22 octobre 2020 - 13:37
Exposition virtuelle du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe
Un premier ministre près de chez nous
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
Le chercheur du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe Paul Foisy (à droite) a consacré près de 300 heures à la création de l’exposition virtuelle Daniel Johnson, premier ministre du Québec (1966-1968), avec l’aide du directeur général du Centre, Luc Cordeau. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le chercheur du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe Paul Foisy (à droite) a consacré près de 300 heures à la création de l’exposition virtuelle Daniel Johnson, premier ministre du Québec (1966-1968), avec l’aide du directeur général du Centre, Luc Cordeau. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Un parc, un pont et un boulevard lui sont dédiés dans la ville de Saint-Pie. Sans contredit, le défunt premier ministre québécois, Daniel Johnson, a marqué la région maskoutaine au cours de sa carrière politique. Cinquante-deux ans après son décès, le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe (CHSH) commémore la vie de cet ancien député de Bagot grâce à l’exposition virtuelle Daniel Johnson, premier ministre du Québec (1966-1968).

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la pandémie qui a incité l’organisme culturel à utiliser la technologie pour présenter sa plus récente œuvre. « Ça fait deux ans qu’on travaille sur le projet. Depuis le départ, nous souhaitons faire une expo virtuelle, car ça nous permet de rejoindre davantage de gens que la publication d’un livre, par exemple », souligne Luc Cordeau, directeur général du CHSH.

En 2018, l’inauguration d’une plaque soulignant les 50 ans de décès de Daniel Johnson, devant son ancienne résidence secondaire à Saint-Pie, fait naître l’idée de cette exposition. « On m’avait approché pour que j’écrive le texte commémoratif pour la plaque. En faisant mes recherches, j’ai réalisé que nous avions suffisamment de matériel pour créer une exposition. Nous avions envie de rendre hommage à Daniel Johnson. Il n’est pas reconnu comme un grand premier ministre, car il n’a pas été en fonction assez longtemps. Or, il aurait pu le devenir. C’était important pour nous de lui donner ce qui lui revient », explique M. Cordeau.

Durant son mandat, Daniel Johnson a créé le réseau de l’Université du Québec, les cégeps, la Société d’habitation du Québec ainsi que Radio-Québec, entre autres.

Paul Foisy, chercheur et aide-archiviste au CHSH, abonde dans le même sens que son collègue. « Je tenais à ce que cette expo soit la plus sérieuse et grandiose possible. Le but était aussi de mettre l’accent sur la région maskoutaine, plus particulièrement sur Saint-Pie, où M. Johnson a été résident durant 22 ans. Il y a fort à parier que les nouvelles générations ne connaissent pas l’apport de Daniel Johnson dans la région. Les plus jeunes résidents de Saint-Pie seront fiers de savoir qu’un premier ministre a vécu dans leur ville. »

Lancée le 1er octobre, l’exposition, qui s’inscrit parfaitement dans l’air du temps, fait déjà jaser sur les réseaux sociaux et attire les commentaires élogieux, se réjouit M. Foisy. « Ça va certainement faire son bout de chemin », affirme-t-il avec confiance.

Le chercheur croit que les visiteurs seront surpris par le parcours atypique de Daniel Johnson. « On parle d’un jeune homme originaire de Danville, en Estrie, qui a abandonné ses études en prêtrise pour éventuellement se lancer en politique et devenir premier ministre. Pour l’époque, ce n’est pas banal! En fait, ça m’a scié les jambes quand j’ai appris tout cela. Ça nous démontre que n’importe qui peut réussir à se hisser au sommet de la pyramide québécoise », avance M. Foisy.

Responsable de la réalisation de l’exposition, Paul Foisy a consacré près de 300 heures à départager plus d’une centaine de documents concernant la vie et la carrière de Daniel Johnson. Le fonds d’archive concernant cet ancien étudiant du Séminaire de Saint-Hyacinthe est notamment garni d’articles de journaux, de livres et de dépliants de l’Union nationale, le parti politique de M. Johnson.

En quelques clics de souris, les visiteurs peuvent parcourir les quatre rubriques bien étoffées de l’exposition, soit L’homme, Député de Bagot, Premier ministre et Décès.

La sélection des photos a également joué un rôle capital dans le montage de l’œuvre commémorative. « Il y a autant d’histoire sous les légendes des photos que dans les rubriques », note M. Foisy. En effet, le CHSH a à sa disposition d’innombrables clichés de Daniel Johnson capturés par Raymond Bélanger, un ancien photographe du Courrier de Saint-Hyacinthe. On peut donc apercevoir l’homme politique en action dans divers lieux et municipalités de la région.

Près des gens

Paul Foisy et Luc Cordeau sont unanimes. S’il y a bien une chose qui distinguait Daniel Johnson, c’est sa relation de proximité avec les Saint-Piens. « Il était de tous les événements dans la paroisse. Nous avions l’impression qu’il était un citoyen de la place, alors que sa résidence principale était à Montréal », se remémore M. Cordeau, natif de Saint-Pie.

Ce n’est pas sans raison que Daniel Johnson a choisi de s’établir dans la municipalité rurale, en 1946. Candidat favori de Maurice Duplessis pour l’élection partielle dans Bagot, l’homme politique a eu l’audace d’acheter une maison à trois portes de son adversaire, dans la paroisse la plus libérale du comté.

Le directeur général du CHSH conserve également un vif souvenir du décès foudroyant de Daniel Johnson. « J’étais présent à l’église de Saint-Pie lors de ses funérailles. J’avais seulement 9 ans quand il est mort, mais je me souviens que je n’avais jamais vu autant de gens à l’église. C’était une mer de monde. On faisait la file à l’extérieur. Tout le monde connaissait Daniel Johnson dans la municipalité et voulait lui rendre un dernier hommage », témoigne-t-il.

Victime d’une crise de cœur, celui qui fut premier ministre de 1966 à 1968 a rendu l’âme à Manicouagan au lendemain de l’inauguration du barrage Manic-5, qui allait éventuellement porter son nom.

L’exposition virtuelle est disponible au danieljohnson.quebec ou en visitant le site web du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe.

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