12 janvier 2012 - 00:00
Carte postale d'Isabelle Nicolas
Sur un air de Munich
Par: Le Courrier

Munich, c'est un grand village distingué. C'est un concentré d'élégance cerclé de montagnes de ski au sein de la verte Bavière, au sud-est de l'Allemagne. L'endroit est un parfait compromis pour s'exiler en nature sans sacrifier le raffinement et le rythme de vie qu'offre la ville.

C’est dans ce fort bien gardé de la culture que la Maskoutaine Isabelle Nicolas, 26 ans, a choisi de poser ses valises bourrées de partitions l’été dernier, bien déterminée à se tailler une place parmi les grands dans le difficile et compétitif monde du chant classique européen. Un choix judicieux puisque la capitale bavaroise possède l’une des plus belles et des plus anciennes maisons d’opéra du vieux continent.

« Mes parents viennent de la France et de la Belgique, alors l’Europe m’a toujours beaucoup attirée, d’autant plus que c’est le berceau de l’opéra. En tant que chanteuse classique, je ne m’imagine pas chanter du Mozart ou du Puccini sans jamais avoir visité leur pays afin de mieux comprendre la culture, les gens et le style de vie qui font aussi partie du langage de l’opéra », souligne-t-elle d’entrée de jeu.Pour lui permettre de travailler et de circuler librement dans toute l’Europe, la jeune cantatrice a même demandé sa nationalité française « après 25 ans de citoyenneté maskoutaine, québécoise et canadienne! » Sa carrière en Bavière a d’ailleurs commencé sur les chapeaux de roues, alors qu’elle a décroché un premier rôle fin octobre. « Je crois que c’était mon destin de m’installer à Munich, puisque le premier rôle que j’ai obtenu a été celui de Mélia, le personnage principal féminin du tout premier opéra de Mozart intitulé « Apollo und Hyacinthus », note la jeune femme, qui y a vu un beau clin d’oeil à la vie maskoutaine qu’elle venait de quitter.« Je n’ai eu que trois semaines pour apprendre mon rôle, qui était chanté en latin! Heureusement, j’avais quelques souvenirs des cours de Soeur Thérèse Ostiguy, au Collège Saint-Maurice », note celle qui parle allemand, mais aussi anglais et italien.

Visite enivrante

Notre visite débute dans Schwabing, où habite la jeune chanteuse classique. Schwabing est le quartier branché et paisible de Munich, un genre de Plateau Mont-Royal à proximité de tous les principaux sites à visiter.

Bien que ce soit une ville assez dispendieuse et une destination magasinage de prédilection pour les riches familles du monde entier, on peut s’y régaler et se déplacer en transport à commun à prix très raisonnable. Vous voudrez d’ailleurs vous remplir l’estomac d’un savoureux déjeuner bavarois typique avant d’amorcer votre parcours munichois. Au menu : délicieuses saucisses de veau aux fines herbes (Weißwurst) et un pretzel (breze) accompagnés de moutarde sucrée et d’un gros bock de bière blonde (!) ou d’un Radler (un mélange de bière blanche et de limonade).Une fois prêt à rencontrer Munich, c’est vers la maison d’opéra, le Bayerische Staatsoper, que nous dirige mademoiselle Nicolas. Des visites guidées y sont prévues plusieurs fois par semaine, mais les Québécois voudront réserver un guide francophone pour ne manquer aucun détail, d’autant plus que la visite pourrait bien être commentée par la grande diva maskoutaine en personne!À quelques coins de rue de la maison d’opéra, le voyage se poursuit à Marienplatz, fondée en 1158 au coeur de Munich. On y trouve notamment l’Hôtel de Ville néogothique et son célèbre carillon mécanique qui résonne et s’anime deux fois par jour, mettant en scène des personnes historiques en mouvement.Puis, Isabelle propose de retourner sur nos pas vers Odeonplatz, qui tient son nom de la salle de concert (Odéon) que le roi de Bavière Louis Ier y fit construire en 1827. De là, on accède aux anciens appartements royaux (Residenz), aux jardins royaux (Hofgarten) et au fameux jardin anglais, l’un des plus grands jardins du monde, plus immense encore que le Central Park de New York.Le temps d’une pause, il faut s’arrêter au Seehaus, en bordure du grand lac, dans l’un des quatre Biergarten du parc. « Si vous venez à Munich, il faut absolument vivre l’expérience des Biergarten. Ce sont souvent de gigantesques terrasses et jardins où l’on peut boire et manger à de grandes tables à pique-nique en bois », explique Isabelle. Elle nous propose aussi une visite contemporaine : le musée Bayerische Motoren Werke (manufacture bavaroise de moteurs), ou BMW pour les intimes. Le siège social du constructeur automobile allemand se trouve à Munich.

Expériences bavaroises

Impossible de parler de Munich sans souligner le fameux Oktoberfest, la fête de la bière, qui se déroule de la fin septembre à la mi-octobre. « Il faut vivre ça une fois dans sa vie! Presque tous les Bavarois portent le costume traditionnel pendant toute la durée du festival, même pour aller travailler! C’est très beau à voir! »

Isabelle nous offre quelques conseils pour faciliter une intégration sans fausse note au rythme de vie allemand. « Ici, on ne se presse pas, on fait notre épicerie tous les jours, on prend son vélo pour aller travailler, on savoure le goûter à 16 h et on se procure de l’alcool pour presque rien, à consommer où et quand bon nous semble! »Sachez aussi que les Allemands ont un grand sens du devoir et du respect des règlements. « Ils aiment quand tout est bien organisé et sécuritaire. Imaginez, la marque de papier de toilette la plus populaire s’appelle Soft und Sicher, ce qui veut dire doux et sécuritaire! », raconte Isabelle. Un autre exemple? « À Munich, même si la lumière est rouge au beau milieu de la nuit et qu’il n’y a aucune voiture en vue, les cyclistes attendent sagement la lumière verte. »Même après plusieurs mois, Isabelle ne manque pas d’anecdotes lorsqu’il s’agit de raconter sa ville d’adoption, qui l’épate chaque jour. Vous pouvez d’ailleurs suivre sa folle aventure européenne sur son blogue « Une Maskoutaine in Munich » au isabellenicolas.wordpress.com. Bon voyage!

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