8 mai 2014 - 00:00
Héros du jeudi
Tali Darsigny
Par: Maxime Prévost Durand

En haltérophilie, tout le monde connait Tali Darsigny, cette jeune athlète de la région maskoutaine qui rafle tout sur son passage. « C'est une machine elle! », entend-on dans la foule quand elle participe à une compétition. Pas plus tard que la fin de semaine dernière, elle battait de nouveaux records, éclipsant des marques qu'elle avait elle-même établies au Tournoi des Jeunes Louis-Cyr. Rencontre avec cette « machine » de la Machine Rouge.

Tu connais tellement de succès partout où tu passes. Est-ce qu’une certaine pression s’installe au fil du temps?

Je sais que j’ai un peu de talent, donc je veux bien performer. Je me mets souvent de la pression. Je suis stressée en compétition. Et l’an dernier, je performais tellement bien qu’on dirait que je n’avais plus de stress. Mais cette année, à certaines compétitions ça s’est moins bien déroulé, de là une certaine pression par la suite parce que je veux retrouver les résultats que je suis capable d’atteindre et continuer de progresser.

Encore ce week-end, tu as battu des records. Parmi ceux que tu détiens, lequel te rend le plus fière?

Ceux des Jeux du Québec en 2013 parce que c’était le résultat d’une grosse progression de ma part. Ça s’était bien déroulé comme compétition, j’avais réussi tous mes essais (6/6). En ce qui concerne les records que je détiens aux Jeunes Louis-Cyr, j’ai toujours manqué des essais et je n’étais pas toujours satisfaite de moi. J’aurais toujours aimé pouvoir faire plus.

Ton petit rituel avant de monter sur le plateau?

Parfois j’écoute de la musique pour me relaxer, puisque j’aime être dans ma bulle, ne pas être dérangée. Sinon, je me concentre, je visualise mes barres et je n’écoute personne mis à part mon père (Yvan Darsigny, entraîneur de la Machine Rouge). Je sais que mon père va me dire les bonnes choses parce qu’il a de l’expérience. Je n’ai pas un gros rituel et je ne suis plus tellement superstitieuse. Avant j’étais plus superstitieuse, j’avais mes bas chanceux (rires). Mais à la fin, ils étaient troués donc j’ai dû les jeter!

Ce que tu adores du sport?

L’haltérophilie, c’est juste toi et ta barre. Tu travailles pour toi seulement et ce sont les efforts que tu fais qui sont récompensés. Tandis que dans un sport d’équipe par exemple, lorsque tu connais une moins bonne journée, les autres peuvent être là pour compenser. J’aime mieux avoir mes défis personnels. L’haltérophilie te permet de te fixer des objectifs précis.

Ce que tu aimes moins du sport?

J’y pensais justement pendant la compétition (des Jeunes Louis-Cyr). Je me disais que c’est long! Avant je faisais du patinage artistique et la prestation durait deux ou trois minutes et après c’était fini. En haltéro, ça dure longtemps et tu es stressé durant tout ce temps. Pendant la compétition, je suis très souvent la dernière donc je dois attendre que tout le monde passe et après l’arraché, je dois attendre aussi pour l’épaulé-jeté. Des fois la compétition peut durer deux heures. C’est ce que j’aime moins.

Épaulé-jeté ou arraché?

Maintenant, je crois que j’aime mieux l’arraché. Avant je préférais l’épaulé-jeté parce que j’étais plus forte que technicienne. Je me suis beaucoup améliorée techniquement et ça m’a aidée à l’arraché. Je ne manque pratiquement jamais de barres à l’entraînement maintenant à l’arraché.

La recette secrète pour exceller en haltérophilie?

La discipline. J’ai toujours été une personne disciplinée que ce soit à l’entraînement ou à l’école. Je ne rate jamais un entraînement et si je dois en rater un, je vais m’entraîner la veille ou le lendemain. À l’école, ça me suit aussi. Je ne suis pas capable de ne pas faire un devoir parce que je sais que c’est ça qui va m’aider à réussir. C’est aussi une question de volonté. Quand tu veux réussir, tu fais les efforts en conséquence.

La plus grande épreuve que tu as traversée?

Mes premiers Jeux du Québec. Ça allait super bien à l’entraînement dans ma préparation et ça faisait déjà deux ans que mon père me motivait pour que je sois en forme pour les Jeux du Québec. Mon objectif, c’était de gagner une médaille d’or. Et quand j’y suis arrivée, la pression était vraiment grande puisque c’était ma plus grande compétition – je n’avais que 12 ans – et j’ai paniqué. J’avais réussi deux fois des barres de 57,5 kg facilement à l’entraînement derrière le plateau et on a mis la première barre à 60 kg. J’avais déjà réussi des levers à 62 kg, donc je me disais qu’à 60 kg ça allait être correct. Mais finalement j’étais tellement stressée que j’ai fait un zéro. J’ai trouvé ça difficile de passer au travers de ça. Quand tu fais un zéro à une compétition, tu y repenses toujours aux compétitions suivantes et ça joue sur la confiance.

La seule compétition qu’il reste cette saison est le Championnat canadien. L’an dernier, tu avais terminé au deuxième rang chez les 58 kg derrière Annie Moniqui. Cette année, Annie n’y sera pas. Est-ce que ça signifie que la porte est grande ouverte pour un premier titre canadien senior?

Je vois que je commence à plafonner chez les 58 kg (parce qu’elle doit perdre constamment du poids pour faire le poids aux compétitions de 58 kg), et comme l’été arrive, ce serait le moment idéal pour monter de catégorie, donc je crois que je vais monter chez les 63 kg pour le Championnat canadien. Ce qui me pousse aussi à monter, c’est qu’il y a énormément de participantes chez les 58 kg et c’est la catégorie avec le niveau le plus relevé. Avec mon meilleur total, comparativement au meilleur total des autres participantes, je risquerais de terminer au 4 e rang chez les 58 kg, alors que j’aurai des chances de mieux me classer chez les 63 kg.

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