15 Décembre 2011 - 00:00
Un cadeau saveur nature
Par: Le Courrier
Une saveur (de chips, ou au mieux, de yogourt), c’est probablement la première chose qui vient à l’esprit des enfants lorsqu’ils entendent prononcer le mot nature. Exagéré? Peut-être… Pourtant, de nombreuses études démontrent que nos enfants s’éloignent de la nature, la vraie.

Une saveur (de chips, ou au mieux, de yogourt), c’est probablement la première chose qui vient à l’esprit des enfants lorsqu’ils entendent prononcer le mot nature. Exagéré? Peut-être… Pourtant, de nombreuses études démontrent que nos enfants s’éloignent de la nature, la vraie.

Saviez-vous qu’à quatre ans, un enfant reconnaît 7 % des personnages Pokémon qu’on lui présente, mais qu’il peut nommer cinq fois plus d’animaux (32 %)? Vous voilà rassurés? Attendez… Selon le même sondage réalisé en 2002 au Québec, quatre ans plus tard, les enfants ont considérablement amélioré leur connaissance des Pokémons (ils en reconnaissent dix fois plus, soit 78 %). Et pour les animaux? À peine plus qu’à la première tentative (53 %)! Malheureusement, le manque de vocabulaire n’est pas le seul impact. Nos enfants sont privés d’expériences et d’enseignements essentiels à leur développement : découvrir son environnement immédiat (Ne t’éloigne pas, tu pourrais te perdre ou te faire enlever!), se questionner et s’émerveiller devant toutes sortes de formes de vie (Beurk! Retourne cette grenouille d’où elle vient!), vibrer devant de nouvelles odeurs, couleurs, textures (Attention, tu vas te salir et finir par attraper une maladie!), se débrouiller face à l’inattendu (Arrête, tu n’es pas capable!), se surpasser (Tu vas te faire mal!), créer des scénarios, des jeux (Tu ne pourrais pas faire quelque chose d’utile?), expérimenter le silence et le calme (Viens, je vais t’inscrire à un huitième cours…). Nos enfants sont bel et bien branchés, mais ils sont déconnectés de la nature, de leur nature, et cela entraîne des impacts négatifs sur leur santé, physique et mentale. En 2007, le Daily Telegraph de Londres faisait paraître une lettre signée par 270 experts de l’enfance qui affirmaient que la détérioration de la santé des enfants était directement reliée à la diminution des jeux dehors. Vous croyez que c’est différent de ce côté de l’Atlantique? Malheureusement non. À preuve, pour la première fois depuis des décennies, voire des centaines d’années, nos enfants nés en 2008 et après affichent une espérance de vie plus courte que celle de leurs parents! L’obésité, l’embonpoint, les problèmes cardiaques, le diabète, les allergies, l’asthme, etc. sont en recrudescence chez les jeunes. Et ces maladies sont toutes liées à un manque d’activités, dehors. Le corps n’est pas le seul à subir les contrecoups de ces habitudes sédentaires et casanières. Peut-être connaissez-vous l’inventeur du mot « biodiversité », le célèbre entomologiste Edward O. Wilson. Ce grand scientifique a aussi inventé le terme « biophilie ». Non, ce n’est pas une autre maladie! Au contraire, ce terme désigne notre affinité intime avec la nature, un lien développé au cours des millions d’années de notre évolution, essentiel, et que nous recherchons à chaque moment de notre vie. Si ce besoin de nature n’est pas satisfait, nous sommes en manque. Cela fait partie de notre équilibre. Plusieurs recherches ont d’ailleurs démontré que le contact avec la nature, même minimal, permet de soulager plusieurs maux, et dans certains cas de remplacer la médication, chez des jeunes présentant des problèmes d’hyperactivité, de troubles de l’attention ou de comportement, de dépression, etc. Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que nous en arrivions là? La réponse est simple : nous valorisons maintenant les activités intérieures au détriment des activités dehors (avec tous ces écrans qui nous entourent…), nous disposons de moins en moins de temps libre, et malgré que nous n’ayons jamais été autant en sécurité, de nombreux parents sont en quête perpétuelle de sécurité pour leurs précieux rejetons. De plus, alors que plus de la moitié de la population mondiale vit maintenant dans les villes, la réduction des espaces verts accessibles est une situation préoccupante. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons renverser la vapeur. La solution est à notre portée! Que chacun se choisisse un enfant! Ou plusieurs! Et amenez-les dehors. Offrez-leur le plus beau cadeau qui soit : présentez-leur cette merveilleuse nature à découvrir, et apprenez avec eux. Marchez dans la forêt, jouez dans la neige et, l’été prochain, agenouillez-vous devant une fourmilière, cultivez des légumes (saveur nature!). Mais surtout, donnez-leur du temps, libre, dehors. Cet article a été inspiré par deux lectures essentielles : Louv, Richard. Last Child in the Woods. Saving Our Children From Nature-Deficit Disorder. Algonquin Books of Chapel Hill, 2005. Cardinal, François. Perdus sans la nature. Comment les jeunes ne jouent plus dehors et comment y remédier. Québec Amérique, 2010. -30-

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