12 février 2015 - 00:00
Si Saint-Hyacinthe m’était conté (1)
Par: Le Courrier

Plusieurs d’entre vous se rappellent ­sûrement les festivités marquant les 250 ans de Saint-Hyacinthe qui se sont déroulées en 1998. Après un début ­d’année éprouvant, marqué par le grand verglas, j’eus l’occasion de contribuer à la réalisation d’une exposition historique et, dans la même veine, de participer à la publication d’un livre soulignant ­l’histoire de notre communauté.

Ainsi, depuis 1995, je contribue activement à la recherche et à la diffusion de l’histoire de Saint-Hyacinthe. Pour marquer ces vingt ans, il est maintenant venu le temps pour moi d’amorcer un grand projet, celui d’écrire l’histoire de ma communauté. Pour ce faire, j’aimerais donner la parole aux différents auteurs qui ont contribué à l’édification de notre histoire, mais ­également je souhaite vous faire découvrir les trésors qui se trouvent au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. En parcourant les textes et les documents, je perçois doucement une histoire qui se dessine; si Saint-Hyacinthe m’était conté…

L’époque seigneuriale

Si on amorçait cette histoire par le ­début… En 1998, on marquait le coup de 250 ans d’histoire. Cela nous ramène à 1748. À cette époque, nous sommes ­encore en Nouvelle-France. Depuis ­longtemps déjà, pour favoriser le peuplement et le développement de la colonie, le roi de France concède des terres selon le régime seigneurial.

L’historien Benoit Grenier, dans un ­article publié dans le numéro 138 du ­magazine Continuité : « Dès le début du peuplement de la Nouvelle-France, on recourt au mode seigneurial pour ­organiser puis occuper l’espace ». Éric Bédard, historien et professeur, dans « L’histoire du Québec pour les nuls » ­renchérit : « En 1623, le vice-roi de la Nouvelle-France cède à Louis Hébert une concession sur les hauteurs de ­Québec, au coeur de la vieille ville ­actuelle. L’octroi de ce fief noble constitue une forme de reconnaissance pour services rendus à la colonie. À partir de 1627, ces fiefs sont appelés « seigneuries ” ». En 1663, on compte 68 seigneuries. Ce mode d’attribution des terres sera ­privilégié jusqu’à la Conquête de la Nouvelle-France par l’Angleterre en 1760.

Pour situer le contexte de 1748, les ­historiens Lacoursière, Provencher et Vaugeois dans leur livre « Canada-­Québec, 1534-2000 », abordent la question de la colonisation du territoire lors de la première moitié du XVIIIe siècle : « La colonisation fait peu de progrès ­pendant cette période. De 1713 à 1743, on concède environ 35 seigneuries. ­Plusieurs d’entre elles se situent dans la région du lac Champlain ou de la ­Nouvelle-Beauce ».

Plus près de nous, la rivière Richelieu qui demeure une voie de communication importante vers le sud se développe à son tour. Diane Leblanc, dans son livre « La Présentation 200 ans de souvenirs pour bâtir l’avenir » mentionne : « Dès 1681, Sorel compte 117 habitants et Saint-Michel-d’Yamaska, 87 personnes. La région du Bas-Richelieu commence à recevoir des colons de l’île de Montréal et de la Rive-Sud à partir de la première moitié du XVIIIe siècle : Saint-Denis reçoit son ­premier censitaire en 1720, Beloeil en 1726, Saint-Charles en 1729 et Rouville en 1736 ».

Soulignons également qu’entre 1713 et 1744, la paix règne sur le territoire. ­Cependant, le 15 mars 1744, la France déclare la guerre à l’Angleterre signalent les auteurs de « Canada-Québec, 1534-2000 ». En Amérique, dès le ­déclenchement des hostilités, les ­Français attaquent des postes anglais de l’ancienne Acadie. Les affrontements entre la France et l’Angleterre prennent fin quatre ans plus tard, en avril 1748. Un traité de paix sera signé en octobre 1748. Mais en ­Amérique, les rivalités subsistent et atteindront leur point culminant en 1760.

La concession de la seigneurie de Maska

En 1748, on accorde la seigneurie de ­Maska à François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil. Dans son livre « Inventaire des concessions en fief et seigneurie, fois et hommages et aveux et dénombrements », Pierre-George Roy, le premier archiviste du Québec, publie l’Acte de concession de la seigneurie de Maska en date du 23 septembre 1748 : « Acte de concession du marquis de la Galissonière et de François Bigot, commandant-général et intendant de la Nouvelle-France, à François Rigaud, seigneur de Vaudreuil, chevalier de Saint-Louis, lieutenant de Roi des Places et ­gouvernement de Québec, d’une étendue de six lieues de front, le long de la rivière Masca, sur trois lieues de profondeur de chaque côté de la dite rivière, les dites six lieues de front à prendre sept lieues de l’embouchure de la dite rivière, qui sont les dernières terres concédées, le tout à titre de fief et de seigneurie, haute, moyenne et basse justice ».

Lors d’un prochain article, nous ­verrons qui était le premier seigneur de Maska.

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