22 septembre 2011 - 00:00
Le signaleur l'entraîne dans un piège
Terrorisée à un passage à niveau
Par: Le Courrier

Après avoir suivi en toute confiance un signaleur qui l'entraînait carrément dans un piège, Jocelyne Beaudoin s'est retrouvée en plein cauchemar la semaine dernière au passage à niveau du chemin Grand Rang, à Saint-Hyacinthe.

« Je tremblais de partout. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie », a confié la Maskoutaine en racontant son incroyable aventure.

Le mardi 13 septembre, Mme Beaudoin se rendait comme d’habitude dîner à la maison en passant par le chemin Pinard. Rendue tout près de l’intersection du chemin Grand Rang, où des travaux d’asphaltage sont en cours, elle et quelques autres automobilistes doivent s’immobiliser et attendre qu’on les fasse passer.Au bout d’une dizaine de minutes, une camionnette jaune servant de véhicule d’escorte vient se placer devant la file de voitures et on fait signe aux automobilistes de le suivre. Il est environ 12 h 40. Le petit cortège se met donc en route et tourne à gauche dans le chemin Grand Rang, où se trouve le chantier, en direction des deux voies ferrées et du passage à niveau. La voiture de Jocelyne Beaudoin est la sixième ou la septième de la rangée. Lorsqu’elle s’engage à son tour dans la traverse, l’impensable se produit : la cloche d’alarme se met à sonner, puis les barrières de sécurité se rabattent. « Un train arrivait : il s’est mis à crier, crier, il ne pouvait pas s’arrêter! Ce que je n’ai jamais compris, c’est pourquoi la camionnette de signalisation n’a pas avancé. On est tous resté coincés derrière elle. J’ai vu un signaleur qui était tout près se prendre la tête à deux mains : il ne comprenait pas ce qui se passait », raconte Mme Beaudoin, encore tout ébranlée.Les trois voitures qui se trouvaient devant elle se sont collées à la barrière le plus possible pour s’éloigner de la voie ferrée et du train. Elle a fait de même, s’alignant en direction du fossé, mais il ne restait plus beaucoup d’espace. « Je n’étais pas certaine que je m’étais assez dégagée. J’étais morte de peur », poursuit-elle.Puis le train est passé, mais sans rien toucher, comme par miracle. Ce qui aurait pu virer au drame s’est joué en quelques secondes, explique celle qui a échappé au piège de justesse. « Ce n’est pas fort, ce qui est arrivé ce midi-là. Ils connaissaient l’horaire des trains, mais ils ont quand même mis nos vies en péril, et ils ont paniqué. Il n’y a pas un cours qui se donne là-dessus (la signalisation)? Je n’ai pas de mots pour dire ce que je pense de ça. »Menant sa propre enquête, elle a appris que les travaux étaient exécutés par la firme Pavage Maska pour le compte du ministère des Transports, mais que l’entrepreneur général avait confié la signalisation sur le chantier à un sous-traitant. Elle s’attend à ce que la firme qui a obtenu ce contrat en sous-traitance soit éventuellement blâmée, mais elle considère que ce ne sera pas suffisant. « Ce n’est pas d’un avertissement qu’il a besoin : il n’est carrément pas à sa place ce monsieur-là. Toutes les personnes à qui j’en ai parlé sont « sans connaissance » de ce qui s’est passé », assure Jocelyne Beaudoin.Du côté du ministère des Transports, on souligne sur le site Internet que depuis la saison des travaux 2002, le personnel affecté à la signalisation et les signaleurs eux-mêmes doivent avoir suivi un cours de formation et obtenu une attestation de réussite. « Le Ministère exige que le signaleur travaillant sur le réseau routier ait une carte de signaleur », précise-t-on.Au ministère des Transports, on assure que la compétence des signaleurs fait toujours l’objet d’une vérification. « Pour ce projet, le personnel sous-traitant a dû exhiber ses cartes à notre surveillant de chantier », affirme Ginette Gagnon, conseillère en communications à la Direction régionale de l’Est de la Montérégie. Elle a précisé que dans tous les projets, peu importe l’incident, l’interlocuteur du Ministère est toujours l’entrepreneur général puisque c’est lui qui est responsable du chantier. « S’il se produit quelque chose, nous recevons le signalement du citoyen et nous lui apportons des réponses. S’il y a lieu, nous veillons à ce que des correctifs ou des ajustements soient faits, bien sûr », a expliqué Mme Gagnon.Hier matin, en passant par le chemin Grand Rang, Jocelyne Beaudoin a eu le plaisir de constater que les mesures de sécurité près du passage à niveau avaient été renforcées. « Je suis contente. J’ai parlé de ce qui est arrivé et ils se sont réveillés! », a-t-elle conclu.

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