16 juillet 2020 - 14:03
Port du masque
Une mesure dangereuse, selon un microbiologiste
Par: Olivier Dénommée
Le microbiologiste maskoutain Antoine Khoury croit que le gouvernement fait une grave erreur en rendant le port du masque obligatoire dans les lieux publics fermés à compter de samedi. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le microbiologiste maskoutain Antoine Khoury croit que le gouvernement fait une grave erreur en rendant le port du masque obligatoire dans les lieux publics fermés à compter de samedi. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Après des semaines de tergiversations au sujet du port du masque, le gouvernement du Québec a officiellement annoncé lundi qu’il serait obligatoire d’en porter un dans tous les lieux publics fermés à compter de ce samedi et que les contrevenants feraient face à des amendes allant de 400 $ à 6000 $. Si plusieurs se demandaient pourquoi cette obligation n’avait pas été décrétée plus tôt, d’autres sont loin de s’en réjouir, décriant des mesures « exagérées », voire carrément « dangereuses ».

C’est le cas du microbiologiste Antoine Khoury, président-directeur général de l’entreprise Vacci-Vet à Saint-Hyacinthe. D’abord formé à la médecine dans son Égypte natale, il a ensuite étudié la microbiologie à l’Université de Montréal et s’est plus tard spécialisé dans le domaine vétérinaire. Mais depuis le début de la crise du coronavirus, il se questionne sur les décisions prises par le gouvernement et la santé publique, en particulier la question du port du masque, qui cause selon lui plus de tort que de bien.

« Les masques qui sont sur le marché ne font rien pour protéger les gens du virus : ils ne sont pas stériles contrairement à ceux qu’on retrouve dans les hôpitaux et il ne faut pas les porter plus de 15 ou 20 minutes, sinon ils vont se transformer en incubateurs à bactéries. Et c’est encore pire pour les masques en tissus, de véritables ramassis de bactéries parce qu’ils sont poreux », estime M. Khoury.

Selon lui, le fait d’avoir une barrière collée près de la bouche et du nez permet aux bactéries inoffensives qui se trouvent dans notre organisme de proliférer à l’aide du niveau d’humidité, leur permettant de devenir dans certains cas des pathogènes menant à des infections sérieuses ou des maladies chroniques. « Ça se voit déjà à plusieurs endroits : des gens s’absentent du travail à cause des problèmes de santé dont le masque est responsable. Non seulement il ne les protège pas, mais il les a rendus malades. » Selon lui, les symptômes du port du masque sont tous les mêmes : mal de tête, nausée et difficulté à respirer.

Il ajoute que le lavage des masques réutilisables serait aussi loin d’éliminer toutes les bactéries. Ainsi, le seul contexte où il voit une utilité au masque serait dans les transports en commun, à condition que celui-ci soit jeté à la fin du trajet.

C’est pourquoi M. Khoury se dit farouchement contre cette tendance à imposer le masque partout. « La COVID-19 est comme l’influenza, mais en plus virulente. La meilleure façon de combattre cette maladie est d’avoir un système immunitaire fort, donc la clé est d’éviter de l’affaiblir en portant un masque qui obstrue la respiration et qui aide les bactéries à se multiplier », estime-t-il, assurant qu’il cessera de fréquenter tous les lieux qui imposent le port du masque à compter de samedi jusqu’à ce que la donne change.

D’autres décisions discutables

De l’avis de ce microbiologiste, aucune des décisions dans le dossier de la COVID-19 prises par François Legault et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, n’a été bénéfique pour la population. Cela inclut l’incitation au lavage des mains fréquent – qui dénaturerait la barrière naturelle de l’épiderme, la rendant plus vulnérable – et la distanciation sociale de 2 m – qui ne protège pas de grand-chose selon lui. Il s’avoue aussi sceptique quant au vaccin à venir, qui risque déjà d’être désuet puisque le virus a vraisemblablement commencé à muter. « Ce sont des décisions prises par la politique et par la peur, pas par la science », décrie Antoine Khoury.

Et pourtant, même s’il dénonce les directives gouvernementales, qu’il juge mal avisées, il se tient loin des mouvements conspirationnistes qui espèrent le convaincre de se joindre à leur cause. « Tout ce qui m’intéresse, c’est d’informer les gens pour qu’ils sachent pourquoi ils portent un masque. » Il espère que le gouvernement fera vite marche arrière sur l’obligation de porter le masque dans les lieux publics, une mesure qui, craint-il, fera autant de mal à l’économie qu’à la santé des Québécois si elle devient la nouvelle « norme sociale ».

D’autres avis sur la question

Notre entretien avec le microbiologiste Antoine Khoury a révélé que ses observations allaient complètement à contre-courant de ce qui est véhiculé par les autorités québécoises concernant la question du masque pour se protéger de la COVID-19. LE COURRIER s’est intéressé à d’autres avis sur la question du masque, de son efficacité et de ses risques.

Notons d’entrée de jeu que, jusqu’au 5 juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne recommandait pas le port du masque. Sa position a depuis changé grâce aux conclusions de nouvelles études et elle offre maintenant des directives sur la façon de porter le masque de façon efficace et sécuritaire. Au Canada, on le recommande, mais seulement lorsque la distance de 2 m est impossible à maintenir dans les lieux publics achalandés. Le Québec est actuellement la seule province canadienne à imposer le masque.

L’avis des spécialistes de la santé a aussi évolué avec le temps et la majorité d’entre eux semblent être d’accord pour dire que le masque peut aider dans une certaine mesure à éviter la propagation du coronavirus. L’urgentologue Dr Alain Vadeboncoeur s’est fait entendre à plusieurs reprises en faveur du port généralisé du masque.

Il s’attaque aussi à différents mythes entourant le masque et a publié, le 7 juillet, une chronique dans L’actualité où il a réalisé l’expérience de tester sa saturation en oxygène sans masque, avec différents masques et même avec plusieurs couches. Sa conclusion est sans équivoque : même avec quatre masques (dont un N95), une visière, une jaquette d’hôpital et un drap sur la tête, il n’a subi aucune hypoxie (manque d’oxygène). Son expérience a été largement relayée depuis.

Un symbole?

LE COURRIER s’est aussi entretenu avec Dr Bernard Massie, microbiologiste à la retraite qui a notamment œuvré comme gestionnaire principal du secteur thérapeutique en santé humaine au Conseil national de recherches du Canada, pour obtenir son avis sur certaines affirmations d’Antoine Khoury.

Sur la question de l’utilité du masque, il reconnaît que la littérature scientifique est loin d’être unanime. « Depuis le début de la crise, on entend des messages contradictoires sur le masque et il faut dire que, scientifiquement, ce n’est pas prouvé que ça marche ou que ça ne marche pas. Alors, le gouvernement ne prend pas de chance de rendre le masque obligatoire, mais c’est plus un symbole qu’une mesure efficace validée par la science », commente-t-il. Toutefois, il doute que les masques aient véritablement l’effet d’un « incubateur à bactéries » comme le prétend Antoine Khoury. « Après tout, ce sont des micro-organismes qui sont déjà en nous. »

Dr Massie s’est intéressé à une revue des études sur la question du masque compilée et commentée par le physicien ontarien Denis Rancourt, carrément intitulée « Les masques ne fonctionnent pas » (Masks don’t work). Initialement publié en avril 2020 sur le site de Research Gate, le texte a été retiré au début juin. Or, ses conclusions se rapprochent sur plusieurs points de celles que fait Antoine Khoury aujourd’hui, posant aussi la question des dangers des bactéries qui peuvent se développer à l’intérieur des masques, mais sans fournir une réponse.

Un autre scientifique s’est aussi questionné sur le port du masque généralisé. Le 11 juillet, le professeur de physique Normand Mousseau s’est fait entendre en dénonçant la politique du port du masque dans le texte d’opinion « Masques obligatoires, science optionnelle » sur La Presse +.

Cette sortie, comme toutes les autres allant à contre-courant, a été vivement critiquée. Si le consensus scientifique semble aujourd’hui tendre vers les bienfaits de porter un masque pour protéger les autres, il reste bel et bien des moutons noirs qui, loin des théories du complot et de la défense de leur « liberté » de ne pas en porter, défendent un point de vue loin de plaire aux autorités québécoises.

LE COURRIER a tenté, mardi, d’obtenir l’opinion de la santé publique sur ces points de vue divergents, mais celle-ci n’était pas en mesure de nous mettre en contact avec un expert sur la question avant notre heure de tombée. Chantal Vallée, agente d’information à la Direction de santé publique de la Montérégie, assure toutefois que, pour l’ensemble des spécialistes du réseau de la santé, « le port du masque offre un avantage » évident pour combattre la COVID-19, surtout lorsque cette mesure est combinée à d’autres comme la distanciation physique et le lavage des mains.

Une entrevue avec un expert affilié à l’Institut national de santé publique du Québec pourra avoir lieu dans les prochains jours, nous a assuré Mme Vallée.

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