16 février 2017 - 00:00
Des recommandations ignorées par le MSP
Un deuxième décès en cinq ans au Palais de justice de Saint-Hyacinthe
Par: Maxime Prévost Durand
Un deuxième décès en cinq ans au Palais de justice de Saint-Hyacinthe

Un deuxième décès en cinq ans au Palais de justice de Saint-Hyacinthe

Un deuxième décès en cinq ans au Palais de justice de Saint-Hyacinthe

Un deuxième décès en cinq ans au Palais de justice de Saint-Hyacinthe

Un détenu s’est enlevé la vie dans une cellule du Palais de justice de Saint-Hyacinthe le 2 décembre. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Un détenu s’est enlevé la vie dans une cellule du Palais de justice de Saint-Hyacinthe le 2 décembre. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Un détenu s’est enlevé la vie à l’intérieur des murs du Palais de justice de Saint-Hyacinthe, au début décembre, même s’il se trouvait en cellule surveillée par des agents correctionnels. Il s’agit d’un deuxième suicide à survenir en cinq ans à cet endroit, le seul parmi tous les palais de justice au Québec où de tels gestes ont été posés depuis 2011.


Sébastien Goffette a été retrouvé mort, pendu par ses lacets, le 2 décembre. Arrêté la veille, il devait comparaître ce matin-là pour faire face à des accusations de bris de condition, violence conjugale et harcèlement.

En 2011, Marco Michaud s’était aussi enlevé la vie en cellule de détention au Palais de justice de Saint-Hyacinthe. Le ministère de la Sécurité publique (MSP) rapporte qu’il s’agit du « seul autre suicide commis dans un tel endroit à être répertorié » à l’échelle provinciale avant celui de Sébastien Goffette.

En lien avec le premier drame, le Bureau du coroner avait pourtant recommandé dans son rapport d’investigation en 2013 que des mesures préventives soient appliquées à tous les détenus, notamment d’enlever les ceintures et lacets. « Bien qu’il existe un formulaire d’échelle d’évaluation des risques suicidaires et que celui-ci est basé sur un questionnaire et le jugement d’un agent, nous croyons qu’on ne peut se fier totalement aux réponses de personnes suicidaires qui peuvent très bien cacher leur jeu », indiquait le Dr Louis-Jean Roy dans son rapport.

Cette recommandation n’a toutefois pas été mise en application par le MSP. « Demander aux prévenus de se départir de leurs lacets et leur ceinture avant leur comparution pourrait s’avérer humiliant et non justifié, a soutenu Louise Quintin, relationniste du MSP, dans une correspondance avec LE COURRIER. Par ailleurs, une telle mesure ne pourrait éliminer tout risque de suicide. »

La conjointe de Sébastien Goffette, qui n’a pas souhaité être identifiée, s’explique mal comment son conjoint a pu s’enlever la vie sans que quiconque s’en aperçoive. Elle remet également en question la décision des agents correctionnels de lui avoir laissé ses lacets après ses bottes. « J’avais précisé aux policiers qu’il avait des problèmes de santé mentale et il a été laissé à lui-même. Je ne comprends pas qu’on lui ait laissé ses lacets », a-t-elle raconté au COURRIER, encore bouleversée.

Dépression

L’homme de 39 ans était affecté par une dépression majeure, a expliqué sa conjointe. Une demande avait été formulée afin qu’il soit suivi par un psychiatre, mais les longs délais d’attente ont fait en sorte qu’il n’avait toujours pas rencontré ce type de spécialiste.

« Depuis 3 ou 4 semaines, j’avais l’impression qu’il tombait en psychose par moment. Il était plus arrogant et il était dur dans ses propos. » C’est justement lors de ces dernières semaines que Sébastien Goffette aurait commis un épisode de violence conjugale à son égard. À ce moment, la femme s’était réfugiée chez sa mère, mais son ami de cœur avait tenté à plusieurs reprises d’entrer en communications avec elle par téléphone.

Elle avait alors porté plainte à la police pour mettre fin à cette situation. Son appel à l’aide a mené dans les jours suivants à l’arrestation de son conjoint même si les choses étaient redevenues moins tendues au sein du couple.

Selon elle, il prenait de la médication en lien avec ses problèmes de santé mentale. Jamais il n’avait toutefois tenu de propos suicidaires à sa connaissance. « C’était un gars tranquille, il faisait ses petites affaires. Je ne comprends pas. »

Enquête

Sébastien Goffette se serait enlevé la vie malgré la présence de caméras de surveillance et d’agents correctionnels dans le quartier cellulaire. Il aurait commis son geste fatal dans un angle à l’abri de la caméra.

Une enquête criminelle est présentement menée par la Division des enquêtes des crimes majeurs de la Sûreté du Québec, tandis que la Direction de la vérification interne, des enquêtes et de l’inspection du ministère de la Sécurité publique mène de son côté une enquête administrative. Le dossier est également entre les mains d’un coroner.

Le coroner Louis-Jean Roy n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

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