29 novembre 2018 - 00:00
Exceldor à Saint-Hyacinthe
Un coup de circuit?
Par: Martin Bourassa

J’ai souvent écrit que nous n’avions pas le luxe d’échapper l’usine Exceldor de Saint-Damase. Que sa relocalisation devait se faire obligatoirement dans la MRC des Maskoutains, voire à Saint-Hyacinthe puisque c’était l’intention de départ.


J’écris « nous » au sens large, au sens le plus inclusif du terme. De façon spécifique, je renvoyais la balle à nos amis de Saint-Hyacinthe Technopole, les représentants économiques de la Ville de Saint-Hyacinthe dans ce dossier. C’est André Barnabé et sa petite équipe qui avaient le mandat de s’entendre avec Exceldor, soutenus il va sans dire par les autorités municipales. En octobre, j’avais même lancé une balle courbe en direction de Saint-Hyacinthe Technopole, en rappelant que Drummondville venait de convaincre CGI d’y implanter 300 emplois d’ici cinq ans alors que nous attendions toujours le signal d’un coup de circuit avec Exceldor. Hé bien, ce coup de circuit est à nos portes. Une entente de principe est intervenue entre la Ville de Saint-Hyacinthe et la coopérative pour l’implantation d’un abattoir de 175 M$ comptant 520 employés sur une terre de l’avenue Pinard, près du Grand Rang. On croit comprendre que la Ville de Saint-Hyacinthe a déroulé le tapis rouge aux pieds d’Exceldor, mais la Ville refuse de révéler la teneur des cadeaux consentis. On devine qu’ils prennent la forme d’un terrain cédé à prix d’ami et d’un généreux crédit de taxes, mais cela n’est que pure spéculation. Ces cachoteries n’ont pas lieu d’être, d’autant plus qu’elles découlent d’une étrange résolution de la Ville de Saint-Hyacinthe qui n’en finit plus de négocier des ententes secrètes avec le privé. Nous y reviendrons éventuellement.

Dans le dossier Exceldor, le coup de circuit est pour l’instant théorique. En pratique, il reste des obstacles à surmonter avant de pouvoir crier victoire. Si l’approbation du syndicat de l’usine Saint-Damase et l’appui des gouvernements supérieurs au montage financier semblent acquis, il en va autrement de la bénédiction qu’il faudra obtenir de la Commission de protection du territoire agricole du Québec.

Le terrain visé est zoné agricole et sert à cultiver du maïs, même s’il appartient à la Ville depuis une transaction qui n’a pas été à son avantage jusqu’ici. Il faut donc convaincre la CPTAQ de prioriser le développement économique. Ce n’est jamais automatique et c’est tant mieux. Pendant la dernière campagne électorale provinciale, le candidat péquiste s’était d’ailleurs moqué d’une question que je lui avais posée à ce sujet, à savoir si la CPTAQ devait assouplir ses positions quand des intérêts économiques sont en jeu. On y arrive les amis. À cette même question posée sur notre site Internet, nos lecteurs sont divisés. Même qu’une légère majorité des quelque 150 répondants prétend que les intérêts agricoles devraient primer. Mais s’il est démontré qu’il n’y a aucune autre option locale pour Exceldor, il serait dramatique à bien des égards que la CPTAQ refuse.

Quoi qu’en dise ou en pense l’UPA, le feu vert doit venir. Il y a trop d’emplois en jeu et l’investissement projetté est dans l’agroalimentaire, donc à sa place.

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