30 octobre 2014 - 00:00
Réforme Barrette
Un projet de loi débranché des besoins de la population, soutient Jean Lemonde
Par: Le Courrier
Le président du CSSSRY, Jean Lemonde, a songé à démissionner au lendemain de l’annonce de la réforme en santé du ministre Gaétan Barrette.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le président du CSSSRY, Jean Lemonde, a songé à démissionner au lendemain de l’annonce de la réforme en santé du ministre Gaétan Barrette. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le président du CSSSRY, Jean Lemonde, a songé à démissionner au lendemain de l’annonce de la réforme en santé du ministre Gaétan Barrette.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le président du CSSSRY, Jean Lemonde, a songé à démissionner au lendemain de l’annonce de la réforme en santé du ministre Gaétan Barrette. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La réforme du ministre Gaétan Barrette laisse un arrière-goût amer au président du Centre de santé et de services sociaux Richelieu-Yamaska (CSSSRY), Jean Lemonde, qui craint que la population soit exclue de la prise de décision dans le domaine de la santé.

« L’État est en train d’implanter une organisation qui ne veut plus et qui se dissocie de l’implication citoyenne. Quand la direction du CSSS nous amène un projet au conseil d’administration, nous l’évaluons et il arrive souvent que le projet prenne une tangente différente. Ça, c’est parce que même si nous avons une équipe de gestion très compétente, les membres du c.a. ont une sensibilité et une façon d’être ancrés dans la population qui est différente », affirme M. Lemonde, qui préside à titre de bénévole le CSSSRY depuis 2008.

« À partir du moment où cette prise de décision n’est plus ici, on est plus dans la même game, poursuit-il. Quand tu frottes une priorité à une autre sur un grand territoire, ça se peut bien que ce soit Charles-Le Moyne, par exemple, qui l’emporte et pas Saint-Hyacinthe. »

Il indique s’être senti « non respecté » en tant que citoyen impliqué dans sa communauté et avoir même songé à « lever les pattes », comme d’autres administrateurs, au lendemain de l’annonce du projet de loi. « Nous n’avons pas été consultés. Rien avant les élections ne laissait présager que le ministère prendrait cette direction. En créant une organisation avec des gens nommés à tous les niveaux, le pouvoir ministériel devient plus grand. Il n’y a pas un ministre qui a autant de pouvoir, pas même le premier ministre. »

Le ministre Barrette envisage de réduire à un seul par région les conseils d’administration en plus de procéder à la nomination de ses membres. Les CSSS et les agences de santé seraient quant à eux fusionnés en Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS). Pour la Montérégie, le CISSS serait basé à Longueuil et regrouperait une population d’un million et demi de personnes.

Jean Lemonde s’est aussi dit dépassé par le fait que certaines personnes aient une vision si étroite des centres de santé qu’elles n’y voient que l’hôpital et ses malades.

« Si nous ne nous occupions que des malades, même en multipliant le nombre d’hôpitaux et en offrant un médecin de famille à chacun, nous serions toujours dans la maladie. Si nous souhaitons un Québec en santé, nous devons travailler le volet maladie, mais aussi être dans la prévention et ça, ça passe par des liens avec les réseaux locaux de services », estime le président.

Il assure que sa critique du projet de loi proposé par un gouvernement libéral n’est pas teintée par une opinion politique, malgré ses nombreuses cotisations au Parti québécois.

Le président affirme d’ailleurs ne pas être réfractaire au changement, « mais on doit prendre le temps de s’asseoir et de regarder de quelle façon on va travailler notre territoire. Pour le moment, nos territoires sont à grandeur humaine acceptable, mais nous [présidents de CSSS] serions prêts à évaluer les zones grises qui s’y trouvent ».

DG et CLD

Jean Lemonde avoue ne pas comprendre le refus de la directrice générale du CSSSRY, Lise Pouliot, face aux demandes d’entrevues concernant ses fonctions supplémentaires à Saint-Jean-sur-Richelieu, elle qui n’hésite généralement pas à se saisir des tribunes.

« On peut dire que l’on devra se priver de Lise la moitié du temps, mais c’est conditionnel à une courte période d’absence. Le c.a. a accepté cette décision, car il a l’assurance que l’équipe de gestion derrière la directrice générale s’engage à en prendre un peu plus sur ses épaules et à garder le rythme », explique-t-il.

Quant au dossier d’enquête mené par LE COURRIER sur la gouvernance au CLD Les Maskoutains et à la Cité de la biotechnologie, M. Lemonde, qui siège à titre d’administrateur au CLD, n’avait qu’un commentaire à formuler.

« J’en perds mon latin dans ce dossier. Je ne suis pas certain que les citoyens ordinaires comprennent. Ont-ils même besoin de comprendre? Je ne sais pas, je ne crois pas. Ce que je veux savoir dans mon média, c’est ce qui se passe dans ma ville. Mais quand c’est assez, c’est assez », juge-t-il.

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