22 octobre 2020 - 15:18
Deuxième vague de la COVID-19
Sources et décalage
Par: Martin Bourassa
À la lumière de la situation vécue depuis quelques jours dans deux résidences pour personnes âgées de Saint-Hyacinthe à l’égard de la COVID-19, plus personne de sain d’esprit ne peut remettre en cause la nécessité d’avoir relevé le niveau d’alerte à Saint-Hyacinthe et dans la MRC des Maskoutains. Sur les quatre résidences où les plus fortes éclosions ont été rapportées la semaine dernière au Québec, Saint-Hyacinthe en comptait deux.

Oui, le feu a fait rage avec une intensité surprenante à la Villa St-Joseph et à la Résidence Bourg-Joli de Saint-Hyacinthe, où plus d’une centaine de cas positifs au total ont été recensés parmi les résidents et le personnel depuis une dizaine de jours. Disons que ces éclosions rapportées à la Une de notre dernière édition ont attiré l’attention au cours du récent week-end, au fur et à mesure qu’elles sont apparues sur les relevés de la santé publique. Car LE COURRIER a encore une fois été plus vite que les sources dites officielles à informer les Maskoutains. C’est bien cela qui est inquiétant, cette incapacité des autorités à donner l’heure juste en temps de pandémie.

La machine est visiblement dépassée et la centralisation des données inefficaces. Dans une certaine mesure, les informations coulent moins bien que lors de la première vague. Je ne crois pas que la machine soit mal intentionnée. Je mettrais davantage le blâme sur une mauvaise gestion ou encore des ressources insuffisantes vu l’ampleur du travail à accomplir. Par exemple, on me dit qu’en ligne, sur la page Facebook de la Direction de santé publique de la Montérégie, on répond avec célérité à tous les quidams et conspirationnistes qui laissent des commentaires, alors que nos journalistes peinent à obtenir des réponses rapides à leurs demandes pourtant précises. Bref, le virus circule beaucoup plus rapidement que les informations.

Prenez notre exclusivité de la semaine dernière concernant la situation à la Villa St-Joseph. Grâce à une information provenant d’un lecteur, nous avions eu vent de l’intense éclosion en cours à cette résidence privée de 80 chambres.

Comme tout média qui se respecte doit vérifier ses informations avant de les publier, nous avons cherché des confirmations du côté du propriétaire, de la santé publique de la Montérégie, du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est, puis en désespoir de cause, au ministère de la Santé et des Services sociaux à Québec. À cet endroit, on nous a invités à communiquer avec notre centre de santé local, où l’on nous a redirigés vers la santé publique régionale. Notre ténacité a toutefois été récompensée puisque la santé publique a fini par confirmer nos informations à quelques heures de notre tombée. Nos lecteurs ont donc appris jeudi matin qu’une éclosion frappait de plein fouet la Villa St-Joseph – depuis un dépistage effectué le 8 octobre – et qu’une autre couvait à la Résidence Bourg-Joli. Mais ce n’est que samedi, le 17 octobre, que la situation à la Villa St-Joseph a fait son apparition sur le tableau de bord mis en ligne par le gouvernement pour suivre l’évolution de la pandémie dans les centres d’hébergement.

Du jour au lendemain, cette ressource est passée de 0 à 40 cas! On comprend mieux le degré d’excitation des médias nationaux qui ont accouru sur place au cours du dernier week-end. Notre longueur d’avance s’explique par la proximité et le degré de confiance que nous entretenons avec nos lecteurs. C’est réconfortant. En revanche, le décalage entre les informations qui circulent dans le milieu et les confirmations officielles est préoccupant dans la mesure où le virus à circonscrire est particulièrement virulent. Selon nos informations, au moins un autre foyer d’éclosions couve à l’infirmerie du Séminaire, sans apparaître encore sur le radar des autorités.

Ainsi, on peine à établir le portrait exact de la situation chaque semaine. On a plutôt l’impression de donner celui que nous avions il y a deux semaines si on se limite aux informations transmises par les autorités. Mais grâce à nos sources, on vous présente sans doute celui qu’on nous présentera dans une semaine ou deux! Nos lecteurs sont donc invités à faire équipe avec nous et à nous rapporter des informations les plus précises possible sur ce qui se passe sur le terrain et derrière les portes des établissements publics ou privés. On remontera à la source pour vous et on vous donnera toujours l’heure la plus juste possible avec les moyens à notre disposition. Pandémie ou pas.

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