16 septembre 2021 - 07:00
Saint-Hyacinthe n’achètera pas l’aéroport
Par: Sarah-Eve Charland
L’aéroport de Saint-Hyacinthe restera privé. Photothèque | Le Courrier ©

L’aéroport de Saint-Hyacinthe restera privé. Photothèque | Le Courrier ©

La Ville renonce à acquérir l’aéroport de Saint-Hyacinthe après avoir procédé à une vérification diligente. Les élus ont conclu que les investissements requis étaient beaucoup plus élevés que le potentiel du projet.

Le maire Claude Corbeil n’aura pas réussi à rendre sa promesse électorale de 2017 visant à municipaliser l’aéroport avant de quitter ses fonctions. « Je suis extrêmement déçu. On a fait le tour de la question. On gère de l’argent public. J’ai une responsabilité comme élu de m’assurer que les investissements sont profitables. À ce niveau-là, on n’avait pas la certitude. »

Le conseil des maires de la MRC des Maskoutains a tout d’abord rejeté l’idée après avoir reçu les conclusions de deux études réalisées par un consultant externe, Octant Aviation de Saint-Hubert. L’une des études sur l’état de la piste dévoilait que les infrastructures nécessitaient un investissement d’environ 2,9 M$ pour les mettre à jour.

La Ville de Saint-Hyacinthe a repris le dossier de son côté. La décision est tombée. Les élus n’iront pas de l’avant avec le projet de municipalisation de l’aéroport. Ils en sont arrivés à cette décision après avoir procédé à une vérification diligente et analysé les études d’experts indépendants (voir autre texte).

Les vérifications diligentes ont révélé que l’investissement dépasserait plutôt 5 M$, selon le maire, en incluant l’élargissement de la piste afin d’atteindre 18 mètres. C’est aussi Octant Aviation qui a réalisé les vérifications diligentes. « Oui, c’est la même firme, mais il y a eu une étude encore plus poussée. Quand on parle de vérifications diligentes, on voulait être sûrs et certains. Et il y a eu aussi un ingénieur qui a fait d’autres vérifications », explique le maire Claude Corbeil.

Un risque trop élevé

La Ville prévoyait de faire une offre d’achat conditionnelle à l’obtention de subventions. Selon M. Corbeil, on a dû renoncer à cette stratégie puisqu’il était impossible de faire une demande de subvention en vertu du Programme d’aide québécoise pour les infrastructures aéroportuaires régionales (PAQIAR) si la Ville n’était pas propriétaire de l’aéroport. La Ville espérait obtenir une subvention couvrant près de la moitié de la facture.

Unanimement, le conseil a décidé d’abandonner le dossier. Les élus souhaitaient prendre une décision avant la dissolution du conseil. L’échéancier pour déposer une demande au PAQIAR se situait à la fin octobre. Ils ont conclu que les retombées socioéconomiques étaient trop incertaines pour justifier cet investissement.

« Cette décision a été difficile, mais elle a été prise dans l’intérêt de nos citoyens. Je suis toujours convaincu que l’aéroport a sa raison d’être et un potentiel intéressant de développement économique, mais, dans le contexte actuel, son avenir ne passe pas, du moins pour l’heure, par sa municipalisation », poursuit M. Corbeil.

La candidate à la mairie et cheffe de Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers, qualifie cette décision de saine. « C’est bien que la Ville ait fait les vérifications diligentes, mais je rappelle que ce n’est pas un dossier nouveau. Ça fait longtemps qu’on sait que l’aéroport a besoin d’investissements massifs. Je me demande si c’était bien avisé de se pencher là-dessus en fin de cycle politique. »

Aussi candidat à la mairie, le conseiller sortant André Beauregard a fait partie des élus votant en défaveur de municipaliser l’aéroport. « C’est une décision financière. C’était un montant assez élevé. C’est sûr qu’il y a des propriétaires de hangars qui seront déçus, mais il faut gérer [l’argent public] pour l’ensemble de la Ville. [La fin du dossier] me déçoit, mais j’ai quand même voté contre l’achat de l’aéroport. On aurait aimé aider l’aéroport. On ne veut pas qu’il ferme. Économiquement, c’est bon pour la Ville de Saint-Hyacinthe. »

L’aéroport de Saint-Hyacinthe est la propriété de Gabriel Chartier, qui en assure aussi la gestion. Au moment de mettre sous presse, le propriétaire n’a pas été en mesure de rappeler notre journaliste.

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