5 décembre 2019 - 15:54
Centre de congrès et hôtel
Rendre des comptes
Par: Martin Bourassa
Quarante-quatre mois ou, si vous préférez, trois ans et huit mois. C’est le temps qu’il aura fallu au journaliste Jean-Luc Lorry pour obtenir l’intégralité de l’entente entre la Ville de Saint-Hyacinthe et les Centres d’achats Beauward pour permettre la construction du centre de congrès municipal et de l’hôtel qui lui est rattaché. Autant dire une éternité!

D’abord, la Ville de Saint-Hyacinthe a refusé de lui remettre l’entente sous prétexte qu’un tiers, en l’occurrence Beauward, s’y opposait. Il a donc dû se tourner vers la Commission d’accès à l’information du Québec, qui n’a pas l’habitude de prêcher par excès de rapidité pour traiter de telles demandes. La commission a encore une fois fait honneur à sa triste réputation. Tant et si bien que, rendu au bout du processus, soit pratiquement la veille de l’audience devant débattre du caractère public du document, Beauward s’est ravisée. Elle a autorisé la Ville de Saint-Hyacinthe à remettre à M. Lorry leur entente. Ce qui nous a permis de vous en révéler les grandes lignes la semaine dernière. Le jeu en valait-il la chandelle, demandez-vous? Très certainement. Mais d’abord, une précision fondamentale.

Nous ne présumions de rien. Nous ne voulions pas connaître les modalités de l’entente en croyant y découvrir des détails croustillants. Nous voulions obtenir cette entente, car nous estimons qu’elle est d’intérêt public. Oui, les Maskoutains ont le droit de savoir de quoi il en retourne quand la Ville s’engage avec un partenaire privé. Et encore plus dans le cas qui nous intéresse puisque le choix de Beauward ne s’est pas fait au terme d’un processus de sélection public. Et considérant que les Maskoutains vont devoir assumer la facture du centre de congrès, qui rappelons-le a coûté jusqu’ici au moins 33,6 M$ de leur argent, la Ville doit rendre des comptes.

Les Maskoutains ont aussi le droit de savoir comment se porte financièrement leur centre de congrès. Surtout que personne ne s’attend à ce que la rentabilité soit au rendez-vous dès le départ. Même en étant déficitaire, comme sans doute une majorité de centres de congrès au Québec, il continuera pourtant d’opérer contre vents et marées. La Ville de Saint-Hyacinthe cautionne les opérations de l’opérateur et elle renflouera ses coffres au besoin. C’est évident. C’est pour cela qu’étaler sommairement la situation financière du centre de congrès une fois par année aurait très peu d’incidences sur son avenir, voire même d’intérêt pour la concurrence.

Pour revenir à l’entente entre la Ville et Beauward, non, elle ne renferme pas de grands scandales. Mais quelques interrogations subsistent autour de la durée du bail. L’entente et le bail ne disent pas la même chose. Pire, le maire Claude Corbeil y est allé d’une troisième version. La confusion règne, alors on aimerait savoir à qui se fier.

Est-ce que la Ville remettra gratuitement les clefs du centre de congrès à Beauward en 2057? La question reste entière, du moins à la lecture des documents.

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