28 novembre 2019 - 15:04
Dossier des bacs bruns
Profonde division à la RIAM
Par: Benoit Lapierre
La réunion de la RIAM du 20 novembre a donné lieu à de vifs échanges sur la hausse budgétaire demandée par Saint-Hyacinthe pour la gestion des matières organiques. Geneviève Hébert, de Saint-Pie, et Claude Gaucher, de Saint-Damase, (à l’avant, côté gauche) sont notamment intervenus à quelques reprises. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La réunion de la RIAM du 20 novembre a donné lieu à de vifs échanges sur la hausse budgétaire demandée par Saint-Hyacinthe pour la gestion des matières organiques. Geneviève Hébert, de Saint-Pie, et Claude Gaucher, de Saint-Damase, (à l’avant, côté gauche) sont notamment intervenus à quelques reprises. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le budget supplémentaire de 650 000 $ que demandait la Ville de Saint-Hyacinthe pour prendre en charge les matières organiques des bacs bruns durant une autre année n’a pas fait l’unanimité chez les 24 autres municipalités membres de la Régie intermunicipale d’Acton et des Maskoutains (RIAM).

À la réunion de la Régie du 20 novembre, il s’en est même fallu de peu pour que cet ajout au budget 2020 de la RIAM lui soit refusé, et cela, malgré les 16 voix dont Saint-Hyacinthe dispose à la RIAM (deux représentants avec huit voix chacun). Le vote sur cette question s’est terminé par 20 voix pour et 16 voix contre, ce qui signifie que seulement quatre municipalités – Saint-Jude, Saint-Barnabé-Sud, Saint-Louis et Saint-Liboire – ont appuyé Saint-Hyacinthe sur cette question. Quatre autres voix n’ont pas été exprimées, car les représentants de Saint-Marcel-de-Richelieu, Sainte-Christine, Saint-Nazaire-d’Acton et Canton de Roxton étaient absents.

« La dernière fois, c’est M. Thériault qui vous a dit merci. Ce soir, c’est à mon tour », a déclaré Bernard Barré, l’autre délégué de Saint-Hyacinthe à la RIAM. La « dernière fois », c’était le 23 octobre, lorsque le conseil d’administration avait d’abord accepté de mettre fin à l’entente de 11 ans entre la RIAM et la Ville sur le traitement des matières organiques des bacs bruns par biométhanisation. Ce soir-là, c’est Pierre Thériault qui avait remercié ses homologues de la RIAM d’avoir accepté, au terme d’un vote de 32 voix contre 7, que l’entente signée le 5 novembre 2014 prenne fin le 31 décembre 2020 au lieu du 31 décembre 2025, soit six ans avant terme.

Durant un an encore, Saint-Hyacinthe continuera de transporter les matières organiques que lui confie la RIAM à un centre de compostage situé à Bury, dans les Cantons-de-l’Est, mais à un coût qui passera de 450 000 $ à 1 100 000 $. Toutefois, chacun des 25 conseils municipaux concernés devra maintenant se prononcer sur cette hausse, laquelle devra être approuvée par au moins les deux tiers des municipalités pour entrer en vigueur.

Un montant de 215 000 $ destiné à soutenir le centre de tri Récupération Centre-du-Québec avait été ajouté au projet de résolution initial, mais ce point a finalement été traité seul, par un vote unanime en faveur de l’aide demandée.

Saint-Hyacinthe pointée

Devant une hausse des coûts de gestion en raison de l’abandon de la biométhanisation avec le contenu des bacs bruns, constitué à 90 % de feuilles, de branches et autres résidus verts incompatibles avec le procédé, de même que divers contaminants (5 %), des voix se sont élevées pour parler de la responsabilité de Saint-Hyacinthe dans tout ça.

« Le 95 %, il était dans le bac avant de commencer. On l’a dit des dizaines de fois à Pierre Mathieu [le responsable de la biométhanisation à la Ville] d’aller voir ce qu’il y avait dans les bacs. Mais il nous l’a dit lui-même : “je n’ai jamais regardé” », a lancé Claude Gaucher, un conseiller de Saint-Damase qui siège depuis longtemps à la Régie.

Sa remarque a fait réagir Pierre Thériault. « C’est facile aujourd’hui d’être gérant d’estrade », lui a-t-il lancé. « Tu n’étais pas là au commencement! », a répliqué Claude Gaucher.

Geneviève Hébert, conseillère à Saint-Pie, y est allée quant à elle d’une analyse illustrant l’impact financier, dans les petites municipalités, de l’arrangement proposé. Elle a soutenu que le coût de gestion des matières organiques allait augmenter de 17 $ par porte à Acton Vale, Roxton Falls, Saint-Louis et Sainte-Christine, et même de 21 $ par porte à Saint-Liboire, Saint-Simon et Sainte-Marie-Madeleine, ce qui permettrait à Saint-Hyacinthe d’économiser 3,2 M$ au cours des six prochaines années, selon ses calculs. « Je ne trouve pas que c’est gagnant-gagnant. Ce n’est pas équitable. […] Mon point, c’est qu’on avait une entente », a-t-elle affirmé.

« C’était une entente perdant-perdant. On a tout essayé », a répliqué Bernard Barré.

Louise Arpin, conseillère à La Présentation, en a rajouté. « En augmentant de 650 000 $, chez nous, c’est 15 $ de plus par porte : c’est considérable. Pour une municipalité comme la nôtre, c’est une marge énorme », a-t-elle souligné.

Présent dans l’assistance, le maire de Saint-Pie, Mario St-Pierre, était intervenu en début de rencontre pour demander au président de la Régie, Alain Jobin, maire de Saint-Barnabé-Sud, s’il était d’accord avec l’annulation de l’entente avec Saint-Hyacinthe, ce à quoi M. Jobin a répondu par l’affirmative . « On a rencontré la Ville, j’ai vu les 500 photos [de contaminants dans les matières], il n’y a rien à faire. Vaut mieux revenir au bon vieux compostage, comme avant », a-t-il dit.

M. St-Pierre a aussi demandé au directeur général de la Régie, Réjean Pion, si l’avis de défaut transmis par la Ville à la Régie et signé par Me Isabelle Leroux était appuyé par une résolution du conseil municipal de Saint-Hyacinthe. Mais M. Pion n’a pas été en mesure de le confirmer.

« D’habitude, quand on mandate le conseiller juridique, ça ne prend pas une résolution du conseil? », a insisté le maire de Saint-Pie. « Généralement oui », a acquiescé Réjean Pion, qui est avocat de formation.

Or, lorsque questionné sur ce point il y a quelques jours, Bernard Barré a reconnu que l’avis de défaut à l’origine de l’abrogation de l’accord n’avait pas fait l’objet d’une résolution du conseil. « On en avait discuté en plénière, mais non, il n’y a pas eu de résolution. Faut croire qu’on n’en avait pas besoin », a-t-il répondu au COURRIER.

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