18 octobre 2012 - 00:00
Pierre Boulos sous les projecteurs
Par: Le Courrier
C’est par un heureux hasard que Pierre Boulos s’est vu offrir les rênes de la franchise maskoutaine de Canadian Tire, il y a 14 ans, alors qu’elle avait connu des débuts décevants. Du coup, Saint-Hyacinthe a gagné un entrepreneur impliqué.

À la tête de la Fondation Bon Départ depuis un an, Pierre Boulos peut compter depuis quelques semaines sur les joueurs de hockey professionnels pour ajouter à la cagnotte annuelle de la bonne cause, grâce à la tournée qui sillonne le Québec en ces temps de lock-out. Un bon départ pour le nouveau président.

Réglons d’abord une chose : comment doit-on prononcer votre nom?

(rire) Moi je ne prononce pas le « s » à la fin de Boulos, parce que c’est la façon dont nos parents nous l’ont appris. Mais la vraie prononciation, c’est Boulos, en prononçant le « s ». Mon père est né en Égypte, d’un père libanais. Arrivé au Québec, il était vendeur sur la route et à chaque fois qu’il allait en région, il passait pour un « immigré », à cause de son accent européen et à cause de son nom. Un jour, il a vu le nom Duclos, un nom dont on ne prononce pas le « s » à la fin, et c’est là qu’il a décidé de changer la prononciation de son propre nom. Moi, j’ai appris ça juste vers 13 ou 14 ans, alors j’ai gardé la façon « québécoise » de le dire.

Maintenant que le conflit de travail dans la LNH permet à la Fondation Bon Départ d’amasser des fonds, vous ennuyez-vous autant du hockey à la télé?

Ce sont Bruno Gervais et Maxime Talbot qui ont pensé à nous, sans qu’on les sollicite. Je les en remercie sincèrement. La Fondation permet à des enfants défavorisés d’aller au camp d’été et de pratiquer leur sport préféré. Je crois que les gars ont trouvé chez nous des valeurs qui les rejoignent. Cela dit, je suis un partisan dans l’âme. J’ai des billets de saison avec deux confrères. Moi aussi j’ai rêvé d’être un joueur du Canadien de Montréal et de scorer un but dans un septième match de la finale de la coupe Stanley. Ce que Bruno Gervais et Maxime Talbot font pour la Fondation, c’est tellement apprécié, mais pour Monsieur et Madame Tout-le-monde, le hockey de la LNH, c’est une religion, c’est le rêve. C’est important que ça reprenne!

Le débat sur le prolongement du boulevard Casavant pour faciliter l’accès entre Douville et le nord de la ville prend beaucoup de place à Saint-Hyacinthe. L’accès au pôle commercial du boulevard Martineau n’est pas facile non plus. Qu’espérez-vous comme aménagement lorsque votre tour sera venu?

J’aimerais que la rue Martineau débouche de l’autre côté, qu’elle se prolonge comme une voie de desserte en suivant l’autoroute jusqu’à la sortie 128. C’est important pour la sécurité. Lorsqu’il y a un accident à l’intersection du boulevard Laframboise et de la rue Martineau, on ne peut plus sortir du stationnement. Moi, ça fait 14 ans que je suis ici et ça fait 14 ans que j’entends parler du problème d’accès. On s’est fait promettre tellement de choses, mais rien n’a été fait pour régler le problème. C’est un peu comme si on nous disait : vous avez voulu aller vous construire là, maintenant vivez avec ça.

On reconstruira aussi le viaduc du boulevard Laframboise qui surplombe l’autoroute 20. Craignez-vous de perdre des clients?

Pour la construction du viaduc, je ne demande qu’une chose, c’est que l’on maintienne la circulation sur le viaduc pendant les travaux. C’est important pour tous les commerces, au nord comme au sud de l’autoroute. Au Canadian Tire, on amorce des rénovations à l’extérieur et à l’intérieur. Quand tu fais un investissement de 800 000 $ et que la réponse n’est pas là parce que tout est fermé pendant six mois…

Comment réagissez-vous à la fermeture annoncée du Zellers des Galeries?

On vit avec la compétition et la compétition nous rend meilleurs. Le Walmart à côté, je ne veux pas qu’il s’en aille. Ça prend du monde, de la circulation! La fermeture de Zellers, ça ne me laisse pas indifférent. C’est dommage de voir une autre entreprise canadienne partir. Et, à travers tout ça, ça fait un paquet d’employés qui doivent se replacer. Selon moi, le plus important, c’est de s’assurer qu’on ait tous les commerces nécessaires en ville – que ce soit Zellers, Target, Walmart, Rona ou nous autres – pour ne pas avoir de fuites commerciales. Il ne faut pas que les gens aillent ailleurs pour trouver plus de choix. Que j’aie plus de compétition demain parce qu’il y a un Target, c’est correct. C’est à moi d’être meilleur et de faire ma job.

On dit que l’arrivée au pouvoir du gouvernement péquiste fait peur aux hommes d’affaires. Où vous situez-vous dans le débat politique?

Je ne suis pas péquiste. J’ai été élevé « libéral ». Cela dit, aujourd’hui, je ne pense pas que les libéraux ont fait le travail qu’il fallait faire. Moi ce que je déplore, c’est de faire payer la génération future pour les gaffes qu’on aura faites. Je crois qu’il est temps d’arrêter de dépenser et de rêver. Quand tu regardes la situation financière et que tu n’arrives pas, faut que tu coupes quelque part! Il est temps de donner un coup de barre dans la province. Est-ce que ça me dérange qu’un homme qui est un peu plus aisé paye un peu plus? Je n’ai aucun inconvénient avec ça, si je sais que ça va être bien géré à l’autre bout et que le gouvernement va faire sa part.

La question à laquelle vous auriez aimé répondre.

Spontanément, ce qui me vient à l’esprit, c’est « De quoi je suis le plus fier? » Et ce dont je suis le plus fier, c’est ma vie en général, à commencer par ma famille, mes trois enfants, ma femme et mon mariage. On a plein de rêves quand on est jeune. On se met des objectifs et on veut avancer. Je suis fier de ma famille et ma famille, ce sont aussi mes employés. J’ai atteint un bel équilibre. Quand je parle d’équilibre. Moi, je suis croyant et pratiquant de religion catholique. Je mets tout dans les mains du Seigneur, mais je ne m’attends pas à ce qu’il fasse tout pour moi. Je suis le proverbe « Aide-toi et le ciel t’aidera ». J’ai confiance en la vie et la vie m’a choyé.

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