8 avril 2021 - 13:19
Un incendie qui remet en lumière la pénurie de logements
Par: Maxime Prévost Durand
Où pourront être relogés les sinistrés de l’incendie de la rue Dessaulles dans les prochaines semaines et à long terme? Avec la pénurie de logements abordables qui sévit à Saint-Hyacinthe, la question est légitime et leur drame remet en lumière une problématique bien présente, à laquelle les solutions semblent manquer.

« Actuellement, on est encore en recherche d’un logement pour un couple à la suite d’un incendie qui est arrivé il y a deux ou trois semaines, fait remarquer Alexandra Gibeault, coordonnatrice pour l’organisme Logemen’mêle. Heureusement, ils ont trouvé quelque chose pour juillet, mais en attendant, ils vont où? »

S’il est déjà difficile de reloger ce couple, la tâche s’annonce colossale pour trouver un nouveau toit permanent aux quatre nouveaux sinistrés qui se sont ajoutés la fin de semaine dernière, craint Mme Gibeault.

« À court terme, des solutions, il n’y en a pas, se désole-t-elle. Ce qui est disponible, ce sont des logements dans des constructions neuves [à prix dispendieux]. »

Dans l’immédiat, les sinistrés de la rue Dessaulles ont pu être pris en charge par la Croix-Rouge ou des proches, mais il s’agit là d’une aide temporaire, rappelle la coordonnatrice de Logemen’mêle.

« On a vu sur les réseaux sociaux un propriétaire dire qu’il avait des logements disponibles pour les aider. Oui, c’est gentil la charité, mais ça ne leur donnera pas un toit à long terme », poursuit-elle.

Par voie de communiqué, le député fédéral de Saint-Hyacinthe-Bagot, Simon-Pierre Savard-Tremblay, a pour sa part évoqué que l’incendie de vendredi dernier « nous rappelle l’urgence de nous pencher sur la question du logement ».

« La ville de Saint-Hyacinthe a [eu] droit à plus que sa part en matière d’incendies [au cours des derniers mois]. Affichant le taux d’inoccupation le plus faible du Québec (0,3 %), il sera de plus en plus difficile de relocaliser les sinistrés », a-t-il commenté.

Au total, une quarantaine d’unités locatives ont été la proie des flammes et autant de familles ont dû se trouver un nouveau toit dans la dernière année, rapporte Alexandra Gibeault. Rien pour aider la réalité locative maskoutaine, analyse-t-elle.

« J’appréhende vraiment le 1er juillet. C’est inquiétant, martèle la coordonnatrice de Logemen’mêle. C’est inévitable, il n’y aura presque plus de logements. [Avec les incendies des derniers mois], il y a moins de logements disponibles et, en même temps, il y a plus de monde [à Saint-Hyacinthe]. »

Le projet de logement social Le Concorde est fort attendu pour aider à surmonter, ne serait-ce qu’un peu, la pénurie actuelle. Sa date de livraison, prévue en septembre, compliquera toutefois la transition de plusieurs personnes puisque les baux se terminent habituellement en juillet, souligne la coordonnatrice de Logemen’mêle.

« C’est sûr que, si on pouvait avoir accès aux logements de l’avenue Saint-François, ça nous aiderait, lance Alexandra Gibeault avec un demi-sourire dans la voix, mais un avis de démolition a déjà été donné ». Le comité de démolition de la Ville a effectivement tranché le 22 mars en faveur de la démolition.

À ce sujet, le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, a été interpellé par des citoyennes lors de la séance publique du conseil municipal du 6 avril. Compte tenu du contexte actuel, Chantal Goulet et Françoise Pelletier souhaitaient que le conseil revienne sur la décision du comité de démolition afin de préserver ces logements abordables.

Le maire a toutefois fermé la porte à cette possibilité. Même si le conseil est « sensible aux enjeux de logement » et y « travaille activement », « nous avons aussi besoin de revitaliser le centre-ville et le projet de Groupe Sélection va en ce sens », a-t-il déclaré.

Même le conseiller du secteur, Jeannot Caron, qui avait voté contre le projet à une séance ultérieure, a fait valoir la nécessité « d’amener des résidents » au centre-ville. « Il faut un équilibre entre des logements abordables et des logements pour des gens en moyens. Ça prend une diversité dans notre centre-ville et je crois qu’elle est en train de s’installer », a-t-il affirmé.

Avec la collaboration de Rémi Léonard

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