26 novembre 2015 - 00:00
Une souris de 45 M$
Par: Martin Bourassa

Poète à ses heures, l’éditeur du COURRIER a magnifiquement résumé le rapport de la ­Commission Charbonneau : « la montagne a accouché d’une souris ». Difficile encore une fois de contredire le patron.

On attendait beaucoup de cette ­commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans ­l’industrie de la construction. On ­espérait qu’elle déterre de juteux ­scandales, révèle des stratagèmes et démasque des filous.À l’heure du bilan, force est de constater que les têtes n’ont pas roulé et que les colonnes politiques et du crime organisé n’ont pas été ébranlées outre mesure.Quelques fonctionnaires municipaux, provinciaux et des entrepreneurs ont révélé avoir donné ou accepté des pots-de-vins ou des cadeaux, d’autres ont confié avoir organisé des appels d’offres et pratiqué la collusion à grande échelle.

À l’heure du bilan, force est de constater que les têtes n’ont pas roulé et que les colonnes politiques et du crime organisé n’ont pas été ébranlées outre mesure.

Quelques fonctionnaires municipaux, provinciaux et des entrepreneurs ont révélé avoir donné ou accepté des pots-de-vins ou des cadeaux, d’autres ont confié avoir organisé des appels d’offres et pratiqué la collusion à grande échelle.

Au bout du compte, la Commission Charbonneau a donc accouché d’un ­rapport de 1700 pages, de 60 recommandations, mais de 0 blâme ou remontrance. On est à des années-lumière de la vague de blâmes annoncée par certains médias. Ces 60 recommandations, c’est ce qui reste après quatre ans d’enquête et des dépenses publiques de 44,8 M$. Ajoutez à cela une certaine amertume.Car pire qu’un bilan mitigé, il ressort surtout une conclusion pour le moins ­foireuse, à savoir une réelle mésentente entre la présidente de la Commission, France Charbonneau, et le commissaire Renaud Lachance. Ils n’ont même pas réussi à s’entendre entre eux sur les conclusions! Que certains se pressent pour discréditer le rapport dès sa sortie est une chose, mais que les arguments pour le faire leurs soient servis de l’intérieur par ses principaux auteurs dépasse l’entendement. Si le Québec a bel et bien un « véritable problème » de corruption « beaucoup plus étendu et enraciné qu’on pourrait le penser, selon ce que constate la juge Charbonneau, on se demande pourquoi elle n’a pu en convaincre son acolyte. M. Lachance s’est dissocié d’une partie du rapport et de la thèse voulant qu’il y ait un lien indirect entre le versement de contributions politiques et l’octroi de contrats au niveau provincial. Une conclusion qui ne résiste pas aux faits évoqués devant la Commission, ­selon M. Lachance. Ce dernier commentaire fera certainement l’affaire du ­gouvernement libéral à Québec, qui s’est empressé, évidemment, de dire qu’il donnera suite aux recommandations de la Commission. Comme de raison.Parmi ces recommandations, on ­apprécie particulièrement l’idée de doter le Québec d’une Autorité des ­marchés ­publics pour assurer la bonne gestion des contrats publics et la volonté de ­resserrer les règles ­d’octroi de contrats applicables aux ­sociétés paramunicipales et aux organismes à but non ­lucratif. Mais pour le reste, on se dit que cette commission d’enquête n’aura pas réglé grand-chose au final.Ce n’est pas demain la veille que l’Unité permanente anticorruption pourra être dissoute et que les journalistes d’enquête seront au chômage.

Ces 60 recommandations, c’est ce qui reste après quatre ans d’enquête et des dépenses publiques de 44,8 M$. Ajoutez à cela une certaine amertume.

Car pire qu’un bilan mitigé, il ressort surtout une conclusion pour le moins ­foireuse, à savoir une réelle mésentente entre la présidente de la Commission, France Charbonneau, et le commissaire Renaud Lachance. Ils n’ont même pas réussi à s’entendre entre eux sur les conclusions! Que certains se pressent pour discréditer le rapport dès sa sortie est une chose, mais que les arguments pour le faire leurs soient servis de l’intérieur par ses principaux auteurs dépasse l’entendement.

Si le Québec a bel et bien un « véritable problème » de corruption « beaucoup plus étendu et enraciné qu’on pourrait le penser, selon ce que constate la juge Charbonneau, on se demande pourquoi elle n’a pu en convaincre son acolyte. M. Lachance s’est dissocié d’une partie du rapport et de la thèse voulant qu’il y ait un lien indirect entre le versement de contributions politiques et l’octroi de contrats au niveau provincial. Une conclusion qui ne résiste pas aux faits évoqués devant la Commission, ­selon M. Lachance. Ce dernier commentaire fera certainement l’affaire du ­gouvernement libéral à Québec, qui s’est empressé, évidemment, de dire qu’il donnera suite aux recommandations de la Commission. Comme de raison.

Parmi ces recommandations, on ­apprécie particulièrement l’idée de doter le Québec d’une Autorité des ­marchés ­publics pour assurer la bonne gestion des contrats publics et la volonté de ­resserrer les règles ­d’octroi de contrats applicables aux ­sociétés paramunicipales et aux organismes à but non ­lucratif. Mais pour le reste, on se dit que cette commission d’enquête n’aura pas réglé grand-chose au final.

Ce n’est pas demain la veille que l’Unité permanente anticorruption pourra être dissoute et que les journalistes d’enquête seront au chômage.

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