19 novembre 2020 - 14:29
Décès de Mme Huguette Corbeil
Une pionnière qui a laissé sa marque
Par: Martin Bourassa

Le décès de l’ancienne conseillère municipale Huguette Corbeil, à l’âge de 77 ans, est l’occasion de souligner sa contribution exceptionnelle au développement de sa communauté. Photothèque | Le Courrier ©

Le décès de l’ancienne conseillère municipale Huguette Corbeil, à l’âge de 77 ans, est l’occasion de souligner sa contribution exceptionnelle au développement de sa communauté. Photothèque | Le Courrier ©

Une pionnière de la politique municipale maskoutaine s’est éteinte lundi matin à Saint-Hyacinthe. Huguette Corbeil est décédée à l’âge de 77 ans à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe où elle séjournait depuis une semaine à la suite d’un test positif à la COVID-19.

Mme Corbeil résidait depuis environ un an au Centre d’hébergement Andrée-Perrault, elle qui souffrait depuis quelques années déjà d’atrophie multisystématisée (AMS), une maladie neurodégénérative sporadique qui l’avait contrainte à réduire ses activités.

C’est son conjoint des 37 dernières années, Pierre Solis, qui a confirmé la nouvelle du décès de sa grande complice au Courrier de Saint-Hyacinthe. « Ma belle Huguette est partie… »

Avec générosité, il a accepté de partager ses souvenirs, en revenant sur les réalisations de cette « femme extraordinaire qui a toujours été fière de sa ville et des Maskoutains ».

Huguette Corbeil aura en effet représenté les Maskoutains avec classe, elle qui était devenue la toute première femme à se faire élire au conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe en 1980. Elle n’avait que 37 ans et avait été élue par acclamation, après avoir travaillé comme secrétaire auprès d’assureurs, d’avocats et de juges et s’être entre autres impliquée à l’association libérale fédérale du comté auprès de Marcel Ostiguy.

C’est durant son premier mandat à l’hôtel de ville que sa relation avec Pierre Solis, aussi conseiller municipal à cette époque, se développera. « Je la connaissais bien avant ça, depuis que j’étais p’tit gars, mais je suis tombé sous son charme à force de la côtoyer. Elle était belle, bonne, généreuse, vive d’esprit et très dévouée. Elle n’a jamais refusé de s’associer à une cause juste ou d’offrir son temps. Elle était impliquée, accessible, à l’écoute et humaine. C’est l’image que je voudrais que les gens conservent d’elle. »

Au terme de son premier mandat, Huguette Corbeil ne s’était pas représentée à l’élection de novembre 1984. Il faudra d’ailleurs attendre 12 ans avant que d’autres femmes soient élues au conseil municipal de Saint-Hyacinthe et Mme Corbeil sera de la partie en novembre 1996, en compagnie de Johanne Delage, Sylvie Adam et Nicole Dion Audette.

Femme de culture

Mme Corbeil se fera remarquer pendant les années qui suivirent par ses interventions touchant notamment les dossiers de patrimoine, d’urbanisme et de culture, et tout particulièrement dans le débat entourant la construction d’une salle de spectacles au centre-ville. « Elle y croyait à cette salle et elle a tout fait pour qu’elle devienne réalité », résume Pierre Solis en soulignant l’apport considérable de sa conjointe à la campagne de financement qui a permis d’amasser 2,4 M$ dans le milieu maskoutain.

Pour la petite histoire, on raconte que c’est Mme Corbeil qui a convaincu le maire Claude Bernier d’approcher André H. Gagnon pour lui offrir la présidence de la collecte de fonds, au début des années 2000. « C’était une façon de rapprocher le Nord et le centre-ville puisque M. Gagnon était un commerçant apprécié et identifié au secteur des Galeries », se souvient M. Solis en soulignant également les démarches de son épouse pour convaincre la famille Lassonde d’y aller d’un don majeur pour y associer le nom Juliette Lassonde.

Le grand saut vers la mairie

Aux élections de 2009, Huguette Corbeil décidera de tenter le grand coup en se présentant à la mairie. « Elle n’était pas contre le maire Claude Bernier, cela n’a jamais été personnel. Ce n’était pas son genre et elle n’a pas livré une campagne négative, au contraire. Elle voulait simplement offrir autre chose aux Maskoutains », fait remarquer M. Solis.

Son slogan électoral « C’est l’heure du changement, réalisons ensemble la ville de demain » ne lui permettra pas de détrôner M. Bernier, au terme d’une course à trois à la mairie qui aura divisé le vote et permis au maire sortant de se maintenir pour un ultime mandat.

« Huguette a été déçue, mais n’est pas restée amère, ajoute M. Solis. Elle est passée rapidement à autre chose, sans jamais cesser de s’impliquer comme elle l’avait toujours fait. »

En plus de présider plusieurs campagnes de financement et de s’associer à diverses causes dont les Mardis de filles de la Société canadienne du cancer, Huguette Corbeil acceptera l’invitation de devenir chroniqueuse invitée au Courrier de Saint-Hyacinthe en septembre 2010. Elle signera mensuellement la Carte blanche pendant environ deux ans, en plus de siéger brièvement au conseil d’administration du Réseau Richelieu-Yamaska.

C’est en avril 2012 que la maladie s’est malheureusement incrustée dans sa vie, la forçant à réduire progressivement ses implications et à se retirer de la vie publique.

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