14 décembre 2017 - 00:00
Remplacer les briques du Marché
Une intervention injustifiée, dit Action patrimoine
Par: Benoit Lapierre
Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action patrimoine, au cours d’une présentation qu’elle a faite le 1er novembre au Sommet national du patrimoine bâti du Québec, tenu au Parc olympique de Montréal.  Photo courtoisie d’Action patrimoine

Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action patrimoine, au cours d’une présentation qu’elle a faite le 1er novembre au Sommet national du patrimoine bâti du Québec, tenu au Parc olympique de Montréal. Photo courtoisie d’Action patrimoine

Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action patrimoine, au cours d’une présentation qu’elle a faite le 1er novembre au Sommet national du patrimoine bâti du Québec, tenu au Parc olympique de Montréal.  Photo courtoisie d’Action patrimoine

Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action patrimoine, au cours d’une présentation qu’elle a faite le 1er novembre au Sommet national du patrimoine bâti du Québec, tenu au Parc olympique de Montréal. Photo courtoisie d’Action patrimoine

Benoit Lapierre | Le Courrier

Benoit Lapierre | Le Courrier

Tant qu’elle n’aura pas démontré noir sur blanc que le parement de son vieux Marché public doit absolument être remplacé, la Ville de Saint-Hyacinthe ne devrait pas toucher à une seule brique du bâtiment patrimonial datant de 1876-1877.


Tel est l’avis qu’a exprimé dans ce dossier Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action patrimoine, un organisme privé qui s’est donné pour mission il y a 45 ans de mettre en valeur et de faire connaître le patrimoine bâti et les paysages culturels du Québec.
Elle estime qu’actuellement, rien ne justifie une intervention aussi radicale que l’enlèvement des briques originales et leur remplacement par une brique neuve imitant l’ancien matériau. C’est pourtant ce que la Ville entend faire au printemps, en même temps que le remplacement du recouvrement de la toiture, dans le cadre du projet de réhabilitation de 6 M$.
« Pas besoin d’être un expert pour savoir qu’il est très important de conserver les matériaux d’origine si l’on veut préserver l’authenticité d’un bâtiment ancien. Dans toutes les interventions, on doit toujours tenter de conserver le plus haut niveau d’authenticité possible. Si on dit que pour y arriver, il faut intervenir aux cinq ans, ce n’est quand même pas la fin du monde », plaide Mme Vézina-Doré.
Mauvaise réputation
Elle croit que le projet du Marché public pourrait s’avérer une excellente occasion pour la Ville de Saint-Hyacinthe de se reconstruire une réputation en matière de conservation du patrimoine bâti. Elle affirme que la Ville a perdu bien des plumes à ce chapitre en donnant son aval, à l’été 2015, à la démolition de la plus ancienne manufacture de la ville, la E.T. Corset, qui datait de 1882. « Je peux vous dire que depuis la E.T. Corset, Saint-Hyacinthe n’est pas perçue au Québec comme un exemple à suivre en patrimoine. Dans ce dossier, nous avions écrit à tous les élus, mais nous n’avons reçu aucune réponse, même pas un accusé de réception. Si la Ville veut revenir à des pratiques exemplaires en patrimoine, elle doit se montrer transparente, mettre en place un mécanisme de diffusion automatique des études. Que tout le parement de brique soit à remplacer, cela se peut, mais pour que tout le monde en soit convaincu, il faut avoir accès aux recommandations des experts consultés sur la question. »
Émilie Vézina-Doré ajoute que la restauration du mur extérieur du Marché irait tout à fait dans le sens du développement durable. « Un matériau ancien encore bon ne finirait pas au site d’enfouissement et ça n’obligerait pas l’achat d’un matériau neuf avec l’argent des contribuables, à qui ce bâtiment appartient. Il existe au Québec des exemples impressionnants de restaurations d’édifices qui étaient en très mauvais état; la décision dépend toujours de la volonté du propriétaire. Il faut une redéfinition de ce que signifie la richesse collective : si on reconnaît qu’un bâtiment a de l’histoire et une grande valeur pour la communauté, ce bâtiment devrait être entretenu à la hauteur de la valeur patrimoniale qu’on lui accorde », conclut-elle.
Dans une requête expédiée le 4 décembre, LE COURRIER a demandé à la Ville de Saint-Hyacinthe de lui fournir l’ensemble des opinions et rapports émis par les experts qu’elle a consultés dans le dossier. La Ville s’est engagée à répondre à cette demande d’ici le 5 janvier, ce qui, toutefois, va au-delà du délai de 20 jours fixé par la Loi d’accès à l’information. Le journal en a fait la remarque à Me Hélène Beauchesne, responsable de l’accès aux documents à la ViIle. Elle a expliqué que son service, à l’approche des Fêtes, avait toujours tenu compte des jours fériés en pareil cas. La Loi autorise un organisme public à recourir à un délai additionnel n’excédant pas 10 jours s’il juge que le traitement de la requête peut perturber le fonctionnement normal du service concerné. Cependant, le requérant doit en être avisé. 

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