20 juin 2019 - 13:58
Retour sur le flushgate, 3 ans plus tard…
Par: Le Courrier

Tout citoyen le moindrement au courant de l’actualité de notre chère ville se souvient du fameux « flushgate » du 28 juin 2016. Ce péché qui fut considéré à peine véniel du bout des lèvres par nos chères autorités municipales qui prirent la peine à l’époque de réagir par trois versions officielles différentes en l’espace de 12 jours.

Ce péché mérite en 2019 d’être vu de l’œil d’un pêcheur.

Je me suis rendu le 10 juin dans ce qui fut jadis mon petit coin de paradis du pêcheur dans le secteur du Rapide-Plat, à quelques brassées en aval d’où un citoyen avait constaté la mort massive de centaines de poissons à la suite du malheureux événement. Cela doit faire une dizaine d’années que je fréquente le coin. Un ami me l’a gentiment fait découvrir et le sympathique propriétaire du terrain m’y donne l’accès avec le sourire. L’impression de se retrouver loin loin de la ville avec de l’eau jusqu’à la taille.

Dès mon arrivée, j’ai constaté que quelque chose avait changé. Chaque lancer effectué avec la dandinette chanceuse qui m’a longtemps procuré du succès me faisait labourer des algues puantes, arrachées du fond. Des algues typiques de la fin du mois d’août lorsque la température de la rivière rivalise avec le confort d’un bain-tourbillon, résultat de canicules en séries et de la pollution agricole estivale. Mais nous sommes le 10 juin 2019 et, à moins de débarquer subitement de la planète Mars, l’on sait que le port de la petite laine fut de mise depuis la fin de l’hiver.

Non, je n’ai point pris de dorés jaunes, habituellement encore présents dans le secteur à cette période de l’année. Oui, j’ai réussi à prendre quelques achigans, sur des lancers où, par miracle, je n’avais pas de la soupe grasse au bout de ma ligne.

Je m’ennuie de l’époque où je pouvais prendre dans la même fosse doré, achigan, brochet, barbue, perchaude, ouitouche, chevalier, et ce, dans la même soirée. Je m’ennuie de la « roche à Max », endroit rendu célèbre par le fait que, lorsque la pêche avec des méthodes plus nobles était difficile, il suffisait d’aller derrière la « roche à Max » et de laisser flâner un ver de terre au bout d’un hameçon pour avoir plusieurs touches garanties. J’aurais aimé un jour pouvoir amener mon fils de 9 ans, Vincent, pêcher à la « roche à Max ».

Mais de toute évidence, cela ne sera peut-être plus jamais pareil.

Voilà ce qui arrive lorsqu’un cours d’eau longtemps mis à mal encaisse un coup supplémentaire, peut-être un coup de trop. Un coup bas, douteux, sous la ceinture.

Hélas, la transparence dans ce dossier fut opaque, à l’image du bouillon douteux qu’est maintenant devenu mon petit coin de paradis…

Alexandre Barbeau, Saint-Hyacinthe

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