17 octobre 2013 - 00:00
Souvenances de mon enfance (1)
Par: Le Courrier
Trois députés fédéraux du comté de Bagot, dont il est question dans cet article : Joseph-Émery Phaneuf, Joseph-Edmond Marcile et Georges-Dorèze Morin.

Trois députés fédéraux du comté de Bagot, dont il est question dans cet article : Joseph-Émery Phaneuf, Joseph-Edmond Marcile et Georges-Dorèze Morin.

Trois députés fédéraux du comté de Bagot, dont il est question dans cet article : Joseph-Émery Phaneuf, Joseph-Edmond Marcile et Georges-Dorèze Morin.

Trois députés fédéraux du comté de Bagot, dont il est question dans cet article : Joseph-Émery Phaneuf, Joseph-Edmond Marcile et Georges-Dorèze Morin.

La politique

Cette semaine nous présentons des extraits des Mémoires du Dr Jean Lafond, originaire d’Acton Vale. Le Dr Lafond nous fait vivre des faits survenus au cours de son enfance.

Le village natal demeure toujours présent dans l’esprit et le coeur de ceux qui y ont passé leur enfance. L’évocation du nom du village natal provoque toujours une fierté légitime. Depuis ma prime jeunesse, quand on me demande où je suis né, c’est avec fierté que je réponds : Acton Vale. À l’emphase que j’y mets, ceux qui ignorent tout de l’endroit n’osent pas poser de questions de peur de passer pour des ignorants. Des évènements bien particuliers, relevant plus de l’histoire de mon village que de mes propres souvenirs, feront l’objet des quelques pages suivantes.

La politique

Dans mon jeune âge, lorsque des élections générales avaient été décrétées, les campagnes électorales commençaient dès la mise en nomination des candidats qui se faisait au Bureau d’enregistrement du chef-lieu du comté, à Saint-Liboire. Après l’annonce des candidatures, il y avait une assemblée contradictoire; les candidats parlaient à tour de rôle, l’ordre ayant été choisi au hasard. Une réplique de cinq à dix minutes était accordée à chacun.

Souvent, au cours des assemblées, auxquelles assistaient les plus chauds et les plus bruyants partisans des candidats en lice, il y avait des prises de bec entre les spectateurs, des adresses verbales aux candidats et aussi des chicanes qui dégénéraient en bataille où la police devait intervenir. Ces altercations se répétaient à d’autres assemblées. La persuasion par le porte à porte n’était pas encore à la mode chez les candidats; cependant, on faisait des rencontres de comité dans les rangs et les quartiers du village. En 1925 et 1926, en moins d’une année, le comté de Bagot a connu trois élections fédérales, ce furent les élections le plus âprement disputées dont j’ai été témoin. Aux élections générales du 29 octobre 1925, Joseph-Edmond Marcile d’Acton Vale, déjà député à Ottawa depuis plusieurs années, était élu avec une majorité de 771 voix contre André Fauteux, avocat de Montréal. Malheureusement, M. Marcile, malade depuis quelques mois, mourait une dizaine de jours après les élections. « Le comté avait voté pour un mourant », disait-on. Pour remplacer M. Marcile, une convention libérale avait choisi le notaire Georges-Dorèze Morin, de Saint-Pie. Ce choix, mal accueilli par certains messieurs d’Acton Vale, donna lieu à quelques « virages de capot » comme on disait dans le temps. Le candidat conservateur fut encore André Fauteux. La lutte fut vive, ardue, farouche même; le chef Meighen se rendit même à Acton Vale le 1 er décembre. Le notaire Morin fut élu avec 472 voix de majorité. Meighen réussit à se maintenir au pouvoir jusqu’à l’été suivant, alors que des élections générales furent décrétées pour le 14 septembre 1926. Dans Bagot, les mêmes candidats furent en lice; le notaire Morin fut élu avec une majorité accrue et l’honorable King prit le pouvoir avec une trentaine de sièges de majorité. On ne verra jamais plus des élections si âprement disputées. Dans le domaine provincial, les élections se passaient de la même manière; on se souvient des luttes Joseph-Émery Phaneuf, libéral de Saint-Hugues, contre Joseph-Eugène Lafontaine, de Saint-Hugues, ou Louis-Homer Marcotte, de Saint-Simon. Au municipal, les luttes étaient encore plus serrées, la majorité de l’élu étant très petite.

L’électricité

En 1915, à Acton Vale, la demande d’électricité était faible : on comptait peu d’appareils électriques. Aussi, une petite usine avec un faible générateur actionné par une digue à 200 pieds en amont du premier pont, sur la rivière Blanche, fournissait le courant nécessaire aux privilégiés qui avaient un filage électrique à la maison; ce courant pouvait actionner quelques ampoules et pas plus. Les autres s’éclairaient à la lampe ou au fanal à l’huile. Souvent, l’hiver surtout, on voyait des gens circuler dans les rues avec un fanal à la main.

Milton MacDonald aurait été le promoteur de cette centrale. Quand l’eau baissait durant l’été à cause des chaleurs ou du manque de pluie ou durant l’hiver parce que la pluie ou des dégels ne survenaient pas, l’électricité manquait et on reprenait la lampe. On la plaçait au milieu de la table; dans la cuisine et, installés autour, de peine et de misère, nous faisions nos « devoirs ». En 1919, la compagnie Southern Canada Power, fondée en 1913 et qui alors achetait ses kilowatts de la Shawinigan Power, construisit une ligne de transmission de Saint-Germain à Acton Vale. Ce fut une nette amélioration; c’est alors que débutèrent l’usage plus répandu des appareils électriques et l’électrification des maisons de la cave au grenier. En septembre 1923 commençait la construction de la centrale d’Hemming Falls; en mars 1925, une première génératrice était mise en marche et, en juin 1926, la Centrale était complètement terminée. Cette centrale a toujours desservi une grande partie des Cantons-de-l’Est et a suffi à combler la demande croissante d’électricité même après l’apparition des réfrigérateurs, des poêles électriques, des radios, des laveuses, etc.

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