Ce n’est pas d’hier que les politiciens et les « forces de l’ordre » en général nourrissent – secrètement ou non – le désir de mettre les journalistes au pas en contrôlant notamment leurs sources.

Cette fois, le système attaque de front ce qui, jusqu’à maintenant, est considéré comme un des piliers de la démocratie.Bien sûr, le premier ministre Charest, tout en gardant une certaine distance, a déclaré du bout des lèvres qu’il n’était pas question d’utiliser la panoplie des moyens technologiques pour traquer les journalistes… et leurs sources.En agissant de la sorte, il ferme les yeux – et l’expression est faible – sur ce qui pourrait se passer dans la foulée de la démarche d’un haut fonctionnaire qui, jusqu’à preuve du contraire et à plus forte raison quand un sujet aussi explosif est mis en cause, reste sous son autorité.Pour certains, l’opération enclenchée vise « le mauvais canard » puisque la vérité recherchée se trouve au sein même du Service de police de Montréal.Et que par conséquent, il ne serait pas d’une grande utilité de chercher à savoir qui parle à qui, maintenant et dans l’avenir, pour espérer trouver ailleurs cette vérité.Malheureusement, cette mise en garde semble insuffisante dans le contexte actuel; compte tenu du travail de journalistes qui ont mis à jour bien des situations conflictuelles et même scandaleuses.L’occasion est belle, la tentation grande, pour ne pas caresser une hypothétique possibilité de tarir les fuites en surveillant les journalistes.Il faut être très clair et dire à monsieur Charest, ainsi qu’à tous ses subalternes, qu’on s’expose à franchir une ligne mince qui pourrait lui faire perdre toute crédibilité.Le seul fait de lui rappeler un tel enjeu est inquiétant en soi; il semble qu’il n’y a rien d’acquis de façon définitive!-30-