12 septembre 2019 - 14:54
Œuvre d’art au centre de congrès
Une occasion ratée
Par: Martin Bourassa
Avant que l’automne arrive et que s’installe la campagne électorale fédérale, permettez que je revienne sur une nouvelle culturelle qui a attiré mon attention, et aussi un peu ma déception, au cours de l’été. Cela vous a peut-être échappé, mais on connaît maintenant l’identité de l’artiste - et l’allure générale de l’œuvre d’art - qui aura comme mission d’apporter sa signature et sa couleur au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe. Le comité de sélection a retenu la proposition de l’artiste montréalais Guy Laramée, sculpteur de livres-sculptures. Il recevra 187 409 $ pour concevoir la Maison des vents, une œuvre visant à souligner la contribution du facteur d’orgues Casavant Frères, qui célèbre ses 140 ans cette année.

L’esquisse présentée laisse entrevoir quelque chose de très bien, rien à redire là-dessus. Ni sur la facture comme telle puisque consacrer moins de 200 000 $ pour donner une âme à un centre de congrès de 38,5 M$, c’est loin d’être excessif, dans mon livre en tout cas. Ma déception alors? Sachez que je n’ai absolument rien contre Guy Laramée. C’est sûrement une bonne personne et un artiste de grand talent. Je suis convaincu que le comité de sélection a fait le meilleur choix, selon les critères établis localement.

Je constate seulement que nous avons raté une belle occasion de mettre en valeur le talent local, de contribuer à donner une vitrine de choix aux artistes de la place et de la région maskoutaine. N’ayons pas peur des mots ou des noms. J’aurais aimé qu’un artiste comme Claude Millette, Victor Varacalli, qu’un collectif d’artistes locaux et régionaux ou même que des finissants du programme d’arts visuels du cégep de Saint-Hyacinthe aient l’opportunité de soumettre leur propre vision des choses.

Juste pour voir.

D’autant plus qu’à ma connaissance, la Ville de Saint-Hyacinthe avait toute la latitude nécessaire pour orienter le choix de l’artiste. Puisqu’elle n’a pas touché un sou de subvention publique pour construire son centre de congrès, elle n’était pas soumise à la fameuse Politique du 1 % en matière d’art public et à ses exigences.

Elle a toutefois décidé de faire comme si, et de se plier essentiellement aux règles dictées par la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics, une mesure gouvernementale qui stipule qu’environ 1 % du budget total de la construction d’un édifice ou d’un site public doit être consacré à l’intégration d’une œuvre d’art.

Avec le résultat que l’on connaît.

Quatre artistes ont été sollicités dans le cadre du projet maskoutain et trois ont déposé une maquette. Aucun Maskoutain dans le lot. Zéro, point barre.

Et à ceux et à celles qui prétendent que nos artistes n’auraient jamais la chance de rayonner ailleurs si tout le monde se bornait à favoriser des artistes locaux, sachez qu’il n’est pas possible de le faire, du moins de façon flagrante, quand les projets se qualifient en fonction du 1 %. Pour le centre de congrès, nous aurions pu regarder dans notre cour avant. Nous ne l’avons pas fait.
C’est une occasion ratée.

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