22 août 2019 - 14:19
Travaux de réfection au Stade L.-P.-Gaucher
Un entrepreneur maskoutain écarté pour des « erreurs de calcul »
Par: Maxime Prévost Durand
L’un des deux vestiaires dont la nécessité de travaux se faisait bien sentir. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’un des deux vestiaires dont la nécessité de travaux se faisait bien sentir. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La mise à niveau partielle du Stade L.-P.-Gaucher coûtera finalement bien plus cher que prévu. Pour la plus importante partie des travaux, consistant en la réfection de la chambre des arbitres et des vestiaires 3 et 4, un contrat de 903 777 $ a été octroyé à Marieville Construction, même si c’est plutôt l’entreprise maskoutaine Construction Fluet qui affichait le plus bas prix à l’ouverture des soumissions.

Des « erreurs de calcul » sont à l’origine de ce revirement de situation, a indiqué la Ville lorsque questionnée par LE COURRIER. « Toutes les soumissions étaient conformes. Notre Division de l’approvisionnement a seulement détecté des erreurs de calcul dans les bordereaux de soumission, lesquelles affectaient l’ordre des soumissions. Une fois ces erreurs corrigées, nous avons retenu le plus bas soumissionnaire conforme », a répondu la directrice des communications à la Ville, Brigitte Massé.

Selon les chiffres disponibles via le Système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec, Construction Fluet avait déposé une soumission à 876 370 $, ce qui la plaçait devant Groupe DCR (898 208 $), de Boucherville, Marieville Construction (903 777 $), puis Belmon Construction (1 077 000 $), de Boucherville. Or, la Ville affirme que les prix soumis par Construction Fluet et Groupe DCR présentaient des erreurs, ce qui, avec les chiffres révisés, a mené à l’octroi du contrat à l’entreprise marievilloise.

Avec ses propres calculs, la Ville arrive avec une différence pour le moins considérable alors que le nouveau montant associé à la soumission de Construction Fluet est de 1 198 039 $, une différence de 321 669 $ par rapport à son offre initiale. Quant à Groupe DCR, on parle d’un montant révisé de 1 007 435 $, soit 109 227 $ de plus que le montant présenté par l’entreprise.

Incompréhension

Du côté de Construction Fluet, on s’explique mal cette situation, inédite dans son cas. « C’est la première fois que ça nous arrive, a soutenu Enrico Fluet, président de l’entreprise maskoutaine, lorsque joint par LE COURRIER. […] On était le plus bas soumissionnaire, mais la Ville soutient qu’on a fait une erreur de calcul. De notre côté, on prétend qu’on n’a pas fait d’erreur. »

Puisque les travaux devaient être entamés « le plus tôt possible », Marieville Construction a lancé le chantier dès le 9 août, soit quatre jours après l’octroi du contrat. Cela mettait fin du même coup aux espoirs de Construction Fluet que la décision puisse être renversée. L’entreprise maskoutaine se résigne maintenant à évaluer les recours à sa disposition. « C’est clair qu’il y aura un litige parce qu’on ne partage vraiment pas la position de la Ville », a fait savoir M. Fluet.

La réalisation de ces travaux se fera en deux phases. La première consiste en la démolition et la reconstruction de la chambre des arbitres, tandis que la seconde sera consacrée aux vestiaires 3 et 4 de l’aréna, qu’il faut également démolir puis reconstruire, de même qu’aux locaux connexes, en plus d’exercer des travaux de plomberie, de ventilation, d’électricité et d’isolation.

« Les travaux ont été planifiés pour limiter au maximum les inconvénients pour les joueurs et visiteurs et pour permettre le maintien des activités, a indiqué Brigitte Massé. Il y aura nécessairement des ajustements en lien avec l’utilisation des vestiaires et une certaine cohabitation temporaire dans ces lieux, mais rien de majeur pour l’utilisation des glaces. »

Sous-estimation des coûts

Pour l’ensemble du projet, les coûts dépasseront largement le montant qui avait été prévu par la municipalité dans ce dossier.

« L’offre reçue représente une augmentation de 39 % par rapport à l’estimation budgétaire, a reconnu la directrice des communications de la Ville. Cette différence s’explique, entre autres, par les carnets de commandes déjà bien remplis des entrepreneurs et le nombre restreint d’entreprises actuellement disponibles pour effectuer ce contrat. »

Vu l’urgence des travaux, qui doivent être exécutés d’ici la tenue du tournoi de la Coupe Telus au printemps 2020, le fait de retourner en appel d’offres pour tenter d’obtenir des soumissions plus basses n’aurait pas été une tactique efficace, estime la Ville.

« Le marché connaît une “surchauffe” générée par une quantité hors du commun de projets au Québec. Dans ce contexte, le fait de rejeter les soumissions pour des raisons budgétaires et de retourner en appel d’offres ne permettrait pas d’obtenir de meilleurs prix », a ajouté Mme Massé.

Un bilan de santé à venir

En plus de cette mise à niveau partielle du Stade L.-P.-Gaucher, un aspect qui avait été requis dans la candidature de Saint-Hyacinthe pour accueillir le tournoi de la Coupe Telus en 2020, un bilan de santé complet de l’aréna sera déposé plus tard cet automne.

Un contrat avait été donné ce printemps à Beaupré Michaud Architectes afin de cibler les éventuelles améliorations à apporter à l’aréna, dont la construction remonte à 1937. On ignore toutefois à quel moment les travaux qui ressortiront de ce bilan seront réalisés.

« Cependant, les travaux prévus [cet automne] le sont en fonction des normes d’aujourd’hui. Ainsi, ils n’auront pas à être refaits lors de travaux ultérieurs », a tenu à préciser Brigitte Massé.

Des travaux d’éclairage ont déjà été exécutés plus tôt cette année pour une somme totale de 32 750 $, ce qui porte le coût global de cette mise à niveau partielle du Stade L.-P.-Gaucher à plus de 936 500 $.

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