24 avril 2014 - 00:00
The Acton Shoe Co. Limited (2)
Par: Le Courrier
Montage d’après les catalogues conservés à la Société d’histoire de la région d’Acton.

Montage d’après les catalogues conservés à la Société d’histoire de la région d’Acton.

Montage d’après les catalogues conservés à la Société d’histoire de la région d’Acton.

Montage d’après les catalogues conservés à la Société d’histoire de la région d’Acton.

La production

La production

Au début, et ce, jusque vers 1920, les opérations commençaient par l’achat de peaux brutes, directement chez les cultivateurs ou des commerçants locaux. Ces peaux étaient immédiatement dirigées à la tannerie et le procédé du tannage comprenait six étapes : 1 — le trempage des peaux dans l’eau salée; 2— le grattage pour enlever la chair; 3— le chaulage; 4— l’épilation (l’époilage); 5— le rinçage; 6— le tannage.

Le tannage se faisait à l’écorce de pruche broyée. La pruche provenait d’une terre à bois appartenant à la famille Lemay, située sur les terrains de la mine. Les billots de pruche étaient transportés à l’usine et écorcés sur place. L’écorce était broyée par un moulin spécial, puis elle était jetée dans de grandes cuves d’environ 10 pieds de diamètre par 6 pieds de hauteur, remplies d’eau. Ensuite, on procédait au bouillage au moyen d’un tuyau à vapeur qui descendait dans cette cuve. Ce bouillage durait à peu près 24 heures et l’on obtenait ainsi une sorte de liquide d’un rouge brun. Lorsque cette teinture était partiellement refroidie, elle était transvasée dans des cuves de 6 pieds de diamètre par 5 pieds de profondeur et les peaux y étaient jetées pour le tannage qui pouvait prendre de cinq à six mois, selon l’épaisseur des peaux. Il y avait ensuite le corroyage, l’huilage et l’étirage du cuir. À cette époque, les chaussures étaient faites à la main : montage sur formes de bois, chevillage, semelles posées à la cheville de bois. On travaillait avec une cheville de bois entre les dents. On perçait le trou avec l’alène, plaçait la cheville et on l’enfonçait au marteau. Les bottes « Napoléon » et « Malouines » étaient chevillées à trois rangs. Ces bottines avaient deux rangs de chevilles et un troisième dans le crambrion. Les talons étaient posés à la main avec des clous carrés en fer. Les mocassins se faisaient en deux morceaux : l’empeigne et le pied. Le pied était cousu à la main après la tige et l’on se servait de soies de cochon pour faire ce travail. La production était de 60 paires de chaussures par jour et environ 50 paires de mocassins : il y avait alors une trentaine d’employés. La guerre de 1914-1918, qui fut pour l’industrie canadienne de la chaussure un important stimulant, permit à l’usine d’Acton Vale de prendre définitivement son essor, si bien qu’en 1920 il faut agrandir, en doublant la superficie des bâtiments déjà existants. L’année 1937 marque une nouvelle expansion des affaires, et l’on est forcé de bâtir une rallonge à trois étages de 75 pieds de long. Cette année-là marque aussi un changement de nom pour la compagnie mère. En effet, selon les documents conservés aux Archives Nationales du Québec à Montréal, numéro 864, volume 6-C.F.S., folio 296, le 6 février 1937, le lieutenant-gouverneur du Québec accordait de nouvelles lettres patentes, sous le nom de « Alfred Lambert Incorporée », enregistrées au greffe judiciaire de Montréal le 4 mars suivant. En 1940, les affaires de la tannerie marquant de nouveaux progrès, il faut de nouveau construire, et cette fois-ci c’est une aile à deux étages de 100 pieds de long que l’on aménage. On en profite pour mettre la dernière main à la modernisation de l’outillage qui alors peut se comparer avantageusement à celui des plus importantes tanneries du pays. Au début des années 1940, comme la cordonnerie ne pouvait utiliser toute la production très spécialisée de la tannerie et que la Maison Alfred Lambert n’absorbait pas toute la fabrication de la cordonnerie, une organisation de ventes, directement de la manufacture, s’imposait. Les activités de la tannerie ont cessé vers 1945; c’est à partir de ce moment-là que l’on a commencé à acheter des peaux préparées venant de l’Ontario et des États-Unis. De leur côté, les affaires de la cordonnerie vont de l’avant. Sa production, de 600 paires par jour qu’elle était en 1939, passe deux ans plus tard, à 1 500 paires, et en 1958 l’Acton Shoe produisait une moyenne de 2 500 paires de souliers par jour et comptait au-delà de 200 employés. Il faut signaler qu’au lieu d’y fabriquer presque exclusivement de la grosse chaussure à clous comme par le passé, on y produit près de 1 200 paires par jour de souliers fins dont plus de 400 paires de souliers Goodyear Welt de haute qualité. La production s’est maintenue stable pendant environ deux décennies. Toutefois au début des années 1970, l’industrie de la chaussure de cuir subit de lourdes pertes dues principalement à l’importation, ce qui s’est reflété dans la production de l’usine locale. Le prochain article, traitera de la main-d’oeuvre.

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