13 octobre 2016 - 00:00
Carte blanche
Rien à déclarer
Par: Christian Vanasse

Le député européen des Verts, José Bové, a été arrêté par les douaniers canadiens qui ont retenu contre lui ses actions de désobéissance civile alors qu’il était chef de son syndicat agricole. Ardent défenseur des paysans et de l’agriculture biologique, il était surtout connu du grand public pour ses actions d’éclats contre le pouvoir des multinationales : faucher un champ de blé OGM de Monsanto et démolir un McDo à coups de bulldozer.


Ça ne l’a pas empêché d’être ensuite élu deux fois au parlement européen, de voyager et donner des conférences à travers le monde, dont plusieurs fois au Canada. M. Bové devait justement prononcer une conférence sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe, qu’il dénonce en raison de ses effets négatifs sur l’agriculture. Comble de l’ironie, le Canada empêche de parler un député qui devra se prononcer sur cet accord la semaine prochaine devant le Parlement européen.

Avez-vous quelque chose à déclarer? C’est la question courante du douanier à laquelle on répond banalement : deux bouteilles de vin. On déclarera plus rarement : des idées. Le douanier risque de vous regarder comme si vous aviez dit « de la drogue » et il vous emmènera dans une petite salle à part, histoire de fouiller vos fameuses idées. Car toutes les idées ne sont pas les bienvenues au Canada. Les princes saoudiens qui veulent s’amuser à la F1 entre deux séances de flagellation publiques, on leur déroulera le tapis rouge, mais les paysans qui réclament justice, on leur claquera la porte au nez. Pendant que l’on accorde à l’opposant à l’accord une permission de séjour de sept jours, celui qui en fait la promotion, le premier ministre français Manuel Valls sera reçu avec fanfares et trompettes aussi longtemps qu’il le voudra. Vive la liberté. De commerce, faut-il préciser.

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