4 octobre 2018 - 00:00
CSSAA
Relations tendues entre le CA et la directrice générale
Par: Olivier Dénommée

Les relations entre le conseil d’administration et la directrice générale du Centre de soutien et de services aidants/adultes ont rarement été très faciles, selon le témoignage de plusieurs membres du CA. Le premier conseil avait pu surveiller de façon serrée les finances du jeune organisme, avec parfois « quelques discussions animées », de l’aveu de Benoît Rainville, membre du CA fondateur.


C’est lors du changement de garde en juin 2017 que les choses ont changé. Les membres ont commencé à ne plus obtenir les chiffres demandés à Mme Grimard. Cela a mené à leur démission, puis à la nomination de Yancy Bissonnette à la présidence en janvier 2018. « On faisait confiance à Mme Grimard, surtout qu’elle nous disait qu’elle n’aimait pas que son ancien CA essaie de trop en savoir, d’aller chercher trop loin. On a quand même continué de demander les chiffres, mais elle nous disait que le comptable était dans le jus avec les rapports d’impôts », soutient la dernière présidente.

Sylvie Grimard fait une lecture bien différente de sa collaboration avec son dernier CA, le critiquant de l’avoir peu soutenue pendant son mandat. « Un DG qui dirige sans CA, c’est assez hallucinant! Pas de soutien, pas de support de leur part. Après, on va me reprocher d’avoir travaillé en solo? »

PRÉSIDENT BEAUFOUETTE

La démission en bloc du conseil d’administration en mai a rendu les tensions encore plus vives puisque, légalement, le CSSAA n’est toujours pas en faillite. On peut d’ailleurs toujours le retrouver dans le Registraire des entreprises du Québec avec, comme président, un certain Arthur Beaufouette. Un nom inventé par Sylvie Grimard qui devait retirer tous les noms des membres du CA qui ne voulaient plus être liées à l’organisme. « Il est impossible d’enregistrer la modification au Registraire s’il n’y a pas au moins un nom. J’ai donc écrit n’importe quoi et j’ai appelé pour informer que ce nom était un no name », explique-t-elle.

Questionné en début de semaine dernière, un porte-parole du Registraire des entreprises a admis qu’en 12 ans de métier, c’était la première fois qu’il voyait quelqu’un mettre un faux nom à la présidence de son CA, et que ce n’est pas normal de procéder ainsi puisque le CA d’un organisme doit avoir un minimum de trois membres en tout temps.

DES PROMESSES

Après la fermeture du CSSAA, tous les employés ont été mis à pied et plusieurs ont perdu d’importantes sommes d’argent, incluant les deux dernières périodes de paie et leur « 4 % ». Dans un cas particulier, un employé – qui venait tout juste d’obtenir une augmentation salariale – attend toujours un montant de plus de 4 600 $ et a depuis porté plainte à la Commission des normes du travail avec deux autres collègues.

Deux de ces employés parlent de Sylvie Grimard comme d’une femme qui trouve toujours les bons mots pour convaincre. « Avec elle, c’était toujours gros, elle disait toujours que le Centre allait bien. Même après la fermeture temporaire, certains sont restés bénévolement, mais parce que Mme Grimard nous disait qu’une fois que la situation serait réglée, on serait payés. » Elle aurait aussi promis à ceux qui restaient un poste dans la nouvelle halte-répit lorsqu’elle serait reprise par un autre organisme, mais elle a livré deux discours différents aux employés restants. « À une personne, elle disait que ce serait l’entreprise de son fils (Services IAMD) qui récupérerait la halte-répit et, à l’autre, que ce serait la Société Alzheimer », soutient-elle.

MISE EN DEMEURE

Quelques mois après la fin de l’aventure du CSSAA, les griefs s’accumulent de la part de ceux qui considèrent avoir été floués dans l’aventure du CSSAA. L’ex-directrice générale Sylvie Grimard a même reçu récemment une mise en demeure lui demandant de fournir des documents, incluant les états de compte de l’organisme, afin de s’assurer que la gestion du Centre a été faite selon les règles de l’art pendant trois ans. Mme Grimard a déjà remis toutes ses boîtes au cabinet Therrien Couture et espère que toutes les interrogations sur sa gestion seront clarifiées rapidement.

Des fournisseurs envisagent aussi des recours, eux qui ont dans plusieurs cas perdu des dizaines de milliers de dollars en biens et services. En compensation, à peu près tout le monde a obtenu un reçu de charité de la valeur approximative des montants perdus, mais cela n’est d’aucune utilité pour les entreprises.

Toutefois, Benoît Rainville, de MS Geslam, qui estimait ses pertes à plus de 25 000 $, a été en mesure de récupérer une partie de son matériel informatique impayé. Il semble pour sa part satisfait de la collaboration de Mme Grimard, mais a souligné que beaucoup de gens d’affaires de la région ont été « froissés ».

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