16 mai 2013 - 00:00
Retour sur le gâchis
Par: Martin Bourassa

La semaine dernière, j’ai accordé mon pissenlit au gâchis que représente l’échec du plan de sauvetage du Collège Antoine-Girouard (CAG).

Une semaine plus tard, je n’ai pas changé d’idée. Pas une minute. Même que je crois utile d’en rajouter encore un peu à ce sujet.Ce gâchis prévisible — j’y reviendrai — est un échec sur toute la ligne et il serait réducteur d’en attribuer tout le blâme aux instances syndicales.Plusieurs acteurs de premier plan méritent une part du blâme. Voici ma courte liste, et pas forcément dans l’ordre. La direction actuelle qui n’a pu voir venir la catastrophe et l’éviter, et devant l’évidence, n’a pas alerté l’opinion publique et les anciens.Le Séminaire de Saint-Hyacinthe et l’Oeuvre Antoine-Girouard qui, malgré des ressources financières suffisantes, ont refusé de voler à la rescousse et accepté de voir s’éteindre leur héritage sans plus de considération et d’émotions.Certains voudront aussi placer le nom de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) sur cette liste. Pas moi. La CSSH a tendu une perche et présenté un plan de sauvetage au conseil d’administration du CAG. De bonne foi. Absolument rien ne l’obligeait, sinon un désir d’atténuer l’impact sur les élèves concernés.Il serait presque malhonnête de lui attribuer une part de responsabilité pour cette conclusion malheureuse. Elle a essayé quelque chose, alors que d’autres n’ont rien fait.S’il faut reprocher quelque chose à la CSSH, c’est peut-être d’avoir sous-estimé les embûches, d’avoir naïvement cru qu’il serait possible d’assembler toutes les pièces du casse-tête dans un laps de temps aussi réduit. Elle n’a pas vu, ou n’a pas voulu voir, le mur syndical qui se dressait devant elle. Et elle l’a frappé de plein fouet.Les instances syndicales concernées, autant celles de la CSSH et du CAG, n’ont pas réussi à s’entendre. C’était hautement prévisible et même ma toute première préoccupation quand on m’a parlé du plan de sauvetage.Du côté du syndicat du CAG, on s’entêtait à croire qu’il ne s’agissait que d’un transfert d’activités entre le privé et le public, alors que du côté du syndicat de la CSSH, on estimait au contraire, et avec raison, qu’il s’agissait d’une fermeture d’entreprise.Dans ce contexte, il ne pouvait être question d’intégrer les enseignants du CAG dans la liste de rappel de la CSSH et de reconnaître leur ancienneté. Cette intégration se serait faite au détriment de dizaines d’enseignants qui ont fait le choix du réseau public, incluant toutes les incongruités que cela comporte. Je pense à tous ces enseignants qui cumulent des pourcentages de tâches, les petits contrats ici et là et qui n’ont aucune garantie d’une année à l’autre. C’est un système imparfait depuis toujours.Au mieux, on proposait donc de prolonger le contrat d’une majorité d’enseignants du CAG pour deux ans, aux conditions actuelles. Cela n’était pas l’offre du siècle, j’en conviens, mais entre ça et le chômage forcé en juin mon choix aurait été facile.Mais les enseignants du CAG en ont décidé autrement. C’est leur choix.Saint-Hyacinthe doit maintenant tourner une page de son histoire.Et il n’y a pas lieu de s’en réjouir, ni d’en être fier. Quel gâchis.

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