21 janvier 2016 - 00:00
Un ménage s’impose
Par: Martin Bourassa

Les images de toxicomanes en détresse à la suite de la fermeture précipitée de leur maison de ­thérapie ont atteint leur cible. Difficle de ne pas compatir à la détresse humaine, surtout quand elle affecte des gens déjà démunis.

J’ai pourtant eu du mal à le faire, ne ­pouvant me défaire de l’idée que ces ­victimes innocentes participaient peut-être sans le savoir à une mise en scène ­savamment orchestrée. En tout cas, la ­fermeture du centre de désintoxication ­Maléric dans Les Laurentides a eu son effet puisque le sujet a même fait les frais de l’émission de télévision Tout le monde en parle, la grand-messe du dimanche.

Plusieurs commentateurs ont dénoncé sans réserve les décisions d’un gouvernement sans coeur et sans scrupules. En ­modifiant les règles de l’aide sociale pour les individus qui suivent une thérapie et sont hébergés dans un centre, Québec ­aurait mis à mal les finances déjà précaires de ces centres, d’où des fermetures obligées.

Il y a sans doute beaucoup de vrai dans cet énoncé. Mais il faudrait aussi admettre qu’un ménage s’imposait et s’impose toujours dans les centres de toxicomanie.

Tous ne se valent pas et ne défendent pas les mêmes intérêts.

Ce n’est peut-être plus la norme, mais certains centres appliquent des programmes aux portées thérapeutiques suspectes et embauchent des thérapeutes sans ­formation adéquate, sinon apprise sur le tas à titre d’anciens résidents.

Des centres de ce genre, nous en avons vu quelques-uns dans la région de Saint-­Hyacinthe ces dernières années. Nous avons même en mémoire le traitement royal d’un directeur payé 80 $ l’heure pour 40 heures de travail par semaine.

Sur une base annuelle, on parlait d’un ­salaire supérieur à 165 000 $!

Nous n’allons pas généraliser et croire que tous les directeurs de centres de toxicomanie reçoivent le même traitement, mais il est quand même permis de s’interroger sur les pratiques qui ont cours sur le terrain où tous les modèles de centres ­cohabitent (Coop, OBNL ou entreprise ­privée). La réforme de l’aide sociale n’est certainement pas la mesure la plus ­efficace qui soit pour les départager, mais un examen plus approfondi et un bon ­ménage sont nécessaires.

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