2 octobre 2014 - 00:00
Pour nos aînés…
Par: Le Courrier

Au Québec, c’est connu, nous vieillissons. Pas plus vite qu’ailleurs, mais comme société, oui, nous vieillissons. Les gens qui ont fait la révolution tranquille franchissent un à un le cap des 65 ans. Au Québec, 16 % de la population a plus de 65 ans et 30 % de la population a entre 45 et 64 ans. C’est dire que, dans la belle province, si les prévisions sont exactes et que les tendances se maintiennent en matières d’immigration et de natalité, une personne sur trois pourra être considérée comme un aîné d’ici 20 ans. Un sur trois. Quand on dit que les chiffres parlent d’eux-mêmes…

Où sont nos aînés? Toujours chez eux, pour les plus chanceux. Avec leurs enfants pour ceux qui ont la chance d’avoir des enfants bienveillants. Ou des enfants tout court. Dans des centres pour les autres : des centres haut de gamme, pour ceux qui sont chanceux, qui ont travaillé fort ou qui n’ont pas été floués par un de leurs proches – parce que cela arrive – et dans des centres… moins haut de gamme pour les autres. Des centres qui n’offrent le bain qu’une fois par semaine. Et je le dis sans reproche déguisé : les gens font du mieux qu’ils peuvent avec les moyens qu’on leur donne. Et vieillir a un coût. Vieillir comme société a un coût. Tout a un coût… Pourtant, on prétend qu’il y a des choses qui ne s’achètent pas…

Il était une fois… Une fois quoi, déjà? Des gens, des générations, des expériences de vie, des gens qui ont été jeunes, qui ont rêvé, qui ont travaillé, qui ont eu une famille, une entreprise, un chez-eux. Des gens qui ont vieilli. Qui ont fait des erreurs, qui ont appris. Des gens qui ont simplement vécu. Sur qui la loterie de la vie est tombée. Pour le meilleur et pour le pire. Des gens qui ont gagné, perdu. Des gens qui ont été…

Il était une fois… Des gens qui auraient beaucoup à dire, beaucoup à raconter, mais qu’on n’entend pas ou peu, faute de temps, d’espace, de disponibilités. D’intérêt?

Il y a des choses qui ne s’achètent pas. Comme quelqu’un à qui se raconter : « Dans le temps, quand j’étais plus jeune, quand je vivais encore chez moi, quand j’avais une vie, une famille, un corps qui se tient… il n’y a pas si longtemps déjà… » Pourtant, n’avoir personne à qui se raconter a un coût. Le coût de l’oubli, de l’ignorance. De l’indifférence. Il était une… quoi déjà? L’isolement…

Au Trait d’Union Montérégien, nos membres vieillissent, portant en eux des histoires tantôt belles, tantôt regrettables. Des leçons de la vie. À la dure parfois. Coups de règle sur les doigts, et profonds dans l’âme… Ils vieillissent, comme beaucoup d’autres, dans le grand vide laissé par une épouse qui décède, un mari dont la mémoire faillit, une maladie qui les a enlevés à eux-mêmes prématurément. Des histoires qui se suivent, mais qui ne se ressemblent pas. Des histoires qui, contrairement à ce que l’on dit, ne se répèteront pas… surtout s’il n’y a personne pour les entendre…

Pour souligner la journée nationale des aînés (1er octobre), prenons un moment pour entendre les histoires de ceux qui nous ont précédés. Des histoires qui attendent des oreilles accueillantes dans l’espoir de se poursuivre dans un chapitre plus serein, avec vous, avant leur dénouement final…

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