23 janvier 2014 - 00:00
Décédée à 23 ans
Sandrine Paradis a déployé ses ailes trop tôt
Par: Le Courrier
La jeune Sandrine Paradis, dont l'histoire a ému et mobilisé une grande partie de la communauté maskoutaine, s'est éteinte le 19 janvier, au matin, à l'Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe. Deux nouvelles masses avaient été découvertes sur son tronc cérébral à la fin du mois de décembre, scellant l'issue de son combat contre un ennemi impitoyable.

Quatre jours après Noël, les parents de Sandrine avaient appris que de nouvelles tumeurs étaient apparues chez leur enfant. Les médecins avaient toutefois demandé à la famille de ne rien dire à Sandrine, le temps d’élaborer un plan d’intervention.

Chaque mois, depuis l’automne dernier, le couple maskoutain devait débourser 8 400 $ afin de traiter, avec des injections d’Avastin, la nécrose au cerveau de leur fille de 23 ans. Cette condition s’était développée après que Sandrine ait reçu divers traitements pour enrayer un méningiome (masse) découvert à la base de son cervelet en 2010. Deux semaines après l’annonce de la découverte de nouvelles masses, l’espoir auquel s’accrochaient Andrée-Anne Jolin et Jean-Philippe Paradis s’envola. Les tumeurs avaient progressé de façon très agressive, si bien qu’elles étaient perceptibles au toucher. « Nous étions à l’Institut neurologique de Montréal, dans le cabinet du médecin et c’est à ce moment qu’il nous a dit : il n’y a rien plus rien à faire. Ce fut comme une gifle. J’ai demandé à Sandrine si elle avait compris ce qu’il venait de dire et elle a répondu oui, mais qu’elle n’avait pas peur de mourir », raconte courageusement Mme Jolin. La seconde gifle est survenue à peine quelques secondes plus tard, lorsque le médecin confirma que l’espérance de vie de Sandrine était de cinq jours, une semaine tout au plus. L’aînée de la famille Paradis-Jolin fut alors transférée au service de soins palliatifs de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, le 15 janvier, pour y terminer le plus sereinement possible sa trop courte vie. « Ma fille nous disait souvent qu’elle n’avait pas d’amis, mais il y a sans cesse eu de la visite auprès d’elle. Certaines de ses copines sont venues tous les jours. Même les familles sénégalaises que nous parrainons ont trouvé le moyen de téléphoner et la « soeur sénégalaise » de Sandrine lui a écrit une lettre », détaille son père, ému. « Ce fut une période intense, mais parsemée de beaux moments que même la mort ne pourra pas nous enlever », assure Andrée-Anne Jolin. La veille de son décès, les parents de Sandrine avaient demandé aux visiteurs de quitter la chambre d’hospitalisation, pour permettre à leur fille de s’éteindre dans la tranquillité. « Vers minuit, j’ai pris la main de Sandrine et je lui ai dit : c’est bon ma puce, papa est prêt à te laisser partir », se remémore M. Paradis. À 1 h 25, dimanche matin, Sandrine exhala pour une dernière fois. « Nous avons énormément de peine, mais en même temps nous sommes soulagés. Sandrine n’a pas souffert physiquement. Sa véritable douleur était psychologique. Elle ne supportait pas de voir son autonomie disparaître. L’Avastin avait réussi à arrêter la nécrose, mais nous avons appris qu’elle n’aurait sans doute pas récupéré toutes ses capacités motrices », explique Mme Jolin. Aglaée, Anaïs et Camille, les trois soeurs cadettes de Sandrine, acquiescent aux propos de leur mère, tout en parcourant les albums photo, à la recherche de beaux souvenirs. Solidaire, la population maskoutaine n’avait pas hésité à donner généreusement afin d’aider les Paradis à défrayer les coûts des traitements de Sandrine. Aujourd’hui, la famille se demande comment elle utilisera les fonds amassés. « Les gens nous suggèrent de prendre des vacances. Nous voulons que l’utilisation de l’argent soit signifiante. On y réfléchit pour le moment », explique la maman.Rappelons que l’assureur privé de Jean-Philippe Paradis et la Régie de l’assurance maladie du Québec avaient refusé d’indemniser la famille pour les injections, car l’utilisation de l’Avastin dans le traitement d’un méningiome ne correspond pas à une indication approuvée par Santé Canada. La famille Paradis-Jolin tient à remercier chaleureusement ses proches, le personnel médical et l’ensemble de la population pour leurs dons, leur support et leur aide inestimable. Les funérailles de Sandrine auront lieu le 25 janvier en après-midi à l’église de La Providence.

image