20 avril 2017 - 00:00
Entre les lignes
Sévigny vs Bourassa
Par: Le Courrier

Oui c’est vrai, je n’ai pas fait dans la dentelle en écrivant l’autre jour dans cette colonne qu’un élu qui était contre la publication des avis publics dans les journaux était forcément contre les journaux et contre la transparence. 

Mais je persiste et je signe n’en déplaise aux élus. Je précise même que je visais tous les élus municipaux, c’est-à-dire les maires ET les conseillers. 

Cette question sur les avis est au cœur des audiences sur le projet de loi 122 sur la gouvernance municipale.

De passage à Saint-Hyacinthe récemment, le président de l’Union des municipalités du Québec, Bernard Sévigny, maire de Sherbrooke, a été invité à me répondre. Il a répliqué en disant que parler de manque de transparence parce qu’il n’y aurait plus l’obligation de publier les avis publics dans les journaux, c’est d’aller un peu loin. « Oui, il y a une question de revenus pour les journaux, mais nous croyons que les avis publics sont le mauvais véhicule pour financer les médias écrits. » J’aimerais faire remarquer à M. Sévigny que payer pour la diffusion d’un avis public n’est pas tant un moyen de financer un média que le prix à payer pour informer les gens des projets qui les concernent. Il faut être bien naïf pour penser que les municipalités livrent un combat financier dans ce dossier. Elles espèrent tout simplement que Québec leur enlève un irritant et leur donne un moyen facile de punir les médias qui ne sont pas assez complaisants à leur goût. Elles souhaitent surtout qu’il y ait moins de visibilité accordée à leurs avis publics et à partir de cela, moins d’empêcheurs de tourner en rond.

Pensez-vous que la Ville de Saint-Hyacinthe n’aurait pas désiré que son avis public sur son projet d’agrandissement de stationnement passe inaperçu? Le maire doit faire des ulcères d’estomac quand il pense que 44 personnes ont la capacité de compromettre un investissement de 60 M$. En noyant les avis sur les sites Internet des villes, les élus veulent qu’ils se perdent dans la masse et échappent davantage à la vigilance des citoyens et des journalistes. 

Parler de manque de transparence municipale est donc plus pertinent que jamais, M. Sévigny.

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