la raquette maskoutaine (5)
Par: Le Courrier
Gérard Côté à Montréal peu avant de réaliser son record du monde en janvier 1938. Collection François Côté.

Gérard Côté à Montréal peu avant de réaliser son record du monde en janvier 1938. Collection François Côté.

Gérard Côté à Montréal peu avant de réaliser son record du monde en janvier 1938. Collection François Côté.

Gérard Côté à Montréal peu avant de réaliser son record du monde en janvier 1938. Collection François Côté.

Le maître de la raquette

Ce bref survol de 100 ans de raquette à Saint-Hyacinthe se termine aujourd’hui avec l’apport du coureur Gérard Côté dans cette discipline. Si Gérard Côté est reconnu pour ses exploits en course à pied, il ne faut pas sous-estimer la complicité qu’il a entretenue avec les raquetteurs pendant une bonne partie de sa carrière. En signant des performances dignes de mention, il a donné une grande visibilité à cette discipline.

Il faudrait des recherches plus poussées pour découvrir à quel moment débutent les courses de 10 milles/16 kilomètres présentées sous l’égide de l’Union canadienne des raquetteurs. Ce que l’on sait par contre, c’est que Gérard Côté a couru une telle distance en raquette pour la première fois en 1937. Avant cela, il réalisa de bonnes performances sur 4,8 km (3 milles).La tenue du coureur diffère du traditionnel costume des raquetteurs. Plutôt que d’enfiler le capot en laine du pays, la ceinture fléchée, les grands bas de laine et la tuque à pompom, les coureurs portent de longues « Penmans » sous leur culotte courte. Ils chaussent des mocassins et enfilent un chandail de laine aux couleurs de leur club respectif. C’est avec cette tenue que Gérard Côté remporte une course de 8 km (30 tours du marché) le 12 mars 1933 à Saint-Hyacinthe. Deux semaines plus tard, il récidive à la même place. Mais la température douce a fait fondre la neige et les athlètes courent en mocassins. La course en raquette possède ses propres exigences et l’effort à fournir est beaucoup plus grand. Lors de la course en raquettes du 12 mars, il réalisa un temps moyen de 5 min 22 s au kilomètre, tandis qu’en mocassins, il abaissa son temps à 3 min 15 s par kilomètre.

Le maître de la raquette

Avant de connaître de grands succès en course à pied, Gérard sera reconnu comme un as de la raquette. À partir du milieu des années 1930, il prend part aux activités des congrès ou semi-congrès comme un digne représentant de l’Infatigable. Sur 37 courses de 19,2 km et moins en carrière, il obtient la première position à 21 reprises.

Le 30 janvier 1938, il réalise une performance exceptionnelle à Montréal en signant une victoire sur 16 kilomètres. Les 23 concurrents inscrits à cet événement qui se déroule autour du parc Lafontaine, doivent courir sur des rues glissantes qui ne sont pas enneigées! Gérard réalise un temps très rapide de 1 h 03 min 46 s et il inscrit un record du monde! Plus tard, il affirmera avoir toujours rejeté ce titre prétextant que seulement les Canadiens et les Américains de quelques états du nord participaient aux différentes compétitions. Pour les dirigeants de l’Union canadienne des raquetteurs, cette victoire est prometteuse puisqu’ils délèguent le champion lors d’une importante compétition à St-Paul, Minnesota. Accueilli en héros, Gérard établira une nouvelle marque pour la distance de 12,8 km.Plus que tous autres, les dirigeants de l’Union canadienne des raquetteurs saisissent rapidement l’impact de la victoire de Gérard Côté au marathon de Boston en 1940. Après tout, le vainqueur détient le titre de champion du monde de la raquette! Le lendemain de la course, Raoul Charbonneau, secrétaire-trésorier de l’Union, envoie une missive teintée d’un certain patriotisme à Urbain Jutras, président de l’Infatigable : « Gérard, tu as prouvé que les Canadiens français sont des athlètes avec une ténacité extraordinaire; nos félicitations répétées », affirme Charbonneau qui ne manque pas de souligner que cette victoire rejaillit sur le sport de la raquette. Deux jours plus tard, il adresse une autre lettre particulièrement intéressante à Jutras. Il lui fait la remarque que l’Infatigable doit faire tout son possible pour que les raquetteurs soient mis à l’avant lors de la fête que les Maskoutains préparent à leur champion. D’ailleurs à Montréal, lorsque Gérard débarque du train en provenance de Boston, des raquetteurs sont présents en grand nombre et ce sont eux qui hissent le héros sur leurs épaules. Après la Seconde Guerre mondiale, le coureur délaissera peu à peu la raquette. En 1947, il organise le premier Marathon de Saint-Hyacinthe qui sera couru en raquettes lors des trois premières années. Vers la fin des années 1940, les courses d’endurance disparaîtront et les nombreux clubs de raquetteurs du Québec teindront plutôt des marches forcées. Les beaux jours des courses en raquette étaient maintenant chose du passé.

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