28 janvier 2021 - 14:57
Plan de développement durable
Une feuille de route pour devenir une technopole verte
Par: Rémi Léonard
La Ville de Saint-Hyacinthe a officiellement adopté le 18 janvier son premier Plan de développement durable. Photothèque | Le Courrier ©

La Ville de Saint-Hyacinthe a officiellement adopté le 18 janvier son premier Plan de développement durable. Photothèque | Le Courrier ©

La Ville de Saint-Hyacinthe dispose maintenant d’un plan bien concret pour mettre le développement durable au cœur de ses actions futures. En élaboration depuis plus de deux ans, la démarche a abouti la semaine dernière lorsque le conseil municipal a adopté un Plan de développement durable (PDD) qui se décline en 23 objectifs distincts menant à un total de 53 actions à poser.

Le travail à accomplir est planifié pour les cinq prochaines années, mais le PDD doit rester pour au moins 20 ans, sa vision étant d’amener Saint-Hyacinthe au statut de « technopole agroalimentaire verte par excellence » d’ici 2040, tout en offrant un « milieu de vie distinctif et accessible à tous ».

Lors de sa présentation le 19 janvier, le maire Claude Corbeil a ainsi parlé « d’un pas réel et assumé vers notre engagement à relever les défis d’aujourd’hui et de demain face aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques ». Il s’agit effectivement des trois sphères du développement durable, même si le terme est surtout utilisé pour sa connotation environnementale. Le maire a également rappelé que le document s’est défini entre autres en faisant appel à la participation citoyenne et à l’accompagnement de l’organisme Nature-Action Québec au cours du processus.

Sans cacher que la démarche s’est avérée « longue et laborieuse », le conseiller David Bousquet s’est réjoui de l’aboutissement d’un tel chantier après de « nombreux débats et échanges » qui auront permis d’arriver à un consensus et, surtout, à faire des choix quant aux actions à prioriser.

À travers « nos bons coups et aussi nos mauvais », le fait demeure que « Saint-Hyacinthe n’aura jamais autant bougé » dans les dernières années en environnement, a déclaré celui qui a présidé le comité de pilotage du PDD. Le conseil avait effectivement été sollicité à quelques reprises pour agir devant l’urgence climatique.

« Nous avons maintenant un plan pour garder le cap », a affirmé le conseiller Bousquet, qui décrit le PDD comme « ambitieux et réellement adapté à la communauté maskoutaine ». MM. Bousquet et Corbeil ont tous deux indiqué qu’ils espéraient maintenant que ce plan « saura rallier et mobiliser la population maskoutaine ».

Quelques exemples

Mais que contient ce PDD au juste? Sans en faire l’inventaire complet, citons quelques exemples d’initiatives déjà en place qui pourront se poursuivre, notamment le projet d’agriculture urbaine piloté chaque année par le Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain; la préservation des milieux naturels existants comme le Boisé des Douze, la Métairie ou le parc Les Salines; la tenue dès 2022 d’une « activité annuelle mettant la rivière en valeur », ce qui laisse présager le retour de la Journée de la rivière sous une nouvelle forme; ou bien l’installation progressive de nouvelles bornes de recharge pour les véhicules électriques chaque année à travers la Ville.

D’autres projets qu’on voyait déjà poindre à l’horizon se voient cités explicitement, qu’on pense à la relocalisation de l’écocentre, prévue pour 2023, qui permettra d’augmenter les heures d’ouverture et l’achalandage. On apprend toutefois que l’emplacement libéré par ce projet pourrait devenir une nouvelle plateforme régionale de compostage. Il s’agirait d’un gain puisque le contenu des bacs bruns des MRC d’Acton et des Maskoutains doit présentement être transporté et valorisé en dehors de la région puisque l’ambition de traiter ces matières organiques à l’usine de biométhanisation municipale doit malheureusement être oubliée.

Autre projet dans la mire de la Ville de Saint-Hyacinthe : la planification d’une gare intermodale au centre-ville dans une perspective de favoriser des modes de transport alternatifs à l’automobile. À ce chapitre, le plan de mobilité active et durable est également attendu pour 2024. On indique aussi vouloir revenir avec l’aménagement d’un « espace piétonnier au centre-ville », tout en soulignant qu’il faudra l’implanter « en collaboration avec les représentants du milieu ». Le conseil a déjà écarté cette option pour 2021, mais le PDD indique que la Ville compte se reprendre d’ici 2025.

Autre projet d’envergure, le réaménagement de la promenade Gérard-Côté se retrouve également dans ce PDD puisque sa réalisation permettra d’améliorer l’accès à la rivière pour les citoyens. Pour la même raison, on veut également relocaliser une descente de bateau à moteur.

Et encore des exemples…

En vrac, la Ville souhaite aussi faire respecter les bandes riveraines en zones urbaines, restreindre l’usage des pesticides sur les terrains municipaux loués à des fins agricoles, relier Saint-Hyacinthe au reste du réseau cyclable régional, adopter des mesures écoresponsables dans les événements organisés ou soutenus par la Ville et accroître la canopée afin de lutter contre les îlots de chaleur. On promet également de mettre en place un nouveau canal de communication destiné aux jeunes et de consulter les citoyens « en amont » sur chaque projet « d’envergure » qui se réalisera à Saint-Hyacinthe.

D’autres mesures doivent encore être peaufinées avant d’être déployées. On « évalue » ainsi la possibilité « d’encadrer l’utilisation des sacs en plastique à usage unique » sur le territoire, tout comme la conversion des autobus municipaux vers l’électrique ou le gaz naturel, dans un souci de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La Ville compte aussi revenir avec de nouveaux programmes de subvention pour les produits de consommation écologiques. Assistera-t-on au retour de la subvention pour les couches lavables, supprimée en 2019?

Fonds vert maskoutain

Pour financer la réalisation de toutes ces actions, la Ville compte mettre en place un fonds vert grâce à l’implantation de mesures d’écofiscalité à partir du budget 2023. Définir « le niveau de ressources qu’on souhaite collectivement allouer » à la réalisation de ce plan sera d’ailleurs le premier engagement qui va s’imposer « et peut-être le plus important », a d’ailleurs souligné le conseiller David Bousquet, qui a aussi glissé qu’il pourrait s’agir d’un « bon sujet de débat en campagne électorale ».

La version complète du PDD se retrouve sur le site web de la Ville. Toutes les actions mentionnées sont échelonnées sur les cinq prochaines années et un bilan public annuel devra être réalisé afin de rendre compte de l’avancement du PDD, qui pourrait régulièrement être mis à jour.

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