21 juin 2012 - 00:00
Première nord-américaine en chirurgie cardiaque
Une Maskoutaine toute neuve
Par: Le Courrier
Madeleine Lacombe reprend sa vie active après avoir bénéficié d'une nouvelle procédure chirurgicale.

Madeleine Lacombe reprend sa vie active après avoir bénéficié d'une nouvelle procédure chirurgicale.

Madeleine Lacombe reprend sa vie active après avoir bénéficié d'une nouvelle procédure chirurgicale.

Madeleine Lacombe reprend sa vie active après avoir bénéficié d'une nouvelle procédure chirurgicale.

À 80 ans, Madeleine Lacombe est une nouvelle femme. C’est du moins le sentiment qui l’habite depuis qu’elle a retrouvé tout son dynamisme après avoir subi une chirurgie cardiaque pratiquée pour la toute première fois en Amérique du Nord.

Cette grande première a été réalisée le 1 er mai par l’équipe de chirurgie de l’Institut de Cardiologie de Montréal, menée par les docteurs Denis Bouchard et Michel Carrier. L’opération consistait à installer une valve aortique sans suture par une incision au thorax d’à peine cinq centimètres.

La principale intéressée a vraiment su ce qui venait de lui arriver qu’après l’intervention. « Le Dr Denis Bouchard m’a demandé de prendre une photo avec moi parce que j’étais la première en Amérique du Nord a subir cette chirurgie. Sur le coup, j’ai été saisie! Il me l’avait certainement dit avant, mais avec l’énervement je n’avais pas réalisé l’importance de ce moment », raconte Mme Lacombe, en pleine forme.Cette enseignante à la retraite retrouve aujourd’hui toute l’énergie qu’elle avait perdue aux mains de la maladie au cours des derniers mois. Elle ne jouera pas au golf chaque semaine comme les étés précédents, « mais c’est parce que je ne trouve pas d’autres femmes de 80 ans qui jouent comme moi ! », lance-t-elle en riant. Qu’à cela ne tienne, elle multiplie les dîners avec ses soeurs et les activités avec ses petits-enfants. Pourtant, avant l’opération, Mme Lacombe souffrait d’enflure et d’essoufflement, en plus de ressentir une grande fatigue : une condition difficile à supporter quand on mène une vie active. « Sans opération, on me donnait deux ans à vivre, tout au plus », note-t-elle le ton grave en se rappelant les jours plus ombres.La mordue de golf était atteinte d’une sténose aortique sévère, c’est-à-dire que la valve aortique de son coeur s’était durcie au point de ne plus permettre au sang de circuler normalement. Grâce à la réunion de deux protocoles éprouvés par les médecins, Mme Lacombe était déjà de retour sur pieds quelques jours à peine après l’intervention. « Nous avions souvent pratiqué l’installation de valve aortique sans suture et des chirurgies minimalement invasives, explique le Dr Bouchard. C’est la combinaison des deux qui constitue la grande première. »L’opération visait à remplacer la valve aortique par une valve qui s’ouvre comme un parapluie et se fixe spontanément aux parois de l’aorte grâce à ses propriétés élastiques. Aucun point de suture n’est donc nécessaire. Par ailleurs, comme la valve est introduite par une ouverture d’à peine cinq centimètres grâce à de longs instruments, la chirurgie ne dure qu’une heure trente, soit deux fois moins de temps qu’une opération à coeur ouvert conventionnelle. Elle évite au patient qu’on lui ouvre le thorax sur 30 cm et qu’on coupe ses os pour avoir accès au coeur.Se faisant, les risques de complications postopératoires et la période de convalescence sont considérablement réduits. La chirurgie constitue ainsi un bel avancement dans un contexte de vieillissement de la population, puisque 3 % des Québécois âgés de plus de 75 ans sont atteints d’une sténose aortique sévère.« Les personnes âgées ont souvent peur du spectre de la chirurgie, au point de cacher leur condition, ce qui retarde le traitement, a souligné Dr Bouchard. Mais les avancées technologiques permettent désormais des solutions moins éprouvantes qu’auparavant. Même des patients à risque accru comme les personnes âgées retrouveront leur mobilité trois fois plus vite avec cette nouvelle procédure. »Mme Lacombe peut désormais en témoigner, comme une trentaine d’autres patients pourront aussi le faire au cours de la prochaine année. « Quand j’attendais l’appel de l’hôpital pour fixer le moment de la chirurgie, j’avais peur de répondre au téléphone. Je redoutais ce moment. Mais aujourd’hui je veux dire à ceux qui ont peur qu’il faut avoir confiance. Je suis une femme neuve. On m’a donné un nouveau souffle. »Et un nouveau souffle, quand on s’appelle Madeleine Lacombe, c’est comme avoir le vent dans les voiles.

image