6 mars 2014 - 00:00
Plaisir solitaire
Par: Martin Bourassa

J’ai une petite confidence à vous faire : je me suis amusé comme un petit fou lors de la conférence de presse conjointe de la Ville de Saint-Hyacinthe, du CLD Les Maskoutains et de la Cité de la biotechnologie. Un vrai fun noir, qui ne semble pas avoir été partagé par les acteurs principaux de cette rencontre.

Il s’est dit beaucoup de choses au cours de cette grosse demi-heure où j’anticipais qu’il serait question des mesures concrètes qui seront mises de l’avant en matière de gouvernance tant au CLD qu’à la Cité. On raconte qu’on se prépare à réduire de moitié la taille du conseil d’administration et que l’on placerait à la tête du CLD un homme d’affaires au lieu d’un élu municipal. Il n’en fut rien, hélas.On a simplement voulu dire publiquement que ces organisations sont préoccupées par tout ce qui s’est écrit et se dit en ville à propos de ces organismes et qu’elles ne se tournaient pas les pouces, loin de là, afin d’améliorer leurs façons de faire.Pour le prouver, la Ville et la Cité ont commandé des avis juridiques pour définir le statut juridique de la Cité. La MRC a demandé une vérification sur le suivi budgétaire des sommes versées au CLD et ses organismes apparentés. Une analyse qui sera faite par la firme de vérificateurs externes dont relèvent ceux de la Cité et du Centre de développement pharmaceutique. Pour obtenir « un regard neuf », comme le dit si bien le directeur général de la MRC, et pour la crédibilité de l’exercice, on repassera. Oui, il s’est dit beaucoup de choses en point de presse, dont des énormités.Je retiens particulièrement les réponses données par la présidente par intérim du conseil d’administration du CLD, Francine Morin, et le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, sur le profil du candidat idéal pour présider le CLD. Invités à dire s’ils voyaient un élu ou un représentant du milieu des affaires à ce poste stratégique, ils ont tous les deux mentionné que cela n’avait pas trop d’importance. Ils ont répondu « peu importe », en disant s’attarder à l’expérience et l’expertise du prochain président. À cet effet, j’aimerais profiter de cette tribune pour les inviter à poursuivre leur réflexion.Comme le CLD est un organisme éminemment public et très largement financé par des fonds qui le sont tout autant, dont en majorité ceux de la Ville-centre, il ne devrait même pas venir à l’idée des administrateurs actuels du CLD de placer un homme ou une femme d’affaires à sa tête, un candidat issu du secteur privé. Ce serait d’ailleurs contraire aux conclusions du rapport Nicolet-Jutras sur les MRC. Ce dernier recommandait fortement que la présidence des CLD revienne au maire de la Ville-centre dont la part de financement est plus élevée que celle des autres municipalités.On a déjà une Cité financée en partie par des fonds publics, qui se comporte en entreprise privée, alors imaginez un peu ce qu’un CLD pourrait devenir si on portait à sa tête une personne qui n’est pas rompue aux bonnes pratiques de saine gestion publique, de reddition de comptes, de transparence et de bonne gouvernance dont on est en droit de s’attendre de tout organisme paramunicipal ou public.L’indépendance du prochain président par rapport à la direction générale du CLD doit aussi être absolue. Et à cet effet, il est difficile de trouver chez nous des gens d’affaires qui n’ont jamais profité des services ou de l’argent du CLD via ses programmes et ses fonds comme le FLI-Solide, ou qui ne sont pas en position d’en avoir besoin.Comme les élus sont imputables, ça vient avec la job, un prochain président issu du secteur municipal « pourrait » plus facilement poser des questions délicates et demander des comptes à la direction générale. C’est écrit au conditionnel bien entendu, car l’ancien président du CLD, le maire Claude Bernier, ne semblait pas trop intéressé, du moins ces dernières années, à faire son travail de bon chien de garde au CLD.Si vous voulez un bon compromis, et comme le maire Claude Corbeil n’entend pas se porter candidat à la présidence, ce candidat parfait pourrait bien être le conseiller de la Ville de Saint-Hyacinthe, Alain Leclerc, un élu du peuple qui gagne sa vie comme agent manufacturier. En plus d’avoir la tête et le profil de l’emploi, il est conseiller de la Ville-centre, il connaît bien les rouages du CLD et de la Cité et a certainement le coffre et l’assurance nécessaires pour tenir tête, au besoin, à la direction générale. Comme président, il retrouverait surtout le droit de s’exprimer quand il est question du CLD, lui qui s’est démarqué depuis son élection en 2009 par sa franchise et ses commentaires empreints de gros bon sens à la table du conseil.

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