16 février 2017 - 00:00
Pour en finir avec les patates
Par: Le Courrier

Dans l’édition du Courrier de Saint-Hyacinthe du 9 février, René Vincelette réagit à ma lettre ouverte intitulée « La patate chaude ». En tant que porte-étendard du Parti libéral dans Saint-Hyacinthe-Bagot au cours des élections d’octobre 2015, je comprends très bien qu’il veuille défendre la politique de son parti en matière énergétique. Quoi de plus normal pour un partisan! Je dois remercier M. Vincelette pour son intervention puisque cela m’oblige à préciser ma pensée.

Je suis d’accord pour dire que le Premier ministre doit jongler avec une multitude d’objectifs contradictoires; c’est une réalité politique! Cependant si gouverner c’est prévoir, il faut qu’un Premier ministre soit un bon joueur d’échecs. Il doit placer ses pions d’avance pour éventuellement gagner la partie. Plutôt que d’essayer de jouer sur un échiquier du 20e siècle, je suis persuadé que M. Trudeau devrait miser sur celui du 21e siècle; ainsi, il éviterait de courir deux lièvres en même temps.

Dans les centaines de liens que j’ai en filière, il est dit que plus de quatre millions de Chinois meurent chaque année à cause de la pollution extrême qui sévit dans les grands centres surpeuplés du pays. Entre autres, la Chine a entamé l’année 2017 dans ce que des observateurs appellent l’« airpocalypse ». N’oublions pas que ceux qui respirent cette « soupe » chimique n’en meurent pas tous. Mais ils ont toutes sortes de maux de santé comme une toux chronique, des problèmes respiratoires et ils manquent souvent d’énergie! Toutes ces conditions réduisent considérablement la productivité. De plus, la grogne contre ce gouvernement autoritaire se cristallise autour des conditions de vie exécrables causées par la pollution. D’où « l’impérieuse nécessité » de donner un sérieux coup de barre.

Aux États-Unis comme en Chine, il y a un engouement pour les nouvelles technologies. Pensons à Tesla, Google, Apple et les penseurs de la « Silicon Valley ». N’en déplaise aux climatonégationnistes qui entourent M. Trump, le monde technologique change à la vitesse grand V. Ceux qui refusent cette réalité s’exposent à faire comme la compagnie Kodak. Depuis 1880, ils étaient les rois de la photographie. Parce que ses dirigeants n’ont pas su entreprendre le virage numérique à temps, Kodak a dû déposer son bilan financier en 2012; plus de 47 000 emplois supprimés!

À l’opposé, un entrepreneur avant-gardiste comme Elon Musk est le roi de la création d’emplois. Et n’en déplaise à M. Trump, il y a deux fois plus d’emplois dans le solaire que dans le charbon aux États-Unis. Depuis quelques années, les États-Unis et la Chine sont les leaders économiques de la planète; ils sont aussi les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. M. Obama et M. XI Jinping ont signé un accord où les deux puissances économiques s’engagent à respecter les exigences de la Conférence de Paris.

M. Trump calque sa politique sur celle de la compagnie Kodak en misant sur le passé; il veut nier la réalité des changements climatiques et renier l’entente au sujet des engagements pris envers la Conférence de Paris. Les Chinois ont compris qu’il y avait là une opportunité pour prendre le leadership. Comme on peut lire dans le Devoir du 19 janvier; « C’est l’inversion des pôles à Davos. Face à un Donald Trump se faisant l’apôtre de la démondialisation et du localisme, le chef d’État et du Parti communiste chinois est venu dans les Alpes suisses se poser en grand timonier du libre-échange, en pourfendeur du protectionnisme, en défenseur de la mondialisation…»

On peut déplorer que M. Trump s’entête à utiliser la stratégie qui a ruiné Kodak. Présentement, la patate chaude consiste à satisfaire les pétrolières tout en parlant d’énergies renouvelables. Il faut choisir! Malheureusement, certains lobbyistes sont très près du gouvernement et du PLC. On se souviendra queDan Gagnier, ancien coprésident de la campagne électorale de ce parti, a envoyé des courriels compromettants à TransCanada quelques jours avant les élections. En tant que partisan du PLC, M. Vincelette devrait tenter d’influencer ses collègues pour que le Premier ministre se démarque de la politique inappropriée de M. Trump. De plus, en misant sur les énergies vertes du 21e siècle, on n’a plus à calculer le nombre de cochonneries que l’on rejette dans l’air!

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