8 octobre 2020 - 13:29
Steve Gaudette : verdict attendu le 3 novembre
Par: Olivier Dénommée
Même s’il a été reconnu non criminellement responsable du meurtre de Denis Chassé, Steve Gaudette pourrait être déclaré accusé à haut risque par la juge Johanne St-Gelais. Sa décision est attendue le 3 novembre. Photothèque | Le Courrier ©

Même s’il a été reconnu non criminellement responsable du meurtre de Denis Chassé, Steve Gaudette pourrait être déclaré accusé à haut risque par la juge Johanne St-Gelais. Sa décision est attendue le 3 novembre. Photothèque | Le Courrier ©

La famille de Denis Chassé doit encore retenir son souffle jusqu’au 3 novembre. C’est la date à laquelle la juge Johanne St-Gelais devrait rendre son verdict à l’issue du procès pour décider si Steve Gaudette, Maskoutain de 40 ans, doit être ou non déclaré accusé à haut risque, lui qui a été reconnu cet été non criminellement responsable du meurtre de Denis Chassé en juillet 2018.

Le procès de trois jours tenu dans la salle 2 du palais de justice de Saint-Hyacinthe s’est déroulé en présence de Mes Cimon Senécal et Caroline Fontaine du côté de la poursuite et de Mes Marie-Eve Demers et Josianne Harvey du côté de la défense. Les deux parties ont fait valoir des points de vue diamétralement opposés quant au sort qui doit être réservé à Steve Gaudette. Le statut d’accusé à haut risque, un ajout relativement récent au Code criminel, voudrait dire qu’il ferait face à davantage de privations de liberté qu’il n’en a déjà.

La Couronne a fait entendre l’avis des deux expertes de l’Institut Philippe-Pinel, Dre France Proulx, psychiatre légiste, et Nathalie Auclair, criminologue, qui ont fait état du lourd historique de problèmes de santé mentale, de consommation de drogues et d’épisodes de violence de Steve Gaudette avant qu’il n’en vienne à poignarder de nombreux coups de couteau Denis Chassé, un homme qu’il ne connaissait pas, dans le tunnel piétonnier Laframboise le 3 juillet 2018.

« Il n’est pas près d’avoir son congé de Pinel », a résumé la Dre Proulx sur le cheminement de Gaudette depuis qu’il y vit à temps plein. De plus, le fait qu’il s’en soit pris à un pur inconnu « élargit le bassin de victimes potentielles et de situations à risques », selon elle. Quant à elle, Mme Auclair a témoigné qu’il était important que l’accusé demeure entouré de professionnels et bien encadré au quotidien pour le « protéger ». Selon ces expertes, Steve Gaudette pose un risque de récidive « de modéré à élevé » et correspond à la définition d’un accusé à haut risque.

La défense a ensuite fait entendre son propre expert, le Dr Louis Morissette, médecin psychiatre qui a notamment été appelé à témoigner dans le second procès de Guy Turcotte. Dans son rapport, ses conclusions diffèrent grandement de celles des expertes de l’Institut Pinel et il ne recommande pas que Gaudette soit déclaré accusé à haut risque.

Plaidoiries tendues

Les plaidoiries des deux parties ont été entendues le 1er octobre, opposant leur interprétation des témoignages entendus dans cette affaire. Me Senécal n’a pas mâché ses mots, insistant sur le fait que Steve Gaudette avait commis « un assaut violent et spontané, gratuit et sans mobile » en 2018, sans compter ses nombreux problèmes de santé mentale chroniques depuis 20 ans.

Il a aussi remis en doute le sérieux du rapport du Dr Morissette, qui a été rédigé après seulement 3 h 15 de rencontre avec l’accusé et sans tenir compte de l’historique de Steve Gaudette. « Personne n’a de boule de cristal, mais le risque est bien présent », résume le procureur pour appuyer la thèse du risque de récidive si Gaudette devait être remis en liberté.

Me Josianne Harvey, représentant l’accusé, s’est plutôt attaquée à la pertinence de déclarer son client accusé à haut risque, voyant ce statut comme une « réponse politique » qui brime les droits des accusés sur des « critères ambigus » et trop larges. Selon elle, ce statut contribue à perpétuer les préjugés que la société a envers les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. « On ne peut pas punir quelqu’un parce qu’il est malade. » Elle a aussi été jusqu’à accuser la poursuite de faire preuve d’« acharnement » à l’égard de son client, des propos qui ont fait grincer des dents dans la salle.

Il ne manque maintenant que la décision de la juge St-Gelais, qui devra rendre son verdict dans ce dossier le mardi 3 novembre. Comme tout au long des procédures, les proches de Denis Chassé ont assisté religieusement à ce procès qui s’est tenu du 29 septembre au 1er octobre. Quant au principal intéressé, il a semblé impassible dans le box des accusés malgré la dureté des propos qui ont été entendus à son égard lors des témoignages et des plaidoiries.

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